Aujourd'hui l'attention se porte dans l'Ordre sur ce qui est considéré comme le plus grand défi à relever : le renouveau de la vie contemplative. Dans sa lettre à l'Ordre sur la vie des moniales, le fr. Timothy Radcliffe a commencé par situer la vie contemplative comme caractéristique de l'Ordre. Et depuis le Chapitre général de Providence, on parle de contemplation dans l'Ordre avec une fréquence inusitée. La mystique étant aussi de nouveau à l'honneur, on confond parfois les deux.
Contempler (theorein), je pense que c'est voir la profondeur des êtres et des choses, au-delà des apparences. Contempler comporte un « voir », c'est avoir les yeux qui s'ouvrent sur la profondeur du réel. La contemplation a quelque chose à voir avec la connaissance, elle s'enracine dans notre capacité d'être ouvert aux êtres, d'accueillir ce que disent les choses. La contemplation, c'est accueillir ce qu'elles disent d'elles-mêmes de plus profond.
[...] L'Évangile est regardé par les Pères comme un sacrement. Il est présence du Seigneur ressuscité, il nous rend contemporains des scènes évangéliques. Lorsque nous le lisons, nous pouvons nous aussi voir et entendre le Seigneur de sa naissance à son ascension, comme les apôtres. Ceci est vrai des évangiles, mais aussi de toute l'Écriture, puisque toutes les Écritures annoncent le Christ, parlent de lui. Jésus ressuscité n'est pas dans le passé, il nous est contemporain : c'est lui que nous voyons et entendons lorsque nous lisons l'Évangile. [...]
[...] Être une personne c'est pouvoir être en relation. Cette capacité d'accueillir la présence d'autres êtres est au fondement même de la contemplation. On peut porter son attention sur celui qui connaît, sur le sujet : il est alors distingué de l'objet, qui est présent à l'extérieur de lui-même, mais aussi en lui. Mais s'il n'y avait pas d'objets qui se donnent à connaître, le sujet ne prendrait pas conscience de lui-même. Or le monde contemporain met au premier plan la subjectivité jusqu'à poser que le sujet existe par lui-même, indépendamment de toute relation aux autres, à l'Autre. [...]
[...] L'Esprit est le principe d'unité de la communauté, la source transcendante de la communion. L'unité est ainsi un don de Dieu, qui prend sa source en Lui, au cœur même de la Trinité où l'Esprit unit le Père et le Fils dans une ineffable communion, dans une indivisible charité. L'unité de la communauté a une source transcendante, mais elle est en même temps tension vers Dieu : elle vient de la Trinité et tend vers la Trinité. L'Église ne peut être une sans l'eucharistie, pain de la concorde qui soude son unité, car c'est là que chacun de ses membres reçoit l'Esprit. [...]
[...] Nous sommes aux antipodes des courants dérivés du Nouvel Âge où le spirituel est considéré comme une chose qui est source de bien-être. Il n'est pas question d'une relation source de vie. On cherche une intériorité, mais qui n'est pas une rencontre. C'est une solitude avec soi- même. Il est aussi essentiel de développer tout son potentiel en référence à une image idéale. C'est le contraire même de la démarche des Pères qui brisent cette image pour restaurer l'image de Dieu en nous. La capacité de nouer une saine relation avec les autres est essentielle pour vivre en communauté. [...]
[...] C'est lui qui est la vérité de notre être, et c'est par la contemplation que nous le découvrons. C'est lui aussi qui est à l'œuvre dans le monde. Il est là, présent en toute chose, disant : quitte-toi et ouvre-toi au don que je te fais. Elargis ton cœur à ce que je te propose et qui te déconcerte. C'est moi qui ai mis un tel ou une telle sur ta route, fais pour lui, pour elle, ce que je ne peux faire moi-même ; j'ai besoin de toi pour l'aimer. [...]
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