« Tout le peuple gaulois est extrêmement religieux », constate César dans son De Bello Gallico. En effet, la Gaule nourrit une religion propre, tirée de la mythologie celtique, avec ses propres légendes et ses propres dieux. La proximité de l'empire romain influence cette religion avant même la conquête des provinces gauloises, et certaines divinités latines s'insinuent dans le panthéon indigène. Cependant l'intervention de César va accélérer les choses, et à partir du milieu du Ier siècle avant J.-C. les cultes romains officiels sont imposés. Mais en matière de croyances les traditions s'avèrent tenaces, et la plupart des dieux indigènes ne disparaîtront pas. Certains, comme nous le verrons, conservent leur identité propre, tandis que d'autres sont assimilés par effet de syncrétisme à des divinités romaines, ainsi qu'en témoignent l'iconographie et l'épigraphie. La conquête instaure aussi en Gaule de nouvelles religions venues d'Orient à travers le filtre romain, ainsi que le culte impérial qui était en vigueur dans toutes les provinces de l'empire. On aboutit ainsi à une religion originale, complexe et composite, littéralement gallo-romaine, dont nous allons ici dresser un panorama.
[...] En effet, Mars a sans aucun doute connu un franc succès en Gaule. Reconnu principalement pour ses qualités de divinité de la guerre, menant à la victoire et protégeant la cité, il fut tout naturellement rapproché du dieu gaulois Teutatès qui remplissait sensiblement les mêmes fonctions. Cependant Mars fut également assimilé à de nombreuses divinités locales comme en témoignent les appellations associées à son nom sur les inscriptions. Plus de soixante-dix qualifications ont été ainsi recensées parmi lesquelles on relève l'appellation de Lenus Mars à Trêves, de Mars Camulus dans la région de Reims, ou encore de Mars Mullo, Mullo étant un dieu indigène très en faveur dans l'Ouest. [...]
[...] On recense une soixantaine des ces édifices à travers la Gaule, ce qui témoigne de la sérieuse implantation du culte de Cybèle dans ces provinces. D'une plus large diffusion encore fut le culte de Mithra, divinité perse importée par des soldats auprès desquels le dieu était très populaire, rapport sans doute au système hiérarchique établi par son culte et qui pouvait renvoyer aux échelons militaires. Réservée aux hommes, l'initiation comprenait sept grades, chacun placé sous la protection d'un astre : Corax (Corbeau), Mercure ; Nympheus (Fiancé), Vénus ; Miles (Soldat), Mars ; Leo (Lion), Jupiter ; Perses (Perse), la lune ; Heliodromos (Courrier du soleil) ; le soleil et enfin la dignité la plus élevée, placée sous la protection de Saturne : Pater (Père). [...]
[...] La légende prétend que Mithra tua le taureau symbolisant les forces du mal dans une grotte. Puis au ciel, au cours d'un banquet, il s'allia à Sol, dieu de la lumière. Il commande également aux éléments : la terre, l'eau et l'air. Les archéologues ont ainsi retrouvés plusieurs autels illustrant les différentes étapes de la légende de Mithra. Chaque temple ou mithraeum devait s'apparenter à la grotte sacrée dans laquelle le dieu immola le taureau, aussi la majorité des temples se présentent-ils comme des cryptes ou du moins des lieux excavés, maintenus dans une semi-obscurité. [...]
[...] Cette diversité dans les figurations de Mercure est éloquente. Le dieu a manifestement pris la personnalité de plusieurs divinités indigènes, absorbant des attributions dont il était dépourvu à l'origine. De fait, il est difficile d'assimiler le Mercure gallo-romain à un dieu gaulois en particulier, bien qu'on le voit souvent dépeint sous les traits d'Esus, autre figure fondamentale du panthéon gaulois, et seconde forme de Cernunnos dont on a parlé plus haut. Pour les populations, Mercure s'avérait ainsi inventeur de tous les arts d'où sa fusion également avec la divinité celtique Lug, patron des techniques protecteur des voyages et des routes, dieu des commerçants mais aussi dieu guérisseur près de certaines sources, divinité des sommets et protecteur des Arvernes, ce peuple lui ayant fait édifié une statue colossale, exécutée par le sculpteur grec Zénodore. [...]
[...] Cependant, si ses représentations restent très classiques dans la forme, les populations ne l'en ont pas moins assimilé ou associé à de multiples dieux indigènes. Ainsi le nom d'Apollon se trouve-t-il apposé à ceux de Moritasgus à Alésia, Atepomarus à Mauvières, de Siannus ou de Borvo, mais surtout à ceux de Grannus dans le Nord et l'Est, et de Belenus dans le Sud. Ces divinités disposent le plus souvent de pouvoirs guérisseurs à l'image de Belenus qui, dans la mythologie gauloise, guérit Esus d'une maladie ophtalmique comme l'illustre un relief du pilier de Mavilly. [...]
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