Les Amish sont une des versions les plus originales de communauté religieuse étasunienne. Issus de la Réforme protestante du XVIe siècle, ils sont en fait les descendants directs des Anabaptistes suisses qui, dès 1525, réfutèrent la validité du baptême chez l'enfant, prônèrent le baptême adulte et revendiquèrent le projet de créer une Église séparée de l'Etat. Bien que prônant la non-violence, ils furent très vite considérés comme une grave menace anarchique. Devenus Mennonites puis Amish sous l'impulsion de l'évêque Jacob Amman au XVIIe siècle, ils furent bannis et chassés d'Europe. Entre 1727 et 1770, une première vague d'immigrants amish et mennonites s'installa de l'autre côté de l'Atlantique, dans les régions de Lancaster. Le reste de l'immigration amish eut lieu dans le courant du XIXe siècle principalement entre 1815 et 1860 vers les États du Midwest. De nos jours, la communauté amish prospère et ses 175 000 disciples perpétuent les traditions ancestrales : refus de la modernité, discipline et austérité dans la séparation du monde, obéissance littérale à la Bible font d'eux des acteurs d'un communautarisme tout à fait singulier. Au-delà de l'anachronisme qui semblerait trop réducteur, ils incarnent une solution différente au problème de la modernité.
Le repli du peuple amish constitue donc ce qu'on pourrait nommer un « communautarisme identitaire », en ce sens qu'il considère la communauté plus importante que l'individu, qui doit se conformer à la cohérence du groupe. Néanmoins, la primauté ontologique que l'on accorde à la communauté sur l'individu reste un élément problématique de toutes les définitions du communautarisme. Nous nous appuierons donc sur cette donnée pour mener notre réflexion: le peuple amish étant en marge de la société moderne américaine, comment interpréter ce rejet, ce repli communautaire? L'individu n'a-t-il plus sa place en tant que tel, n'est-il cohérent qu'au sein du groupe auquel il appartient? Doit-on interpréter le communautarisme amish comme un repli identitaire ou comme une volonté d'affirmation et de revendication du groupe ?
[...] Car chez les Amish, comme dans tous les communautarismes, on privilégie la vie de la communauté et celle de l'individu est reléguée au second plan. Et ce retour à la vie Amish est parfois insupportable pour les jeunes, qui préfèrent parfois se suicider plutôt que de quitter la communauté, car on ne quitte pas facilement sa communauté qui, dès lors, vous excommunie et ne vous adresse plus la parole. Cette mise en avant de la communauté au détriment de l'individu pose problème au sein de cette société où il n'y a pas de police, par le fait qu'ils disent ne connaître ni crimes, ni vols même dans cette communauté de plus de membres. [...]
[...] Les Amish fondent leur philosophie sur les textes saints, et essentiellement sur le Nouveau Testament. On comprend donc aisément que leurs valeurs sont aux antipodes d'un monde moderne globalisé et en plein essor. C'est pour manifester leur détachement et leur différence du monde extérieur qu'ils vivent le plus possible à l'écart des villes, travaillent et se marient de préférence à l'intérieur de la communauté et ont adopté un mode de vie, un comportement, qui va à l'encontre des normes contemporaines. [...]
[...] De fait, ils ne font pas de service national et les enfants sont dispensés de l'école publique, même s'ils suivent un enseignement scolaire jusqu'à l'âge de 14 ans (un jugement de la Cour Suprême américaine a même été rendu en 1972 pour exonérer le mouvement Amish de la scolarité en lycée), ce niveau est jugé suffisant pour leur mode de vie rural, leur société elle- même étant considérée comme source d'enseignement. Ainsi, les enfants, dès leur plus jeune âge, sont entraînés aux travaux de la ferme pour les garçons, et à la cuisine pour les filles. On dit même qu'à l'âge de 12 ans, une jeune fille sait cuisiner un repas pour toute une équipe de travailleurs et qu'un garçon connaît le métier de fermier à son adolescence. La vie d'un Amish est en fait remplie de préceptes. [...]
[...] Doit-on interpréter le communautarisme amish comme un repli identitaire ou comme une volonté d'affirmation et de revendication du groupe ? Le communautarisme amish : rejet de la modernité ou affirmation de valeurs ? La réaction amish face au monde Le communautarisme amish se fonde principalement sur leur refus du monde extérieur, c'est-à-dire du monde moderne et technologique. D'ailleurs, le terme même de théologie décomposable selon les deux mots grecs theos et logos signifiant respectivement dieu et science resta longtemps absent du vocabulaire usité à l'égard de l'Eglise amish. [...]
[...] Et le paradoxe entre les sermons qui parlent de clémence, douceur et fraternité et la réalité, broyée par le légalisme, l'oppression, l'obsession du zèle dans la pratique de la foi et l'observation des règlements déstabilise les jeunes Amish et fait parfois naître chez eux un véritable sentiment de frustration. L'un des problèmes du communautarisme Amish repose sur le fait que l'individu fait partie d'un tout, qu'il est membre de la communauté et agit toujours pour le bien de la communauté tout entière. Ainsi, l'un des problèmes que la communauté Amish a à affronter de nos jours est celui du suicide des jeunes Amish. [...]
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