Dans un midrash célèbre, Dieu dit à Moïse sur le Mont Sinaï que mettre par écrit la Torah orale permettrait aux Nations de s'en emparer et de se proclamer Verus Israël. On voit ici risque de dépossession et la stratégie de réaction qui se met en place. La Loi orale appartient aux Juifs. Les chrétiens, eux, ont le Christ. Dès le XIIe siècle, les Juifs vivant en terre chrétienne sont contraints de s'engager dans la polémique contre les théologiens chrétiens. Ainsi, six ans après les massacres de 1391 où les juifs n'avaient eu d'autre choix que la conversion ou la mort, Hasdai Crescas écrit Réfutation des principes du christianisme afin de neutraliser la séduction que l'Eglise exerce sur les juifs. Pour le judaïsme, Dieu s'est révélé à un peuple choisi par lui et a bien précisé qui il était « je suis l'Eternel (Adonaï) ton Dieu qui t'a fait sortir d'Egypte, la maison de l'esclavage... », il a aussi révélé les règles permettant au peuple récipiendaire de la Loi de « choisir la vie », d'échapper à la rigueur divine et de tourner ainsi le dos à la mort. Comment imaginer qu'une autre religion puisse venir modifier la révélation première ? Cette révélation serait-elle évolutive ? Cumulative ? Substitutive ? Le judaïsme porte un regard critique sur le christianisme principalement autour de trois questions : la valeur accordée à la Torah, le discours sur la divinité et le personnage de Jésus.
Il s'agit donc de se demander en quoi la vision que les Juifs ont du christianisme est révélatrice des crispations générées par l'émergence d'une religion concurrente. En quoi cette vision est-elle révélatrice de l'identité juive ?
[...] Le christianisme a d'abord été un courant parmi le judaïsme et il aurait pu le rester tant qu'il respectait la loi de Moise. Courant pris par Jacques, frère de Jésus, dans judaïsme. Mais courant de Paul prend distance vis-à-vis des rituels de la loi juive et il recrutait parmi les non-juifs. Pour les juifs, la scission s'opère avec la victoire du courant de Saint-Paul. Le christianisme, en bien des aspects, n'est pas une nouveauté avec son texte propre, il se trouve dans la même lignée que le judaïsme, avec une même construction symbolique. [...]
[...] Le christianisme vu par les Juifs, représentations et réalité Introduction Dans un midrash célèbre, Dieu dit à Moïse sur le Mont Sinaï que mettre par écrit la Torah orale permettrait aux Nations de s'en emparer et de se proclamer Verus Israël. On voit ici risque de dépossession et la stratégie de réaction qui se met en place. La Loi orale appartient aux Juifs. Les chrétiens, eux, ont le Christ. Dès le XIIe siècle, les Juifs vivant en terre chrétienne sont contraints de s'engager dans la polémique contre les théologiens chrétiens. [...]
[...] Ils se veulent plus humbles par l'affirmation de leur singularité. Extrémisation de la loi de Moïse: on supprime tous les freins qui la rendaient vivable : soyez parfait comme votre père céleste est parfait Christianisme appelle dès lors à une foi pure radicale. si les juifs continuent d'observer la Loi ( . ) c'est parce que la transformation du monde présent leur paraît essentielle et qu'ils se refusent à croire que le Mal aurait moins de nocivité à cause de l'avènement du Christ. [...]
[...] Pour Jean-Christophe Attias, la question n'est pas qu'est ce que les Juifs pensent de Jésus? mais les Juifs auraient-ils jamais pensé d'eux-mêmes ce qu'ils pensent s'il n'y avait pas eu Jésus? . pouvant conduire à une plus grande tolérance. Au 19e, il était fréquent d'entendre que la doctrine juive incarne la vérité et que le rôle du christianisme est de propager cette vérité parmi les peuples païens. Rosenzweig émet une même formulation. C'est ce qu'on appelle la théorie des deux voies de salut. [...]
[...] Rabbenu Tam statue sur les chrétiens dans le cadre de la Halakha : même si les chrétiens invoquent leurs saints, même s'ils invoquent leur Dieu avec un autre être (trinité) leur intention est toujours dirigée vers le Maitre du ciel et de la terre. Le Meiri établit une réciprocité dans les rapports entre juifs et chrétiens, réciprocité qui était interdite dans le dispositif talmudique. Il est le premier penseur a proposer une véritable conception de la tolérance inter-religieuse fondée sur la fonction régulatrice commune aux religions en tant que telles, pour autant que ces croyances religieuses reposent sur un Dieu unique. [...]
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