Cet extrait des Actes des Apôtres, qui rapporte les circonstances dans lesquelles a eu lieu ce qu'on a appelé plus tard le « concile de Jérusalem », atteste que dès les débuts de l'expansion chrétienne a existé une division entre les partisans d'un christianisme fidèle à la tradition juive et ceux d'un christianisme plus ouvert aux Gentils, soit à l'époque – moitié du premier siècle -, essentiellement aux peuples hellénisés du bassin oriental de la Méditerranée. En effet, alors que les disciples de Jésus commencent à répandre l'Evangile dans le monde antique se pose rapidement la question de l'identité de la religion du Nazaréen : s'agit-il simplement d'une sous-catégorie du judaïsme, une secte juive parmi de nombreuses autres - après tout, Jésus et ses disciples étaient juifs et respectaient les prescriptions de la Torah - ; ou bien faut-il parler de religion nouvelle ? Comme y fait allusion le texte tiré des Actes, deux réponses sont avancées, l'une insistant sur l'héritage judaïque, l'autre revendiquant l'originalité et l'indépendance de la religion du Christ, dans un discours empreint d'hellénisme. Nous commencerons par étudier la façon dont s'est déroulée l'expansion chrétienne aux premiers siècles, pour ensuite nous intéresser à l'impact que cette expansion a eu sur la construction d'une identité chrétienne.
[...] À tel point que le monde juif palestinien reconnaît lui-même l'appartenance des disciples de Jésus au peuple d'Israël, tandis que l'Empire romain ne fait pas non plus la différence ainsi qu'en témoignent les textes de Suétone au début du IIe siècle. On parle parfois de la secte des chrétiens, mais, comme le dit Tertullien, celle-ci se répand sous le couvert d'une religion officiellement reconnue Cependant, plus la foi au Christ se répand, plus cette assimilation des disciples de Jésus à la communauté juive devient difficile. C'est la problématique du concile de Jérusalem : que faire des convertis non-juifs ? Faut-il leur faire respecter les préceptes de la Torah comme la circoncision ? [...]
[...] Les toutes premières communautés chrétiennes sont donc –Rome exceptée- toutes situées dans le bassin oriental de la Méditerranée. C'est à Jérusalem, bien sûr, que s'organise la toute première et –durant les cinquante premières années- la plus puissante des communautés. De Jérusalem partent de nombreux missionnaires qui tissent, sur le réseau déjà existant des communautés juives de la diaspora, un réseau de communautés chrétiennes florissantes : Césarée, Antioche, Ephèse, Corinthe et Alexandrie pour n'en citer que quelques-unes. Les premières communautés –surtout Antioche et Alexandrie- sont des hauts lieux d'échange culturels et religieux puisqu'elles regroupent en leur sein des juifs et des païens, vivant eux- mêmes dans un climat baigné d'hellénisme. [...]
[...] Le christianisme des premiers siècles et son expansion : christianisme judaïque contre christianisme hellénisé? Or quelques-uns, descendus de la Judée, donnaient cet enseignement aux frères: " Si vous n'êtes pas circoncis selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. " À la suite d'une discorde et d'une vive discussion de Paul et de Barnabé avec eux, il fut décidé que Paul et Barnabé et quelques autres des leurs monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les Anciens pour cette question. [...]
[...] L'affirmation d'un christianisme universel Mais Paul, au contraire, est en quelque sorte le chef de file des partisans d'un christianisme affranchi des exigences judaïques. Cela peut paraître étonnant à première vue puisque lui-même était un juif pharisien, c'est-à-dire un des plus rigoureusement attachés à la loi de Moïse, mais il faut avoir conscience du fait que Paul était un juif issu de la diaspora et qu'il avait bénéficié d'une double culture juive et gréco-romaine., double culture accentuée par ses voyages en terres grecques. [...]
[...] Pourtant, au cours d'un de ses voyages, il se convertit brutalement, se fait baptiser, prend le nom de Paul et se proclame dernier apôtre du Christ. Rapidement reconnu comme tel par les autres apôtres, Paul entame alors une série de voyages d'évangélisation qui lui vaudront sa réputation : - Premier voyage, entre 45 et 49 : aller-retour au cours duquel il visite Chypre, la Pamphylie et les deux Antioche. - Deuxième voyage, entre 50 et 52 : cette fois, il va jusqu'à Athènes et Corinthe. [...]
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