Aujourd'hui, alors que les institutions religieuses tendent à perdre leur influence sociale, dans un processus de sécularisation qui touche la majorité des sociétés occidentales, il semble exister, paradoxalement, un « retour » des religions, c'est à dire un renouveau des formes de croyances et de rites, qui se traduirait par des mouvements aussi divers que le fondamentalisme ou la naissance d'une « religion bricolée », comme l'entendait Claude Levi-Strauss.
Pour autant, peut-on véritablement parler d'un retour des religions ? Plus qu'un retour, qui impliquerait la répétition de forme de religiosité traditionnelle, n'assisterait-on pas à un renouvellement radical des religions, enfanté par la société moderne, dont elle témoignerait, au-delà d'un besoin de croire, de la vulnérabilité ?
[...] De la même façon, des revendications religieuses, dans l'entreprise ou l'espace public, peuvent également sembler remettre en cause des valeurs républicaines fondées sur l'égalité de tous et la laïcité de l'état. Face à la tentation d'une radicalisation, la tolérance est donc plus que jamais nécessaire En effet, la coexistence d'une société de plus en plus sécularisée avec des formes religieuses mouvantes, voire radicales, semble de plus en plus difficile au point de diviser parfois la société. En témoignant les débats, souvent vifs, provoqués par la question du voile intégral. Derrière une réaffirmation républicaine de la laïcité, pouvaient parfois se lire les difficultés d'intégrer une communauté jugée trop différente. [...]
[...] D'ailleurs, un retour du religieux semble même se dessiner. Nées des religions traditionnelles, de nouvelles formes de religiosité se diffusent. Des radicalismes religieux émergent ainsi en réaction aux mouvements de modernisation entrepris par les religions traditionnelles. Ainsi chez les catholiques, un intégrisme religieux incarné par Monseigneur LEBVRE s'est développé, en réaction au concile de Vatican II. De la même façon, de nouvelles formes de religiosité s'affirment, pratique ésotérique ou adhésion à des philosophies orientales. Pierre BERGER, dans son ouvrage La dé-sécularisation du monde, affirme ainsi que se diffuse aujourd'hui un mouvement de contre-sécularisation qui se traduit par une revitalisation des pratiques religieuses et un réinvestissement, de la part des institutions religieuses, de la sphère publique. [...]
[...] On recenserait ainsi 25 milles pratiquants du bouddhisme, dans la plus pure tradition bouddhique, tandis qui gravite autour selon les sondages, près d'un million de sympathisants, inventant leur propre syncrétisme. Ainsi on peut véritablement parler de retour des religions. Au contraire, les formes de religiosité contemporaines semblent être complètement inédites, conséquence d'une acclimatation des religions à la modernité. Ces mouvements expriment donc une fragilisation du lien social qui exige de réaffirmer la tolérance. Au-delà d'un retour vers la religion, ces mouvements expriment une fragilisation des sociétés. En effet, ces nouvelles formes de religiosité, issues de la modernité, en sont aussi les symptômes. [...]
[...] Il serait donc impossible de parler d' un retour du religieux car les formes de religiosité contemporaines sont totalement nouvelles. Une religion à la carte apparait, une religion bricolée selon les mots de Claude LEVI STRAUSS. Ces formes de religiosité s'appuient sur une primauté de l'émotion et sont de plus en plus mondaines dans le sens où elles ne fondent plus leur message sur une vie meilleure à venir, dans un au-delà incertain, mais sur une éthique de vie qui doit mener au bonheur, ici et maintenant. [...]
[...] Toutefois, ce n'est pas un véritable retour des religions qui se produit, mais plutôt une recomposition du sentiment religieux, adaptée aux exigences d'une société contemporaine de plus en plus individualiste. Un renouveau qui ne témoigne pas seulement des besoins spirituels de l'homme moderne, mais également une fragilisation du lien social. Il ne s'agit DONC pas d'un retour du religieux ; mais de l'émergence de formes de religiosité entièrement nouvelles, acclimatées à la société moderne. En effet ce retour du religieux n'est pas en contradiction avec le mouvement de sécularisation, mais s'inscrit au contraire dans la modernité. [...]
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