Comment concilier le projet d'une communauté musulmane unie (l‘umma), idéal pourtant jamais atteint au cours de l'histoire, mêlant religion et politique, avec des situations locales affirmant leurs différences (on pense en particulier aux nationalismes post-coloniaux), où le politique tend à s'autonomiser? Nous verrons ainsi dans un premier temps que le monde musulman a évolué dans un contexte religieux et organisationnel (les empires successifs) très différent de l'Occident où apparaît l'Etat, avant d'aborder les aspects contemporains, à savoir l'articulation entre nationalismes post-coloniaux et le renouveau religieux, forces centrifuges ou centripètes, selon que l'on se place du point de vue de l'Etat ou de la communauté
[...] logiques économiques : monopole fiscal qu'achèvera la Révolution de 1789 dans le cas de la France, mais aussi jeu avec le capitalisme que les dirigeants essaient de tourner à leur profit, tout en évitant la contestation de la bourgeoisie qui s'enrichit. B. Des contextes historiques et organisationnels différents 1. Les empires successifs ou l'impossible sortie de la tradition Alors que les Empires se succédèrent en terre d'Islam (Abbasydes, omeyyades, Empires Perse et Ottoman, ce dernier nous servant d'exemple ici), il y eut impossibilité à sortir de la tradition. [...]
[...] De plus, celui-ci nomme les imams du vendredi l'impôt islamique est essentiellement réparti par l'Etat 2. L'islamisation des régimes comme réponse à cette contestation Différentes réponses ont été apportées à cette contestation islamiste : - répression des mouvements islamistes : Syrie, Irak, Tunisie, Libye - lutte contre les plus radicaux et cooptation des modérés : Egypte (lutte vs Gama'at et Jihad mais tolère les Soudan et Pakistan où l'armée au pouvoir intègre des islamistes dans le gouvernement - jeu trouble de l'Arabie Saoudite qui s'appuie sur les oulémas wahhabites mais réprime les autres formes d'islamisme finance les mouvements radicaux (ex FIS algérien, Talibans) et multiplie les gages envers eux depuis l'installation de bases US lors de la Guerre du Golfe - Turquie: intégration dans le jeu parlementaire expériences de gouvernement de coalition) mais dissolution des partis et arrestations des dirigeants en cas de contestation de la laïcité Alors que la plupart des pays musulmans avaient un statut mixte (compris entre les pôles d'Arabie Saoudite et d'Afghanistan où la charia est la seule loi de l'Etat et les pays laïques : Turquie, Kazakhstan, Turkménistan, Azerbaïdjan), depuis les années 70, on assiste à un renforcement du poids de la charia dans le droit pour couper l'herbe sous les pieds des islamistes : ex la Shariat Bill au Pakistan en 1985. [...]
[...] Pour Bertrand Badie, dans Les deux Etats le centre a cherché à se construire au moment le moins favorable et le processus de monopolisation fut mis en échec. Le jeu des rivalités croisées, évoqué dans le cas occidental, ne fonctionna pas et profita en réalité à un nouvel acteur (qui n'avait d'équivalent dans le cas occidental) : l'Etranger (occidental), qui s'associe à la nouvelle bourgeoisie marchande. Le centre n'est ainsi pas maître du développement économique (concessions accordées aux pays étrangers, par exemple les chemins de fer construits par l'Allemagne dans l'Empire Ottoman), et ne peut détourner le jeu économique à son profit la stratégie foncière : le sultan ne peut parvenir à ses fins dans une stratégie de type patrimonial, d'autant qu'il ne peut proposer en échange des terres de réelles prestations de sécurité, mieux remplies par les notables ou les tribus. [...]
[...] Ory , p . 648-657 - Science Politique 2. L'Etat Philippe Braud, Points Essais - Revue Esprit Juillet-Aout 2001 De l'islamisme au postislamisme par François Burgat 82-92) Les islamologues dans l'impasse par Alain Roussillon 93-115) - Visages changeants de l'Islam politique Eric Rouleau, Le Monde Diplomatique, novembre 2001, p 18-19 - Vers une société planétaire sans pouvoir suprême interview de Ryszard Kapuscinski, Courrier International 25-30/10/2001, p 56-58 - Encyclopédia Universalis Corpus, vol p 690-696, Les expressions de l'Islam : C. [...]
[...] Dans un cas, il y a eu autonomisation du politique (vis à vis des différentes variantes du christianisme), dans l'autre le politique se trouve inclus dans le religieux. Il convient cependant de nuancer cette coupure en s'interrogeant sur l'unité du monde musulman telle qu'affirmée par exemple par Huntington. En effet, l'Islam est géographiquement plus ou moins implanté et cela joue sur son influence dans l'organisation politique : c'est dans ce que l'on nomme le monde musulman (où la majorité de la population est musulmane) que le projet politique de l'Islam peut s'exprimer, pas lorsque l'Islam est minoritaire (même si cela peut susciter d'autres questions comme en Europe, en Chine ou en Inde, que nous ne traiterons pas ici). [...]
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