Religion et sociétés

Thèmes abordés

Religion, sociétés, dieu, socialisme, représentation, modernité, résistance, Nietzsche, croyance, laïcité

Résumé du document

Dans un monde où l'agnosticisme (l'agnosticisme est la vie dans l'indifférence de dieu) ou même l'athéisme (l'athéisme est l'affirmation de l'inexistence de dieu) est possible, honorable, voire banal, le sens de la religion est profondément modifié dans la mesure où l'homme se définit d'abord en dehors de son appartenance à une religion. Celle-ci apparait comme un élément singulier de culture (ici, l'on trouve que la religion est un « fait culturel ») ou un choix personnel.
Tel est le sens de la phrase de Nietzsche (Nietzsche est un philosophe allemand 1844-1900) : « Dieu est mort (Dieu est mort est une citation du paragraphe 125 d'un des textes majeurs de Nietzsche, le Gai savoir, publié en 1882) ». Elle ne signifie nullement qu'on ne peut plus croire en Dieu — affirmation naïve que la persistance du religieux démentirait surement. En revanche, elle permet de comprendre que la croyance en un dieu, l'appartenance religieuse, n'est plus automatique, et ne constitue plus un préalable.

Extraits

[...] L'affirmation de dieu n'est plus première. Autrement dit, le rapport au divin n'est pas simplement un phénomène religieux, qui dépend de la croyance des êtres humains. Il représente aussi, et peut-être de manière plus radicale, une forme sociale de rapport entre les êtres humains. Les formes religieuses coïncident avec certains types de sociétés - et les sociétés laïques ne dérogent pas à cette règle. Il faut donc expliquer, le contenu social du religieux, et notamment comprendre que la religion remplit bien souvent des fonctions de "précaution" au sein du groupe social. [...]

[...] La laïcité, initialement, est la réponse à un culte dominant, alors qu'aujourd'hui nous sommes confrontés à des sociétés plurielles, qui posent la question des religions minoritaires, voire des sectes. Doit-on penser que la laïcité est pour autant obsolète ? Ce qui est dépassé, c'est une interprétation de la laïcité comme espace patriotique où au lieu de communier dans le culte catholique, on communierait dans le drapeau national, comme le voulait un Ferry. Mais la laïcité peut- être adaptée au contexte contemporain dans la mesure où elle est explicitement liée à la défense des minorités (et notamment des libres penseurs quand ceux-ci se trouvent minoritaires). [...]

[...] La laïcité ce n'est donc pas seulement la sécularisation des sociétés et des pouvoirs. C'est le rejet actif de la référence à la religion : c'est au-delà de la liberté de culte, la libération des personnes de tout culte public, ce qui fait que le thème de la laïcité, qui initialement concerne exclusivement la religion, s'entrecroise avec le thème de la République. En effet, l'Église catholique soutient longtemps les monarchies, pouvoirs traditionnels, longtemps considérés comme fondés sur la volonté de Dieu. [...]

[...] On ne pratique pas de religion à soi seul (même si l'on effectue le rite dans la solitude, on manifeste par là sa solidarité avec tous ceux qui l'effectuent également, ainsi que le respect d'une prescription extérieure. Cf. le Robinson de Tournier, qui s'impose des rites à lui-même en quelque sorte pour détromper sa solitude, pour faire être une société virtuelle autour de lui). Le rite est le moteur de la foi : « mettez-vous à genoux et vous croirez » (Pascal). Le rite est le garant essentiel du phénomène religieux. On le retrouve dans les sectes. Les sectes se fondent largement sur un encadrement psychomoteur de leurs fidèles. [...]

[...] La seconde correspond à la fonction sociale, voire sociologiques de la religion - et cela quelle qu'elle soit. Ces deux dimensions sont souvent agglomérées dans le phénomène religieux et au XIXe siècle Lamenais n'hésitait pas à affirmer que le lien entre l'homme et dieu était le fondement du lien entre les hommes : « Jamais on ne constituera une société seulement avec des hommes, il faut que l'homme soit d'abord en société avec dieu pour entrer en société avec ses semblables. [...]