Seul l'homme a conscience de sa finitude, c'est-à-dire de son inscription dans le temps, des limites et de la relativité de son existence. Et seul, aussi, il est capable de se représenter l'idée du divin ou celle de Dieu sous forme d'un absolu échappant au conditions de l'espace et du temps qui le dépasserait infiniment et déterminerait son existence. Qu'il prenne la forme du monothéisme ou du polythéisme, le fait religieux, entendu comme le sentiment de dépendance de l'homme vis-à-vis d'une réalité supérieure, que cette dernière soit immanente ou transcendante, est une caractéristique essentielle de l'humanité en ce qu'il apparaît comme une constante des sociétés humaines. Comme l'écrit Bergson dans Les deux sources de la morale et de la religion, « on trouve dans le passé, on trouve même aujourd'hui des sociétés qui n'ont ni sciences ni art ni philosophie. Mais il n'y a jamais eu de société sans religion. »
[...] Ici, la promesse de Dieu et le sacrifice d'Isaac apparaissent comme contradictoires au sens logique du terme (ces deux propositions ne peuvent être vraies en même temps, l'une exclut l'autre) et, pour cela, elles dépassent la raison. La foi est paradoxe car elle représente alors un au-delà de la raison. La foi qui suppose un dépassement de la raison renonce aux preuves que cette dernière pourrait apporter. La foi 3 pose des vérités (vérités révélées) qui échappent à tout examen et toute démonstration rationnels. [...]
[...] La religion serait ainsi l'opium du peuple (Marx, ibidem.) Il s'agit donc de détruire cette fausse espérance de l'au-delà qui affaiblit la volonté et de faire de l'homme un être véritablement humain en transformant radicalement la société. B. La religion comme illusion. Définir la religion comme illusion, c'est mettre à jour, comme le souligne Freud dans L'avenir d'une illusion, le rapport fondamental qu'entretient toute croyance religieuse avec le désir. L'illusion, en tant qu'elle est réalisation et projection des désirs humains, renonce à être confirmée par le réel et représente une fuite du réel lui-même. [...]
[...] La religion posséderait donc une fonction institutionnelle en ce qu'elle institue un ensemble cohérent de rites et de croyances qui prend en charge la totalité de l'existence humaine, transmet et diffuse des normes pour agir en conformité avec l'ordre divin (morale) ou des croyances sur la destinée de l'homme après la mort (eschatologie.) B. Lien entre l'homme et le divin. Pour le croyant, la source de la religion authentique est indépendant de ce que la religion doit à la tradition, à la théologie, aux Églises (Les deux sources de la morale et de la religion, Bergson). Quelle est alors cette source ? [...]
[...] L'illusion de la religion apparaît donc comme une conduite infantile (fuite des hommes de leur maturité.) L'humanité doit donc se détacher de son enfance pour se tourner vers sa maturité, “maturité” entendue ici comme la capacité d'affronter la réalité et de se prendre en charge (ce qui suppose de se libérer de l'illusion d'une tutelle paternelle et toute-puissante à laquelle l'homme se soumet en faisant dépendre son existence d'un être ou d'un principe supérieur.) C'est à la science que Freud confie la tâche de conduire l'homme à la raison. En effet, seule la science qui permet d'établir la connaissance de l'état réel des choses (Freud, ibidem) constitue une éducation en vue de la réalité. 5 [ Critique : mais une foi aveugle en la science constitue le même danger, car la toutepuissance de la raison ne fait alors que remplacer la toute-puissance divine ; c'est là la tentation du scientisme. ] C. La religion comme décadence. [...]
[...] Mais il n'y a jamais eu de société sans religion. Qu'il renvoie à un monothéisme (croyance en un dieu unique) ou à un polythéisme (croyance en plusieurs dieux), le fait religieux opère toujours une distinction entre le monde profane et l'univers sacré, ainsi que le remarque Durkheim dans Les formes élémentaires de la vie religieuse : La division du monde en deux domaines comprenant l'un tout ce qui est sacré, l'autre tout ce qui est profane ( . est le fait distinctif de la pensée religieuse. [...]
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