Réformes protestantes, Protestants, Eglise romaine, Martin Luther, Zwingli, Calvin
L'une des questions fondamentales de la première période moderne est la question religieuse : l'inquiétude que chaque individu ressent à l'égard de son salut personnel (qu'est-ce qui va arriver après la mort ?), les insatisfactions pour les réponses de l'Eglise romaine, et l'influence humaniste (le retour aux sources, aux textes, la critique mordante du Moyen–Âge…) se rencontrent pour donner lieu à de profondes révisions dans le domaine de la théologie et de l'organisation de l'Église. Certaines critiques, radicales, aboutissent à la rupture avec la papauté, et finissent par générer d'autres organisations ecclésiastiques : c'est essentiellement le cas des mouvements issus de la prédication de Martin Luther (1483-1546), Ulrich Zwingli (1484-1531) et Jean Calvin (1509-1564).
[...] Au nom du principe du sola scriptura et de la doctrine de la justification par la foi seule qu'il partageait avec Luther, Zwingli efface toutes les croyances et les pratiques dont les origines bibliques ne sont pas démontrables et démontrées. Parmi celles-ci, le culte des saints, dont l'importance avait grandi dans les derniers siècles du Moyen–Âge. En effet, ce culte repose entièrement sur une tradition post biblique : pas de traces de saints et d'un culte qui leur serait voué dans les textes bibliques. [...]
[...] Les indulgences étaient à l'origine des offrandes en argent à des buts de charité, exprimant la gratitude pour le pardon reçu. Au début du XVIe siècle, dans l'usage courant, surtout celui fait par le frère dominicain Tetzel qui était chargé de leur vente en Allemagne, elles étaient devenues un moyen d'acquérir le pardon pour des péchés commis et elles pouvaient s'appliquer aussi aux morts : il suffisait, disait Tetzel, de payer une somme d'argent pour qu'une âme soit libérée des peines du purgatoire. [...]
[...] Le baptême efface les traces du péché originel, sans pour autant effacer la tendance de l'homme à faire le mal : l'homme est doué d'une volonté, libre, qui lui permettrait de choisir entre le bien et le mal, et de contribuer ainsi à son propre salut. La doctrine officielle de l'Eglise au temps de Luther conjugue la foi (grâce, c'est-à-dire don de Dieu) et les œuvres (produits de la liberté des hommes) dans le processus du salut : les deux sont indispensables. L'équilibre entre ces deux ingrédients du salut est toutefois délicat. [...]
[...] Des études récentes ont bien montré que la piété et la religiosité, populaires et non, se développent sensiblement entre la moitié du XVe siècle et le début du suivant (naissance de nouvelles confréries, surtout pour l'assistance des mourants, pèlerinages de plus en plus nombreux, essor de rituels particuliers liés aux moments forts du cycle de vie –naissance, mariage, mort– ; dans les milieux cultivés et intellectuels, des formes nouvelles de spiritualité, centrées surtout sur l'intériorisation de la relation avec Dieu et moins attentives aux aspects extérieurs du culte se répandent, aussi bien au sein du clergé que du monde laïc, influencés par l'humanisme ex. la Devotio Moderna). Les humanistes, de leur côté, n'hésitent pas à critiquer les manifestations les plus extérieures de la dévotion traditionnelle, les associant à des superstitions jugées inappropriées . [...]
[...] L'interprétation réaliste de l'eucharistie –partagée par les catholiques et les luthériens– et celle symbolique, que les zwingliens et les calvinistes élaborent, reposent sur deux manières différentes d'interpréter le passage des Evangiles instituant la Cène : selon cet épisode, le Christ aurait pris le pain et l'aurait offert aux disciples en disant : Prenez, ceci est mon corps Et il aurait fait de même avec le vin en disant : Ceci est mon sang La lecture catholique de ce passage, reprise par les luthériens, est une lecture littérale du verbe être contenu dans l'expression : Ceci est mon corps ; la lecture zwinglienne est par contre métaphorique : le verbe être signifierait plutôt représenter La présence du corps du Christ dans l'eucharistie ne serait donc pas réelle fidèles ne mangeraient pas le corps du Christ, ni ne boiraient son mais simplement symbolique La prédestination Ni Zwingli ni Calvin n'étaient particulièrement sensibles au problème de la justification ; ils se reconnaissent dans l'idée luthérienne qu'il s'agit là du résultat de la foi seule, conçue en tant que don gratuit de Dieu. Ils s'interrogent cependant, eux aussi, sur les relations entre l'homme et Dieu. Frappé par l'expérience de la peste de 1519, Zwingli en tire le sentiment de la totale impuissance de l'homme et de la souveraineté absolue de Dieu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture