Louis Potton est né à Lyon, le 27 octobre 1824. Son père était un des plus anciens négociants de la ville : chef d'une des plus importantes maisons de soieries. Il entra au noviciat de Flavigny le 2 octobre 1850, et reçut le nom de frère Marie-Ambroise. Il fut certainement le Père dominicain du XIXe siècle qui soutint le plus efficacement les monastères français dans leur recherche d'une restauration de la vie contemplative dominicaine. Envoyé par son provincial à Mauléon, il lia une profonde amitié avec la fondatrice sœur Marie Agnès. Romeline Lassalle — devenue sœur Marie Agnès de Jésus à Mauléon — est née à Oloron le 25 mars 1827. Elle était la fille d'un riche négociant en laine. Elle entra au monastère de Nay avec sa jumelle le 2 juillet 1843, et toutes deux firent profession le 1er octobre 1844.
Rapidement nommée maîtresse des novices, sœur Agnès faisait preuve d'une grande douceur envers ses novices sauf lorsque l'observance était en cause. Elle avait un tempérament exalté, et confondait facilement ses désirs avec une voix céleste. C'est ainsi qu'elle prit pour inspiration divine son désir de retour à la lettre des constitutions, malgré les mises en garde des sœurs de Nay. Elle fut malgré tout choisie comme prieure de la fondation faite par Nay à Mauléon en 1857.
[...] Potton pour la former à ce qui est son orientation profonde. La création de la province de Toulouse en 1865, est l'occasion, pour le P. Potton, d'aborder le point fondamental qu'il reproche à Lacordaire : être libéral. Je suis bien aise aussi de vous faire savoir que, autant qu'il m'est possible d'en juger de loin, la province de Toulouse semble prendre une bonne route. Le plus grand nombre, surtout des Pères importants, se sont lancés vers le Nord13, et Toulouse va commencer comme nous : dans la petitesse et le mépris. [...]
[...] Elle entra en correspondance avec Lacordaire dès 1837. Les lettres furent publiées en 1864, soit quelques mois après la présente lettre Il faut savoir que les noms de Jésus et de Marie étaient très vénérés par les Pères de Lyon. Ils les écrivaient en lettres capitales : Ne vous étonnez pas si, dans les constitutions les noms de Jésus et Marie sont imprimés en lettres ordinaires. Le Rme Père m'a défendu les capitales, que j'avais marquées, comme dans mes ouvrages précédents. [...]
[...] Lacordaire et Mauléon, ce sont deux antipodes. Je dirais même : le P. Lacordaire et l'esprit de notre Ordre, ce sont deux antipodes. Notre Ordre est tout surnaturel, en toutes choses ; et toutes ses tendances le sont. Le P. Lacordaire, c'est plus d'une fois la glorification (presque autant qu'un religieux en état de grâce peut l'accepter) de la nature déchue ; c'est l'éloignement déjà grand de Jésus 5 et de Marie, sources de tout vrai bien. J'ai lu dernièrement bon nombre de lettres de lui, parmi celles adressées à Mme de la Tour du Pin10. [...]
[...] Gardez tout cela avec grande prudence, sous le secret. Je ne vous l'avais pas dit l'année dernière : j'espère fermement que vous ne me ferez pas repentir de vous l'avoir dit maintenant (8/11/63). Trois dangers sont mentionnés, qui menacent le surnaturel : la glorification de la nature déchue, l'absence de Marie dans la prédication12 et, par-dessus tout, les opinions politiques, source de tant de maux. Comment peut-on exalter la Révolution, cause de tous les malheurs ? Le P. Potton confie ici, comme un secret, le véritable motif qui a présidé à la fondation de la province de Lyon. [...]
[...] La situation par rapport à la modernité, tel est bien le point qui a opposé le P. Potton au P. Lacordaire et qui continue à les opposer, même après la mort du restaurateur de l'Ordre en France. Peu après la visite canonique de 1863, le P. Potton explique dans une lettre en quoi consiste cet esprit dont il faut tant se méfier : Tâchez tout à fait de ne pas fonder sur le territoire de la province de France. Vous vous exposez trop. [...]
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