La Pologne, plus encore que l'Italie, l'Espagne ou l'Irlande a la réputation d'être un pays très religieux. Pourtant, la démocratie chrétienne joue un rôle important dans la vie politique italienne ; l'Espagne a milité aux côtés de la Pologne pour mentionner dans le préambule de la Constitution européenne les racines chrétiennes de l'Europe, quant à l'Irlande, l'avortement y est interdit pour des raisons religieuses, exactement comme en Pologne. La « réputation » de ce pays lui vient sans doute du long pontificat de Jean-Paul II, durant lequel le système communiste s'est effondré. L'Eglise et les symboles religieux ? peut-être plus que le sentiment religieux ? sont très présents : messes solennelles des partis, bénédiction des entreprises, pèlerinage à Czestochowa des lycéens et des militaires, messe solennelle à l'occasion de la prise de fonction de Lech Kaczyeski le 23 décembre 2005.
La religion, et notamment l'Eglise catholique, peut avoir une influence sur la vie politique, économique et sociale par le fait qu'elles sont partagées par des hommes politiques démocratiquement élus. La Pologne est un Etat laïc, non confessionnel (il n'y a pas de religion d'Etat), mais cette laïcité n'est pas comparable à celle France qui, bien qu'étant « fille aînée de l'Eglise » a proclamé en 1905 la séparation des Eglises et de l'Etat, reléguant définitivement les première à la sphère privée, et les idéaux religieux n'ont pratiquement aucune influence sur la vie publique en France.
[...] La Pologne a longtemps été de fait le pays le plus tolérant d'Europe en matière de religion. Il n'y a pas eu en Pologne de guerre de religions comme en France ou comme la Guerre de Trente Ans (1618-1648), faisant de la Pologne un « pays sans bûcher ». La réforme luthérienne (1483-1546 Martin Luther) et surtout la réforme calviniste (1509-1564 Jean Calvin) se répandent, malgré des interdictions royales, mais le pouvoir central est relativement faible. On estime qu'un tiers de la population noble est passé à la Réforme. En règle générale, les raisons de la conversion ne sont pas de nature spirituelle, mais politique : il s'agit de s'opposer à l'Eglise et au roi.
[...] A. L'indépendance 1918-1939
La Pologne de l'entre-deux-guerres est située plus à l'est que le pays actuel et constitue encore un pays hétérogène des points de vue ethnique et religieux, mais l'élément polonais et catholique, nettement dominant, n'entend pas reconnaître les droits des minorités, les valeurs traditionnelles du catholicisme sont promues ? d'autant plus que le principal occupant du XIXe siècle était russe (et donc orthodoxe) et qu'il est devenu bolchévique (et donc athée). L'une des premières actions de la Pologne indépendante consiste, dès 1918, à détruire la cathédrale orthodoxe de Varsovie (plac Wolnosci), considérée comme le symbole de l'occupation. (...)
[...] III) L'Église catholique dans la IIIe République (1989- ) A. La transition Il n'est donc pas étonnant que l'Eglise joue un rôle de premier plan dans les négociations entre le pouvoir faiblissant et l'opposition en 1989, et que le premier Premier ministre non communiste de l'après-guerre soit un membre du KIK, le Club de l'Intelligentsia Catholique, Tadeusz Mazowiecki. Le rôle de l'Eglise prend une telle importance que nombre de Polonais sont persuadés le pape Jean-Paul II a été l'artisan de la chute de l'empire soviétique, faisant l'impasse sur la désagrégation interne de celui-ci et sur le rôle de Mikhaïl Gorbatchev. [...]
[...] Les personnages emblématiques sont : ks. Henryk Jankowski, ancien curé de la paroisse Ste Brigitte de Gdańsk, il a joué un rôle éminent durant la période de Solidarité ; ensuite, son nationalisme s'est radicalisé et a pris des teintes antisémites, au point qu'il a été limogé ks. Tadeusz Rydzyk, propriétaire de Radio Maryja, TV Trwam et d'un centre de formation de journalistes à Toruń. Ils ont du succès dans les milieux défavorisés et surtout dans les petites villes (retraités, paysans pauvres, chômeurs ) qui ne tirent aucun profit de la mondialisation ou de l'adhésion à l'Union Européenne. [...]
[...] II) L'Église catholique de Pologne au XXe siècle A. L'indépendance 1918-1939 La Pologne de l'entre-deux-guerres est située plus à l'est que le pays actuel et constitue encore un pays hétérogène des points de vue ethnique et religieux, mais l'élément polonais et catholique, nettement dominant, n'entend pas reconnaître les droits des minorités, les valeurs traditionnelles du catholicisme sont promues d'autant plus que le principal occupant du XIXe siècle était russe (et donc orthodoxe) et qu'il est devenu bolchévique (et donc athée). [...]
[...] Dans un premier temps, le gouvernement ne s'attaque pas frontalement à l'Eglise, pour éviter de provoquer inutilement la population. Ainsi, par exemple, l'enseignement religieux continue à être dispensé dans les écoles, aucun prélat n'est inquiété et l'Eglise dispose même d'un hebdomadaire, Tygodnik Powszechny. Cependant, tous les biens immobiliers et fonciers de l'Eglise sont nationalisés, au même titre que le reste de l'économie. Plutôt que de combattre ouvertement l'Eglise, le pouvoir s'efforce plutôt d'en détruire l'unité : notion de prêtres patriotes éditions PAX, personnalité de Bolesław Piasecki. [...]
[...] Cela se manifeste dans le choix des mots : l'Eglise et les milieux opposés à l'avortement ne disent pas aborcja ou przerywanie ciąży interruption de grossesse mais zabijanie dzieci nienarodzonych assassinat d'enfants non nés życie poczęte la vie conçue : l'accent est mis sur le caractère criminel de l'opération et l'humanité de l'embryon. Ce dernier fait est souligné par des tombes symboliques d'enfants non nés dans certains cimetières. Enfin, l'avortement est parfois comparé à la Shoah. Ce discours rappelle celui du mouvement Pro life. Paradoxalement, les mêmes personnes sont généralement pour la peine de mort. [...]
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