Une hypothèse courante de l'étude des phénomènes religieux est que, détentrices de la Vérité, les religions (et plus particulièrement les monothéismes) tendent plus ou moins spontanément au monopole ; cependant, le monopole peut difficilement subsister sans une intervention de l'Etat qui, seul, dispose des moyens nécessaires à l'installation de « barrières à l'entrée » sur un marché. Evoquer cette intervention, c'est donc nécessairement poser le problème des libertés religieuses.
Dans son édition 2008 sur ces libertés religieuses, l'Hudson Institute a proposé un classement portant sur 101 pays représentant 95% de la population mondiale d'où il ressort que ce sont les pays protestants qui sont les plus libéraux devant les pays de tradition catholique ou orthodoxe; à l'inverse, les pays musulmans seraient, avec ceux de tradition marxiste athée, les moins respectueux des libertés religieuses. Il n'est donc pas surprenant que les observateurs se soient interrogés sur cette situation alors que dans le même temps les populations musulmanes implantées en Occident obtenaient droit de cité et notamment la possibilité de construire des lieux de culte.
[...] L'Etat rentier dispose en effet de revenus qui ne proviennent pas de l'activité intérieure du pays ; il a donc les moyens de se maintenir au pouvoir soit par la force en entretenant des effectifs de police susceptibles de réprimer les contestations, soit en opérant des redistributions de revenus pour acheter la paix sociale. Cette situation n'est pas dépourvue d'inconvénients : la distribution de revenus sans contrepartie dissocie les gains des individus de leur travail ; autrement dit, elle détourne de l'effort productif, favorise le clientélisme et développe les inégalités. Mais à court terme, aussi longtemps que subsistent les sources de rente, elle tend plutôt à consolider le pouvoir politico-religieux en place. [...]
[...] Evoquer cette intervention, c'est donc nécessairement poser le problème des libertés religieuses. Dans son édition 2008 sur ces libertés religieuses, l'Hudson Institute[2] a proposé un classement portant sur 101 pays représentant 95% de la population mondiale d'où il ressort que ce sont les pays protestants qui sont les plus libéraux devant les pays de tradition catholique ou orthodoxe ; à l'inverse, les pays musulmans seraient, avec ceux de tradition marxiste athée, les moins respectueux des libertés religieuses. Historiquement, les restrictions imposées aux minorités religieuses dans les pays musulmans ont surtout atteint les Juifs et les chrétiens avec pour conséquence un déclin démographique significatif de ces populations ; on note par exemple que les chrétiens qui représentaient encore 10% de la population du Proche-Orient au début du 20ème siècle, en atteignent aujourd'hui moins de 5%. [...]
[...] Cf. Fr. Facchini : Pourquoi les pays musulmans ne respectent pas les libertés politiques Séminaire d'Economie publique de l'université de Paris avril 2008. A. Smith : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, PUF R. Finke et B.J. Grim : Religious Persecutions in Cross-National Context, American Sociological Review Vol Fr. Facchini : Islam et libertés religieuses, op.cit. [...]
[...] Dans le pire des cas, cette situation peut renforcer l'intolérance et déboucher sur des persécutions religieuses[7]. L'hypothèse de Smith permet de rendre compte du risque de déclin de l'Islam officiel, du développement de formes contestataires, en particulier de l'Islam radical au 20ème siècle, et de la concurrence entre ces islams, les autres religions et même les modèles séculiers modernes[8]. Il existe traditionnellement une forte compétition entre Sunnites et Chiites et entre courants sunnites. Aujourd'hui, la croissance de l'intégrisme n'a pas que des causes doctrinales ; elle s'explique aussi par les dysfonctionnements des politiques publiques, la montée de la corruption ou le maintien des inégalités ; elle crée les conditions de l'instabilité politique. [...]
[...] D.M. Hungerman : Rethinking Religious Competition, ENER, septembre 2008. A.J. Gill : The Political Origins of Religious Liberty, Cambridge Studies in Social Theory, 2008. [...]
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