Les documents officiels de l'Église affirment que la vie consacrée a une dimension historique et une dimension théologique, mais honorent-ils en fait ces deux dimensions ? La dimension théologique est-elle marquée par la dimension historique ? Une théologie de la vie consacrée de type essentialiste est-elle possible ? Dans quelles conditions ? La réflexion du Magistère sur la vie consacrée a-t-elle valeur universelle ?
Dans le cadre d'un article, il était difficile d'étudier la question de la place accordée à l'histoire dans tous les textes officiels de l'Église. Je me suis donc limitée au Décret conciliaire Perfectae caritatis dont les lignes de force se retrouvent dans tous les documents postérieurs. Ce texte a d'ailleurs l'avantage de traiter de l'aspect pratique de la vie religieuse et donc de mettre en cause sa dimension historique. Ce document propose une rénovation de la vie consacrée à la lumière de quelques principes dont le deuxième est particulièrement intéressant pour notre propos.
[...] Ils avaient mené la vie commune avec le Seigneur pendant trois ans et avaient été formés par lui. De plus, ils avaient donné à l'Église de Jérusalem le modèle de la vie chrétienne et ses institutions. L'appel à suivre le Christ sur les traces de saint Dominique implique par exemple d'embrasser le mode de vie qui était celui du collège des apôtres vivant autour du Christ. La sequela Christi dominicaine inclut donc de multiples conseils : la vie commune, l'obéissance, la chasteté, la pauvreté, l'observance régulière (au Moyen Âge on pensait qu'elle avait été pratiquée par les apôtres), l'étude, l'humilité, la prière, la prédication. [...]
[...] La suite du Christ est au fondement même de la vie religieuse dès son origine. Le Concile l'a remise en valeur, alors qu'à une époque récente, les trois conseils évangéliques avaient la priorité. Mais on ne peut dire que, dès les origines de l'Église, la suite du Christ a été liée à la pratique des conseils évangéliques, puisque ceux-ci n'avaient pas encore émergé à la conscience de l'Eglise. Quelle conception avait-on alors de la suite du Christ ? Les Ordres anciens doivent-ils désormais renoncer à leur patrimoine ? [...]
[...] Fondée sur l'Eucharistie et la Parole de Dieu, la communauté n'est pas le simple agglomérat de chrétiens en quête, chacun pour soi, de la perfection personnelle. Elle est, dans sa vie fraternelle, le signe, la proclamation de la koinonia de charité que ET 2l est le seul document qui place la pauvreté dans le droit fil d'Ac : La pauvreté effectivement vécue par la mise en commun des biens [ . ] attestera la communion spirituelle qui vous unit ; elle sera un vivant appel à tous les riches, elle apportera aussi un soulagement à vos frères et sœurs dans le besoin Une citation de la Didakè, exprime le lien logique entre unanimité et partage des biens a fortiori : Si vous entrez en partage pour les biens éternels, à plus forte raison devez-vous y entrer pour les biens périssables (Didakè, IV, 8). [...]
[...] La vie consacrée, en effet, est avant tout une réalité historique ; elle s'est donc diversifiée au cours des siècles. Pour que le concept vie consacrée puisse recouvrir toutes les formes existantes et pour qu'il reste en lien avec la réalité historique, son contenu doit être de plus en plus réduit. C'est donc un concept très mouvant Cette approche qui procède par abstraction contient un risque : croire que, pour parler d'une forme particulière de vie consacrée, il suffit de prendre les éléments communs à toutes et d'en rajouter d'autres qui seraient spécifiques. [...]
[...] Dans ce contexte, l'obéissance est avant tout une nécessité de communauté, en vue du bien commun. Évidemment, il s'agit ici d'accents et non d'exclusivité. Même si les trois conseils de chasteté, de pauvreté et d'obéissance se retrouvent dans toutes les formes de vie consacrée, nous avons pu constater qu'une présentation détaillée fait introduire des caractères qui sont particuliers à certains types de vie consacrée et ne concernent pas les autres. Ou bien des caractéristiques fondamentales pour certains Instituts sont passées sous silence. [...]
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