L'Écriture a tenu une grande place dans la vie personnelle d'Augustin, dans sa prédication et dans son travail théologique. Il a eu l'occasion de s'en expliquer dans divers écrits de façon occasionnelle, et de façon plus systématique dans le De doctrina christiana, mais aussi dans ses Confessions.
L'Écriture Sainte est pour lui bien plus qu'un texte : c'est une personne vivante qu'il interroge et qui lui répond. Au début de ses sermons et de ses homélies, très souvent il ne manque pas de rappeler ce qu'elle est pour lui : la Parole de Dieu. Par ces brèves notations, nous pouvons approcher ce lien par lequel Augustin adhère à elle de tout son être. Cette relation à la Parole s'est approfondie tout au long de sa vie.
Son premier contact avec les Écritures s'est soldé par une déception : elles lui parurent indignes d'entrer en comparaison avec Cicéron. Question de style ? Peut-être, mais en partie seulement. Car avec le recul des années, la cause véritable de son mépris pour les Ecritures lui apparut sous son vrai nom : l'orgueil.
Augustin expérimente ainsi l'Ecriture pour ce qu'elle est : le chemin qui, prolongeant l'humilité du Christ, fait parvenir au Verbe. La lecture de saint Paul lui permet ensuite de découvrir l'unité des deux testaments. Restait à percevoir la Parole de Dieu comme une parole de vie que Dieu adresse à chacun très personnellement.
Augustin expérimente que l'Écriture est la Parole même de Dieu qui, comme un miroir, lui réfléchit l'état de son âme et prend possession de son cœur.
Lorsqu'il consacra la plus grande partie de sa vie d'évêque à lire et commenter les Écritures à ses fidèles, à éclairer les passages controversés par les hérétiques, peut-être se souvint-il du temps de sa jeunesse où il aurait souhaité trouver un homme avec qui discuter point par point des Écritures ? Ce qu'il cherchait alors avant tout, c'était de faire partager son amour pour la Parole de vie.
Dans le cheminement d'Augustin nous trouvons tous les aspects qui marqueront jusqu'à la fin de sa vie son approche de la Parole. Elle est une Parole qui se cache sous la lettre, une Parole qu'il faut lire et chercher à comprendre, une parole par laquelle il faut se laisser convertir, une parole qui fait l'objet de sa prédication.
[...] Mais là n'est pas la finalité des Écritures. Les données de la foi ainsi atteintes sont elles-mêmes sacrement : par elles on est conduit au mystère par excellence, celui de la divinité du Christ, celui de la Trinité. Le Maître Intérieur Comment passer du signe, la parole qui frappe nos oreilles ou les lettres écrites, à la réalité, le Verbe éternel ? Dans le cœur de chaque croyant, habite le Maître intérieur qui nous parle : le Christ, le Dieu-homme, Rédempteur et Sauveur. [...]
[...] La prédication livrera alors aux fidèles l'intelligence du mystère donnée par le Seigneur lui-même. Cela, Augustin l'a découvert au contact même de l'Écriture qu'il prêchait, comme en témoignent ses homélies. En contemplant dans le loisir la Parole qu'il va porter aux autres, le prédicateur suit les traces de l'apôtre Paul, prêcheur incomparable, qui a été ravi au ciel avant de se mettre à prêcher, pressé par l'amour du Christ Co 5,13-14). Il est aussi semblable aux anges qui montent et descendent au-dessus du Fils de l'homme (Jn 51). [...]
[...] Mais il ne faut pas s'y arrêter (il faut en user et non en jouir) car tous ces biens sont transitoires : ils sont le véhicule qui transporte plus loin qu'eux ; ce véhicule nous conduit à la vision de Dieu, à la béatitude, à la jouissance de Dieu dans l'amour. Par ces données de la foi nous sommes conduits au mystère de la divinité du Christ, au mystère des trois personnes divines, au mystère du Dieu Amour. Les Écritures ne contiennent pas autre chose que la charité : elles n'ont donc pas d'autre but que de nous unir au Dieu Amour. Tout ce qu'elles nous enseignent a pour fin cet amour. Mais comment emprunter ce véhicule ? Comment avancer sur cette voie ? [...]
[...] Ce qu'il cherchait alors avant tout, c'était de faire partager son amour pour la Parole de vie. Dans le cheminement d'Augustin nous trouvons tous les aspects qui marqueront jusqu'à la fin de sa vie son approche de la Parole. Elle est une Parole qui se cache sous la lettre, une Parole qu'il faut lire et chercher à comprendre, une parole par laquelle il faut se laisser convertir, une parole qui fait l'objet de sa prédication. Comprendre la Parole L'Écriture, Sacrement du Verbe La première chose à faire, face à l'Ecriture, c'est de commencer par la lire en son entier Ancien et Nouveau Testament même si l'on n'y comprend pas grand-chose : La règle la plus sage à suivre pour pénétrer dans les profondeurs des divines Écritures, est de commencer par les lire tout entières afin d'en acquérir au moins la connaissance que peut en donner cette lecture, si l'on n'arrive pas encore à les comprendre. [...]
[...] Elles deviennent ainsi perceptibles à nos yeux, non par elles-mêmes, mais par les signes qui les représentent. L'Écriture est donc un véhicule indispensable pour abaisser jusqu'à nous la Parole de Dieu, car les sons passent, tandis que les lettres demeurent. C'est ce que Jean, par exemple, a fait en écrivant son évangile : Jean, du haut des cieux, a conduit le Verbe jusqu'à nous ; il l'a humilié, il l'a abaissé devant nous pour que nous ne soyons pas effrayés devant celui qui est grand, mais que nous nous approchions de celui qui est humble. [...]
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