charia, fiqh, islam, droit islamique, école hanéfite, sunnisme, zahir, batin
Cet article est écrit par Baber Johansen, sociologue et islamologue allemand, né en 1936 à Berlin. Il a fait des études islamiques, de la sociologie, de l'économie et du droit dans la Freie Universität de sa ville natale. Il a aussi appris l'arabe à l'Université du Caire où il étudiait l'histoire.
[...] Le qadi, obligé de trancher le litige, est donc aussi obligé d'utiliser des témoignages contradictoires. Il doit donc accorder sa préférence à l'un de ces témoignages contradictoires, conformément au système de présomptions légales, développé par les juristes et vu plus haut. Elles sont nombreuses et les muftis en ont constitué des listes complètes. Lorsqu'il n'arrive pas à départager entre les différents témoins le juge peut tenter d'adjuger l'objet de la demande à parts égales aux deux parties. Lorsque cela n'est pas réalisable et que les deux témoignages contradictoires peuvent avoir des effets juridiques différents, la préférence est accordée au témoignage disposant des plus grands effets juridiques. [...]
[...] La preuve reflète le pouvoir de reconstruction de la réalité et des apparences exercé par les témoins et les juges, selon des procédures fixes. La preuve n'est finalement qu'un outil, dont le jugement qui en découle est souvent temporaire. L'auteur dans sa démonstration le montre clairement. La vérité du zahir est relative et chancelante. En fait, ce n'est pas vraiment la vérité que l'on cherche, mais un équilibre à rétablir pour restaurer l'ordre dans la société. Le fiqh privilégiera donc la recherche de la paix plutôt que celle de la justice, la vérité qui se trouve dans le batin. [...]
[...] Cependant le jugement ne sera nullement annulé. Cela s'explique du fait que le juge établit une véritable alliance avec les témoins pendant le jugement créant un lien entre témoignage et jugement. Le qadi est ainsi le partenaire le plus fort de cette alliance, empêchant donc les témoins de le dissoudre. La révocation de faux témoignages ne restituant pas les droits des juges à tord L'auteur nous livre un exemple avec une affaire où les faits sont les suivants : une femme persuade deux hommes de témoigner que son mari l'a répudiée trois fois, afin de dissoudre les liens du mariage. [...]
[...] Cependant le juge n'a pas pour role de rechercher le batin, son seul role est de reconstituer par son jugement et en suivant la procédure et les preuves qu'il a les apparences, le zahir. Le juge n'a pas le pouvoir de Dieu. Néanmoins, le jugement du qadi n'est pas définitif contrairement à ce que pensaient Max Weber et certains orientalistes. Le juge connait des cas où il est obliger d'annuler son jugement : lorsque son jugement s'oppose aux textes sacrés ou lorsqu'il s'oppose au consensus des juristes. [...]
[...] Quand il y a contradiction sur le lieu et la date de l'événement traité, les dépositions ne sont acceptées qu'en tant qu'actes juridiques mais non sur les faits, le fait étant unique et l'acte pouvant se répéter n'importe où. Cependant, le droit islamique n'a pas véritablement développé d'examen des témoignages et des faits dans sa période classique. Il y a des exceptions où le juge peut refuser un témoignage quand des indices lui ont été transmis , sans y être obligé pour autant. [...]
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