Tout le monde s'accorde à reconnaître que dans l'Enarratio in Ps. 41, Augustin nous fait confidence de son expérience mystique, même si la dimension mystique de sa contemplation reste controversée pour des prières aussi célèbres que l'extase d'Ostie. Mais il est difficile de préciser à quelle étape de son cheminement a été prononcée cette homélie, car on ne peut en établir la date. Le P. Rondet, après avoir étudié la question à plusieurs reprises, conclut : « Avouons tout bonnement notre ignorance, tout en supposant une date postérieure à 405, à cause de l'absence de toute allusion au donatisme. Mais cette conclusion reste fragile ».
Quoi qu'il en soit, ce texte est de la même veine que de nombreux écrits d'Augustin et on y retrouve des constantes de son expérience personnelle et de son enseignement spirituel courant.
[...] La douceur de Dieu Dans la quête de ce Dieu immuable, la recherche active ne sert à rien si un attrait plein de douceur ne vient entraîner et ravir l'âme. Dieu commence par faire naître le désir de le posséder: il se manifeste d'abord comme une présence attirante. L'âme est conduite, attirée, rapta desiderio Toutes ces expressions sont le signe de la passivité de l'âme dans le dynamisme du désir qui l'entraîne à dépasser tout le créé pour tendre vers Dieu (cf. Conf., VII : rapiabar ad te decore tuo): atteindre Dieu n'est pas pour Augustin, comme cela l'est pour Plotin, le fruit du seul effort de l'homme. [...]
[...] Souvent il reprend ce thème de la vie nomade qui représente la durée de la vie chrétienne, du baptême à la mort, avec ses luttes et ses marches vers la patrie: les baptisés n'habitent pas encore la maison que sera pour eux l'Église du ciel (Tract. in Jo. epist ; En.in Ps 38, 21; S 11, 259, etc.) L'Église de ce temps vit sous la tente, exilée loin de sa maison, la patrie céleste, vers laquelle elle soupire et marche. Cette maison, c'est la Jérusalem céleste qui participe à l'immutabilité de Dieu: Tout est fixe, là où rien n'est passager (En. in Ps 6). C'est bien cela qui sera le cœur de l'expérience de l'âme : aliquid immutabile (En. [...]
[...] Cependant, l'utilisation de cette méthode ne doit pas tromper sur le fond de la pensée d'Augustin. Le P. Berrouard fait remarquer que si Augustin est redevable au néoplatonisme de cette méthode, celle-ci est pour lui non une méthode de contemplation, mais de préparation de l'intelligence et du cœur à l'intuition contemplative (cf. Conf 7,11 ; De Trin., VIII ; Epist ; Conf., VII ; IX, 24-25 et le parallèle avec Enn et 1). Le Dieu qui crée et qui appelle Mais quel est ce Dieu qui est au-dessus de l'homme? [...]
[...] Le spectacle de la beauté des créatures suggère une référence à Dieu: Mon interrogation, c'était mon attention; et leur réponse, leur beauté (Conf., 9). La beauté dont témoigne le monde est signe du passage du créateur qui a laissé en lui les traces invisibles de ses invisibles perfections. Mais pour Augustin, ce passage du créé à Dieu se fait par la médiation de l'esprit, par le retour à l'intériorité, comme le lui ont enseigné les néoplatoniciens (cf. Conf., VII, 16). [...]
[...] L'âme qui a découvert en elle la présence de Dieu comme vérité (cf. Conf., VII, peut alors lire dans les merveilles de la création la présence du créateur. C'est donc par la connaissance de l'âme qu'Augustin cherche à arriver à la connaissance de Dieu. N'était-ce pas déjà l'objet de sa recherche à Cacissiacum ? Connaître Dieu et l'âme: voilà ce que je désire (Sol 7). II existe cependant une radicale différence entre l'âme et Dieu: l'une est soumise au changement, l'autre est immuable. [...]
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