Théologie trinitaire, Emmanuel Durand, théologie de pèlerins, Richard de Saint-Victor, Thomas d'Aquin, béatitude divine, théologie
Dans ce texte, Emmanuel Durand tente de qualifier la théologie trinitaire comme une théologie de pèlerins. Il s'interroge sur le rapport entre l'exercice de la théologie trinitaire et la béatitude eschatologique. Il entend clarifier la corrélation objective entre la béatitude divine et le mystère trinitaire. L'auteur se penche ensuite sur une question plus technique, à savoir comment interpréter dans la Somme de théologie l'enchaînement inhabituel entre la dernière question du traité sur l'essence divine, consacrée à la béatitude, et la première question du traité sur la Trinité, consacrée aux deux processions trinitaires. Dans quelle mesure la théologie trinitaire peut-elle être qualifiée de « théologie de pèlerins » et quel est le rapport entre l'exercice de cette théologie et la béatitude eschatologique ?
[...] Le rôle de la béatitude divine dans la théologie trinitaire Dans la Somme de théologie, Thomas d'Aquin utilise de manière récurrente le terme de "béatitude". Cette insistance révèle l'importance capitale qu'il accorde à ce concept. Elle lui permet d'orienter et d'organiser sa réflexion trinitaire autour de ce thème directeur, contrairement à Richard de Saint-Victor pour qui elle servait de moyen de déduction rationnelle. Lorsque qu'il précise le lien entre béatitude et mystère trinitaire, il le fait de manière circonspecte et nuancée. [...]
[...] Dans sa réponse, Thomas d'Aquin formule de manière précise la distinction entre les "raisons suffisantes" et les "raisons de convenance". Il établit une délimitation claire entre ces deux types de raisons. Ainsi, les raisons suffisantes seraient à même de légitimer directement les attributs divins tandis que les raisons de convenance ne permettraient qu'un éclairage indirect des mystères révélés, sans prétendre à les démontrer par elles-mêmes. La formulation rigoureuse et dichotomique employée par l'Aquinate pour distinguer ces deux concepts révèle l'effort méthodique entrepris par le théologien pour réguler de façon mesurée et ordonnée le recours aux arguments rationnels au cœur même de l'élaboration doctrinale. [...]
[...] Tout d'abord, il analyse l'approche de Richard de Saint-Victor sur la déduction de la Trinité à partir de la béatitude. Dans un second temps, il étudie la critique de Thomas d'Aquin sur le raisonnement de Richard de Saint-Victor. Enfin, il interroge le rôle de la béatitude dans la structure de la Somme de théologie de Thomas d'Aquin. L'approche épistémologique de Richard de Saint-Victor Au niveau de la forme, Richard de Saint-Victor expose clairement sa méthode dès le prologue du De Trinitate. [...]
[...] Alors que Richard envisage de déduire rationnellement certains aspects de ce mystère à partir de la notion de béatitude divine, Thomas refuse une telle prétention spéculative. Il distingue nettement les raisons suffisantes, pouvant justifier les attributs divins, des raisons de convenance qui n'éclairent la foi qu'indirectement. Si la béatitude divine joue un rôle structurant dans sa réflexion théologique, ce n'est pas comme principe démonstratif mais comme guide pour l'ordre du discours. Cette nuance révèle l'effort thomasien pour soumettre l'usage de l'argumentation rationnelle en théologie à une juste mesure épistémique, évitant tout concours excessif de la raison face à la révélation. [...]
[...] - Emmanuel Durand (2008) - Dans quelle mesure la théologie trinitaire peut-elle être qualifiée de « théologie de pèlerins » et quel est le rapport entre l'exercice de cette théologie et la béatitude eschatologique ? L'article étudié a été écrit par Emmanuel Durand. Il s'agit du texte d'une conférence prononcée le 1er décembre 2006 au Saulchoir à Paris, à l'occasion de la Journée annuelle de la Société thomiste. Dans ce texte, Emmanuel Durand tente de qualifier la théologie trinitaire comme une théologie de pèlerins. [...]
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