L'auteur de La Peur des représentations relève dans l'attitude judaïque concernant la représentation une influence des textes religieux : « Tu ne feras point d'image taillée, ni rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là- haut ou sur terre, ici-bas ou dans les eaux, au-dessous de la terre. » Par ailleurs, les descriptions physiques verbales étaient autorisées. Le changement d'attitude concernant les représentations au sein de cette culture, de cette religion peut se marquer historiquement avec l'avènement de la révolution russe de 1905. Ainsi, Chagall commence à peindre peu après, dans les années 1907-1908.
Dans le judaïsme, le rejet des représentations picturales, des icônes, est lié à l'unicité de la création de Dieu. Dieu est la cause de toutes choses, il est le créateur. Vouloir créer des images de Dieu revient alors à le défier sur le terrain de la création.
[...] Pour l'auteur, il s'agit de dilemmes, d'opérations cognitives et de contradictions au sein de situations culturelles qui sont devenues des coutumes. Le monde moderne se caractérise par la profusion des images. L'auteur se demande cependant si on peut discerner chez les peintres modernes abstraits une continuation des problèmes posés par la représentation du divin. Il reprend pour cela le travail d'A Besançon évoqué précédemment. Ce dernier parle d'iconoclasme pour des peintres comme Kandinsky pour qui Peindre ce monde ne vaut pas une heure de peine. [...]
[...] L'auteur nous explique par ailleurs qu'il a jusqu'ici utilisé les termes icônes et iconoclasme dans un contexte religieux, car cela lui permettait de rendre compte de la création des images en Afrique. Il note à présent que notre époque a elle aussi ses propres iconoclasmes au travers des représentations utilisées en politique. Il évoque les cas de Mussolini, d'Hitler, de Staline et montre comment la destruction systématique des représentations (à la suite d'une déchéance de statut), marque la volonté d'effacer un monde pour en construire un nouveau. Il est à chaque fois question de faire table rase du passé par la destruction de ce qui le représente. [...]
[...] La réticence en Afrique, envers le Dieu créateur s'explique pour les philosophes et les théologiens par le problème du mal. Toute création est à la fois mélange de bien et de mal. On peut prendre pour exemple le récit de la genèse et de la faute première, cause du bannissant d'Adam et Eve du paradis originel. Il existe cependant un besoin permanent de représenter. L'auteur évoque ensuite la position panthéiste qui voit Dieu partout, dans toute création naturelle et donc pour qui une représentation de Dieu est parfaitement inutile. [...]
[...] Les plus radicaux réprouvaient jusqu'à la simple idée de représenter le divin. Mais les images ont toujours eu tendance à revenir. Par ailleurs, L'introduction de la statue-reliquaire, invention de l'Occident carolingien, contribua à résoudre le problème parce que l'adoration portait sur la relique (la personne elle-même) et non sur l'image . A Besançon[3], oppose un divin païen immanent au monde au Dieu biblique, transcendant, invisible, inimaginable par essence Comme l'explique Goody, Le premier donne naissance à une infinité de formes plastiques ; le second, à l'ambivalence . [...]
[...] Les premiers bouddhistes se sont également retrouvés confrontés à l'interrogation concernant la représentation de Dieu. La figure de Bouddha est restée longtemps absente des différentes représentations qui pouvaient cependant le concerner (notamment dans la représentation de sa vie). Ainsi la question n'était plus comment représenter l'inimaginable, mais comment imaginer celui qui jusque-là n'a pas eu d'image. . Pour l'hindouisme, les images sont faites pour les ignorants, elles font obstacle à une vraie intelligence. L'ambivalence concernant les images tient au fait que ces dernières sont suspectées de faire sens pour la masse. [...]
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