Les conséquences de la canicule de 2003, les médias qui relatent de faits de maltraitance sur les personnes âgées en milieu hospitalier, le manque de soins et d'aides qu'on leur accorde… Voilà de quoi relancer une fois de plus le sujet sur l'attention qu'on leur porte.
Aujourd'hui, de nombreuses personnes âgées se voient malgré elles dans la nécessité de recourir à une aide médico-sociale, que ce soit par le biais d'une aide à domicile, d'une maison de retraite, d'un hôpital spécialisé ou autre, en raison du grand âge et de ses conséquences : autonomie décroissante, perte d'équilibre, santé défaillante etc.
Se pose alors la question du rapport au logement : une fois le pas franchi dans une maison de retraite, la personne âgée a-t-elle les moyens de se sentir toujours dans un « chez soi » ou devient-elle juste un occupant d'un logement attitré ? On serait tenté de croire, vu ce que l'on peut entendre de part et d'autre, qu'une fois pensionnaire d'un EHPA (établissement d'hébergement pour personnes âgées), ces personnes se sentent déposséder de leur espace personnel à différentes échelles : quartier, lotissement, logement et y habitent bon gré mal gré, juste pour des raisons de sécurité ou médicales qui les rassurent. On souhaite surtout que ce ne soit qu'une idée fausse car il arrive aussi, et c'est fort heureux, d'entendre des gens pleinement satisfaits de leur établissement d'accueil.
Pour en savoir plus, j'ai voulu étudier les relations d'une personne âgée à l'espace privé qu'elle occupe au sein de son hébergement et voir :
En quoi l'intégration d'une personne âgée dans un foyer adapté à son statut peut être réussie et comment s'approprie-t-elle ce nouveau logement ?
Pour cela, j'ai téléphoné à la directrice d'une résidence pour personnes âgées dans un quartier en périphérie de Lyon. Elle m'a tout de suite accordé un rendez-vous avec un des pensionnaires que je ne connaissais pas. Je tiens à souligner de ce fait n'avoir aucun lien de parenté avec ce monsieur, afin de concevoir un document le plus objectif possible.
M'étant documentée au préalable à ce sujet, plusieurs hypothèses m'ont interpellée :
Il est possible qu'une personne âgée vienne dans un foyer adapté à ce public sans en avoir vraiment besoin mais parce qu'elle le ressent.
Il se peut que la transition entre le logement d'origine et celui du foyer soit bien vécue.
Il est également fort probable qu'une fois résidant dans une telle institution, la personne âgée conserve pleinement sa personnalité et ne soit pas réduite à une personne parmi d'autres.
[...] Ce lieu porteur de tant de souvenirs était maintenant abandonné ; l'environnement où résonnait le passé n'était plus et là, dans ce nouveau logement, les souvenirs ressurgissaient plus violemment. Il n'aurait jamais pensé à quel point il serait difficile d'oublier tout cela. J'ai assisté au récit de son histoire et à ses confidences en partageant son émotion. J'avoue avoir été très embarrassée d'en être arrivée au point de lui faire conter tout ceci, de part la tristesse que cela engendre mais aussi parce que je ne suis qu'une inconnue pour lui. [...]
[...] Le fait de se plier à des horaires contraignants et réguliers pour voir des personnes tous les jours ou tous les 2 jours était loin de l'enthousiasmer. Il aurait pris cela comme une atteinte à sa liberté et ne se serait plus senti maître de chez lui. Le foyer pour personnes âgées présente donc une alternative à ses envies puisqu'elle offre à la fois une grande part de liberté, le logement étant individuel pour chaque pensionnaire, et un sentiment de sécurité. [...]
[...] Il se rend dans une MJC où il s'adonne à sa nouvelle passion, après avoir exercé la peinture quelques années. Mais les gestes se faisant plus hésitants, moins précis, il décida de laisser l'art en 2D pour se consacrer à quelque chose de plus ludique et de plus manuel. J'ai d'ailleurs remarqué, dans les statuettes qu'il m'a montrées, une forte influence asiatique : en effet, toutes comportent plus ou moins des airs de dragon, d'esprit aux allures de monstres sacrés comme on en voit lors du nouvel an chinois. [...]
[...] Il y a 4 ans, il a emménagé dans un 80m² dans une résidence de la banlieue lyonnaise. C'est un véritable déracinement, bien qu'il ait toujours habité non loin de là. Son appartement lui renvoie l'image d'une prison, il est seul, la résidence est difficile d'accès et Monsieur C. craint que s'il lui arrive quelque chose, une mauvaise chute par exemple, les secours ne puissent arriver à temps pour le secourir. C'est sa fille aînée, psychologue de métier, qui lui donne le nom et l'adresse du foyer pour personnes âgées. [...]
[...] Comment s'est passée votre arrivée et qu'elles ont été vos premières impressions ? J'avais perdu tous mes repères. Je quittais un logement que je n'aimais pas vraiment et là, je ne savais pas à quoi m'attendre. Mais cette résidence m'a tout de suite plu. Je n'ai pas eu cette impression de confinement que je ressentais avant. J'apprécie beaucoup ce nouveau logement pour sa terrasse qui semble agrandir l'espace et pour la vue dont je privilégie. Etant habitué à la solitude depuis 15 ans, me retrouver seul à nouveau n'était pas un problème. [...]
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