La littérature et la psychanalyse sont-ils les derniers lieux d'hospitalité inconditionnelle ?
[...] Pour Michaud, on comprend que cette hospitalité passe par le secret. il nous donnerait à penser quelque chose du côté de la jouissance d'une liberté d'être-sujet. Et aussi, en même temps, un retrait infini du sens dans sa fuite vers l'indéchiffrable, l'indicible, quelque chose de l'ordre du réel lacanien. Il apparaît que le secret chez Michaud relève de l'ordre d'une vérité, certes absolue, mais qui ne se donne pas à l'identification ni à « l'assignation à résidence », c'est une vérité voilée, que l'on peut associer selon Lacan au champs de l'inconscient, trace à la fois de notre subjectivité absolue et marque évidente de l'altérité. [...]
[...] La déconstruction a à voir avec la mésaventure dans laquelle une autre signification, présente dans le texte, peut ou peut ne pas devenir claire. La lecture déconstructive accorde une attention particulière aux lignes de touche et aux encadrements qui, à travers de nouvelles contextualisations, permettent de nouvelles lectures qui deviennent donc de nouveaux écrits. La déconstruction révèle l'absence d'une signification transcendantale et de références objectives qui pourraient surmonter les problèmes de réalité et d'objectivité. Le sujet de l'intertextualité est toujours dans la ligne, ou, comme dirait Nietzsche (un auteur cher à Derrida), « il » est toujours une interprétation. [...]
[...] Il n'y a pas de nouveauté dans la description et la discussion d'une relation entre Psychanalyse et Littérature. Beaucoup a déjà été écrit sur le sujet - déliant et reliant les différents points de vue. Il y a dans cette relation à la fois l'union et la disjonction, dans la perspective d'une rencontre théorique aussi nécessaire qu'impossible. Ce qui prévaut dans la comparaison, c'est la différance [différence / report], ce signifiant derridien qui deviendra l'un des principaux enjeux de cette présentation de l'oeuvre de Ginette Michaud et qui fait du sens un item toujours plus éloigné de celui ou celle qui le caractérise. [...]
[...] Elle est cette escroquerie nécessaire dont parle Lacan, cette tricherie salutaire selon Barthes. Derrida, après avoir dénoncé la métaphysique inhérente à l'idée de signe, prétend que le langage parlé représente en soi une écriture. Ce renversement implique une profonde modification du concept d'écriture: il faut maintenant admettre que le « langage original naturel » n'a jamais vraiment existé, il a toujours été écrit. C'est le concept d'archi-écriture, un autre nom pour la différance (déférence / différence). Michaud explique que Derrida a appliqué les mêmes principes déconstructeurs à sa lecture de l'œuvre de Lévi-Strauss. [...]
[...] Sous l'égide de l'hospitalité, elle tient le secret pour bastion contre le totalitarisme devant l'éternel. Il faut savoir entendre sa propre parole avant d'entendre la langue, il faut pouvoir allier au(x) corps l'expression d'un dessein politique au sens large. Ce rapport passe certainement par une (re)découverte d'une présupposée langue mère ou trésor qui saurait surpasser la paradoxe de Babel. Bibliographie BARTHES, Roland, and Annette LAVERS. Mythologies. Penguin DERRIDA, Jacques. La Carte postale de Socrate à Freud et au-delà. Paris, Aubier Flammarion, 1980). [...]
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