Communication d’un cas de paranoïa en contradiction avec la théorie psychanalytique

Résumé du document

En 1915, Freud nous confie l'analyse d'une patiente qui lui avait été envoyée quelques années auparavant par un avocat de renom. Celui-ci était désireux d'avoir l'avis médical préalable d'un psychiatre, avant d'entreprendre sa propre investigation plus en profondeur. Au fil de son rapport, Freud nous fait part de ses impressions diagnostiques au sujet de cette jeune patiente.

Lors de sa première rencontre avec le juriste en question, celui-ci lui explique qu': « une jeune dame s'était adressée à lui pour trouver protection contre les persécutions d'un homme qui l'avait amenée à lier avec lui des relations amoureuses. Elle affirmait que cet homme avait abusé de sa complaisance pour faire prendre par des spectateurs invisibles, des photographies de leurs tendres ébats ; alors il était en son pouvoir de la couvrir de honte en montrant ces images, et de la contraindre à ne plus lui résister ».

Extraits

[...] Elle demanda évidemment des explications auprès du jeune homme qui réussit à la rassurer, en lui inspirant suffisamment de confiance pour la convaincre de réitérer l'expérience. La suite, nous la connaissons puisqu'elle n'est guère différente du récit de sa première rencontre avec Freud. L'analyse de Freud Freud, à l'écoute de ces nouvelles informations, n'a maintenant plus aucun doute sur la nature morbide de la suspicion. Il place en avant la vielle femme aux cheveux blancs comme le substitut maternel, qui devait nourrir la doctrine psychanalytique. [...]

[...] Au lieu de prendre la mère comme objet d'amour, elle s'est identifiée à elle, elle est devenue elle-même la mère 216). En devenant la mère, elle devient aussi celle qui peut consommer légitimement l'amour avec le père. Freud pousse encore davantage son analyse, il émet ainsi l'hypothèse que le tintement en question n'est peut-être qu'une illusion mnésique apparue à la rencontre des deux hommes de l'escalier. Il explique aussi qu'«un tel déplacement dans le souvenir est justement fréquent dans la paranoïa 216). [...]

[...] Freud pousse plus loin encore ! Rappelons que la jeune femme étendue sur le lit était là pour la jouissance. Ainsi donc, son cœur qui probablement battait la chamade à ce moment-là devait propulser du sang dans toutes les parties de son corps. Son clitoris, gonflé par le plaisir subissait donc l'assaut répété de sang chaud. Un assaut qui peut très bien être interprété comme une sensation de battement ou de frappement sur le clitoris Elle projeta sans doute ensuite cette sensation sur un objet externe, d'où le tintement de l'appareil photographique, il s'agit donc ici d'un mécanisme de projection. [...]

[...] Mais la question que nous pouvons légitimement nous poser est : ce tintement en question, s'agit-il d'une illusion mnésique, d'une hallucination accoustique, ou bien y a-t-il effectivement eu un bruit Avons-nous assez d'informations pour répondre à cette question ? Une discordance Ce délire paranoïaque, nous l'avons dit plus tôt, aurait pu être en parfaite concordance avec la théorie psychanalytique, sans un transfert de l'objet d'amour passant de la vieille dame au jeune courtisan. C'est ce changement que Freud va qualifier de régression. [...]

[...] Elle affirmait que cet homme avait abusé de sa complaisance pour faire prendre par des spectateurs invisibles, des photographies de leurs tendres ébats ; alors il était en son pouvoir de la couvrir de honte en montrant ces images, et de la contraindre à ne plus lui résister (p.209) Par le récit de ce juriste, nul doute que Freud avec son expérience avait déjà pu se faire une première impression de cette patiente, qu'il rencontrera peu de temps après. C'est justement lors de leur première rencontre qu'il découvre une jeune femme d'une grâce et d'une beauté peu commune (p.209/210). Freud se trouve cependant confronté à la défiance de cette jeune femme. Lors de la première exposition de son récit, celle-ci ne se trouva en rien gênée par l'émission de son histoire qui, en toute vraisemblance aurait dû être perturbé par la présence d'un interlocuteur étranger (p.210). [...]