Les établissements chargés de l'accueil de ces enfants ont souvent été mis en cause, voire stigmatisés comme des lieux dans lesquels, aux difficultés antérieures vécues par l'enfant et à la douleur de la séparation, s'ajoutaient les souffrances et carences regardées comme inéluctablement liées au séjour en leur sein. De fait, de multiples défis sont à relever si l'on prétend faire de ce temps vécu en institution un temps à la fois protecteur, restaurateur et constructif pour l'enfant.
La pouponnière, dans laquelle nous avons effectué notre stage, accueille une trentaine d'enfants âgés de quelques jours à trois ans. Les trois principaux motifs de placement sont : une séparation parents-enfant(s) sur décision judiciaire, une incapacité ponctuelle des parents à prendre en charge leur(s) enfant(s), ou un abandon. Dans ce mémoire, nous nous proposons de penser, et de tenter de « définir », le « rôle » d'un psychologue en pouponnière, tout en abordant la spécificité du fonctionnement psychique des très jeunes enfants accueillis en ce lieu.
Dans ce travail, nous évoquerons un socle théorico-clinique sur lequel nous avons élaboré notre conception de la maturation du petit d'homme. Nous envisagerons en premier lieu les besoins psychiques de l'enfant, puis la place du corps et des interactions dans l'émergence de la vie psychique, et enfin la psychopathologie infantile des enfants carencés, accueillis en pouponnière.
L'objectif est de concevoir notre travail de mémoire et nos observations, à partir des repères que nous pouvons aujourd'hui avoir sur le développement d'un petit enfant, de la naissance à trois ans. Le psychologue garde toujours présente cette sorte de trame maturative à laquelle il se réfère spontanément.
Les rencontres parents-enfants se font toujours en présence d'un tiers, souvent nécessaire dans la relation parent(s)-enfant. Il reste présent tout au long de la rencontre. Pour chaque situation d'enfant il est possible que le type d'accompagnement puisse évoluer dans le temps pour s'adapter aux changements observés dans les relations parent(s)-enfant. C'est le repérage des capacités d'individuation et d'autonomisation psychique de l'enfant qui va en grande partie guider cette évolution, ainsi que la nature et la qualité de la relation entre le(s) parent(s) et l'enfant.
L'observation de la qualité de l'exercice de la fonction parentale dans le cadre des visites à la pouponnière, permet concrètement d'aménager le temps et l'organisation des visites pour chaque enfant, en fonction de la problématique parentale et des éléments à travailler avec le ou les parents. En fonction de la qualité des rencontres, certains enfants bénéficient de sorties libres autorisées avec leurs parents en journée, parfois même, ils peuvent dormir une nuit par semaine chez leurs parents.
Les expériences cliniques relatées ci-après, nous permettront de mieux comprendre la particularité du métier de psychologue clinicien au sein d'une structure avec ce mode de fonctionnement particulier, qui permet d'accueillir des jeunes enfants tous les jours de l'année avec le souci premier de leur bon développement physique et psychique.
[...] Les visites médiatisées Une petite maison est située à côté de la pouponnière. Ce lieu est dédié aux visites médiatisées c'est-à-dire, aux rencontres de l'enfant avec sa famille en présence d'une personne de la pouponnière. Lors des visites, les parents sont accueillis aux jours et heures convenus, par les accompagnatrices qui travaillent à la petite maison, ou par la psychologue, une infirmière, ou le référent social selon les situations. Les parents ont également la possibilité de sortir dans le jardin avec leur(s) enfant(s). [...]
[...] Ce projet a été annoncé à Cécile, qui a de suite investi l'idée d'un avenir dans une famille d'accueil, chez une tatie La demande des auxiliaires du groupe, à mon égard, pour Cécile, intervient dans un contexte où aucune information ne peut lui être donnée quant à ce projet. L'assistante familiale serait en formation mais aucune date de rencontre n'a été donnée aux services de la pouponnière. La référente ASE de Cécile a changé cette année et il est difficile pour les professionnels de la pouponnière d'obtenir des informations supplémentaires. Cécile était donc au moment de notre première rencontre dans une incertitude à laquelle les auxiliaires de puériculture ne pouvaient répondre concrètement. En effet l'auxiliaire du groupe, inquiète, m'a interpellée pour me confier les difficultés rencontrées avec Cécile. [...]
[...] Chez Daniel Stern, l'empathie est très proche de l'accordage affectif. Il s'agit de la capacité à se mettre à la place de l'autre par le partage d'affects, de représentations ou d'actions. Serge Lebovici donne une fonction métaphorisante, interprétante, à l'empathie. On sait qu'il a mis très tôt l'accent sur le bain d'affects entourant le nourrisson, et c'est au travers cette même notion d'affect qu'il envisage l'empathie. L'empathie représenterait alors une compréhension affective qui s'opposerait à une compréhension rationnelle. L'effet de l'empathie serait donc inauguré par une écoute qui arrive à être particulièrement attentive au non verbal, au ressenti de l'autre. [...]
[...] L'enfant apparaît dans sa réalité tangible (description plutôt qu'interprétation). Ainsi la description et la prise de décision s'inscrivent dans ce qui se passe réellement. - De plus, elle organise et maintient la fonction d'attention sur l'enfant. Elle permet à l'enfant de se sentir exister aux différents moments de la journée. - Enfin, elle permet à l'adulte responsable de l'enfant de se sentir plus apte à recevoir les émotions de l'enfant, et donc à adapter ses réponses. Le risque est pourtant que ces observations n'aient pas les effets souhaités en raison du désintérêt de l'équipe ou de la banalisation de cette pratique. [...]
[...] Elle a passé beaucoup de temps sans jouer, désœuvrée, à geindre. Cécile a eu besoin de temps pour se sécuriser, elle a éprouvé des difficultés à nouer des liens de confiance avec l'adulte. Cécile présentait des traits de carence affective, elle abandonnait des activités en cours pour solliciter des câlins, demandait sans cesse l'attention de l'adulte. Elle me semble aujourd'hui encore en quête constante de l'attention de l'adulte, de câlins Les contacts venant en réponse à ses demandes, restant superficiels et dépourvus de spontanéité maternelle, ils ne paraissent pas la nourrir réellement sur le plan affectif. [...]
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