Nous nous sommes intéressés dans ce travail à la possibilité de prédire le retour à la conduite automobile après une lésion cérébrale. En nous appuyant sur le modèle cognitif de la conduite automobile de Michon (1985) et sur les travaux de Fattal (2006), nous avons mis au point une batterie de tests neuropsychologiques que nous avons utilisée auprès de 40 sujets cérébrolésés. Nous avons alors réparti ces sujets en deux groupes après qu'un moniteur auto-école agréé et spécialement formé à ce type de pathologie les ait évalués sur route (31 ont été jugés aptes à conduire, 9 ont été jugés inaptes) et avons comparé leurs résultats. La différence entre les deux groupes s'est avérée significative d'un point de vue statistique.
Cette batterie nous a permis une classification correcte dans 100 % des cas, avec une probabilité d'une valeur supérieure à 99% pour 38 d'entre eux, et respectivement de 82,9% et 51,6 % pour les deux derniers. Nos résultats nous autorisent à dire qu'il est possible de prédire la capacité de retour à la conduite après une lésion cérébrale à l'aide d'épreuves spécifiquement choisies pour cela. Il sera nécessaire, une fois les distributions normalisées grâce à un effectif plus important, d'effectuer une analyse en composantes principales puis de vérifier la valeur prédictive de notre batterie (...)
[...] Au niveau tactique, les fonctions mises en jeu sont principalement exécutives et attentionnelles : impulsivité, flexibilité, capacités d'inhibition, de concentration, de planification, d'adaptation, vitesse de traitement de l'information. Enfin au niveau opérationnel, ce sont les fonctions automatisées qui sont en jeu, faisant appel par exemple à la perception visuo-spatiale, ou au temps de réaction REVUE DE LITTERATURE Présager des difficultés fonctionnelles liées aux déficits moteurs ou sensoriels reste relativement simple. Les séquelles motrices et neuro-motrices des patients cérébrolésés modifient l'accès au poste de conduite, mais cela ne représente plus un obstacle majeur à la reprise de la conduite automobile. [...]
[...] Celles qui existent le font en termes de comportement, de performances, de compétences, de capacités, etc. Conduire demande des capacités perceptivo-motrices automatisées, des jugements adéquats sur les conditions d'encombrement et de circulation, et la capacité de faire face à des situations dangereuses. Le conducteur est vu comme un receveur d'informations –passif- et comme un preneur de décisions –actif-. Il doit donc avoir des capacités perceptivo-motrices, d'attention, de contrôle, de prise de décision et de comportement exécutif suffisamment préservées LE MODELE DE SYSTEMES DE CONTROLE : SHIFFRIN ET SCHNEIDER, (1977), SUIVI DU MODELE DE NORMAN ET SHALLICE, (1980) La modélisation du traitement de l'information fait référence à la perception, la prise de décision, la sélection de la réponse et l'exécution d'une série d'actions dans lesquelles l'information est successivement transformée et utilisée. [...]
[...] Il est pourtant bien connu que parfois les conducteurs choisissent volontairement de dépasser les limites de vitesse, parce qu'ils sont en retard par exemple, ou veulent doubler une voiture moins puissante LE MODELE MOTIVATIONNEL (SUMMALA, 1997) Les modèles motivationnels de la conduite considèrent la prise de risque comme une part importante de la sécurité routière. Les conducteurs seraient ainsi en balance permanente entre le niveau de risque perçu et un niveau (subjectif) acceptable de prise de risque. Ces modèles se concentrent donc sur ce que le conducteur fait, dans l'instant, plus que sur ses capacités de conduite. [...]
[...] Et de fait, la sensibilité de quelque test que ce soit, pris individuellement, ne peut sans doute qu'être très faible. C'est la raison pour laquelle nous pensons qu'une batterie d'exploration s'impose afin que la sensibilité puisse recouvrir toutes les facettes neuropsychologiques impliquées. La plupart des tests s'intéressent d'ailleurs chacun à plusieurs facettes des fonctions cognitives et impliquent plusieurs variables à la fois (perceptives, motrices, ) : c'est le cas de toutes les épreuves qui font appel à une tâche motrice pour analyser les fonctions attentionnelles, l'exploration visuo-spatiale (Trail Making Test, Barrage de cloches, etc.). [...]
[...] Nous tenterons de montrer qu'une batterie de tests neuropsychologiques peut être prédictive de la capacité à reconduire, en mesurant la concordance entre les résultats obtenus et l'évaluation en situation réelle, pointant ainsi l'avantage d'une collaboration entre expertise neuropsychologique et écologique. L'étude que nous avons menée a comporté la mise au point d'une batterie de tests, permettant une évaluation aussi précise et complète que possible des fonctions supérieures concernées lors de la conduite automobile. Elle a été utilisée de façon systématique pour le bilan neuropsychologique précédant la mise en situation sur véhicule. [...]
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