La répétition transgénérationnelle dans la maltraitance intrafamiliale à enfants

Résumé du document

L'hypothèse à la base de ce travail est celle d'une transmission de génération en génération de la maltraitance intrafamiliale à enfants à travers l'instance du SurMoi, à travers le mécanisme d'identification. En effet, l'étude de la relation entre la constitution du psychisme et la répétition transgénérationnelle de la maltraitance m'a conduite à envisager le rôle de l'identification dans le passage à l'acte violent envers ses enfants. Je me réfère pour cela à la théorie analytique selon laquelle les mécanismes psychologiques qui sous-tendent cette répétition ressortissent des différentes formes de l'identification...

Extraits

[...] avec qui elle a gardé de bons contacts. Mme C. (la mère) est l'aînée d'une fratrie de 4 enfants. Elle a eu une enfance malheureuse avec des parents alcooliques et un père violent avec sa femme et ses enfants. Elle vécut maritalement pendant 4 ans avec un homme qui la frappait. Elle se maria à 21 ans avec M. D., avec qui elle eut deux enfants : A. et J. mais se sépara de celui-ci quelques années plus tard. [...]

[...] Par identification, disons par introjection de l'agresseur, celui-ci disparaît en tant que réalité extérieure et devient intrapsychique ; mais ce qui est intrapsychique va être soumis[ ] au processus primaire, c'est- à-dire que ce qui est intrapsychique peut, suivant le principe de plaisir, être modelé et transformé d'une manière hallucinatoire, positive ou négative" (FERENCZI S p. 130) Ainsi un clivage va se faire où le bon objet, le parent nourricier, restera au dépend du mauvais objet, l'agresseur, qui sera forclos. Mais ceci ne se fera pas sans une culpabilité inhérente qui sera privée de son objet étant forclos. [...]

[...] "Lors de la destruction du complexe d'Œdipe, l'investissement objectal de la mère doit être abandonné" (FREUD S p. 244) il en est de même pour le père, les désirs amoureux éprouvés à leurs égards doivent être désexualisés et remplacés par des identifications. De là, résultent deux identifications : l'identification à la mère et l'identification au père. Selon LAPLANCHE et PONTALIS, l'identification est le "processus par lequel un sujet assimile un aspect, une propriété, un attribut de l'autre et se transforme, totalement ou partiellement, sur le modèle de celui-ci ; la personnalité se constitue et se différencie par une série d'identifications" (19). [...]

[...] J'aimerais bien être avec la famille d'accueil d'avant, sinon je vais chez un voisin et je cours chez elle". Elle a peur que sa mère croit qu'elle ne l'aime plus et qu'elle l'abandonne et, de ce fait, elle nous répète qu'elle "l'aime sa maman". Enfin, suite aux signalements de l'école, un contact a été établi avec celle-ci, la maîtresse a alors répété ce qu'A. lui avait dit : "j'ai des bleus aux fesses, maman tape fort mais elle veut pas que je le dise, c'est mamie qui m'a dit de t'en parler", c'est à la suite de cet événement que le suivi s'est mis en place. [...]

[...] De plus, lors d'une sortie avec l'assistante sociale qui les suit, les enfants ont été très agressifs entre eux et envers les animaux de la ferme. A. nous explique, lors d'un entretien, que sa mère s'énerve parce qu'A. "crie : ses frères l'empêchant de dormir le matin, elle pousse donc un cri, sa mère se lève et les tape alors après A. est tranquille" et que parfois elle fait "son bordel" : "je ferme la porte, j'allume la lumière, je sors tous les jouets et je saute sur le lit". [...]