Le but de cette étude est de contribuer à clarifier les mécanismes de reconnaissance des visages et de mettre en évidence les effets de la modalité d'encodage (auditif ou visuelle) sur la récupération du prénom et de la profession chez des jeunes, des âgés sains et des patients atteints d'une démence de type Alzheimer. Afin de déterminer plus précisément l'existence d'une perturbation de la reconnaissance des visages et son éventuelle explication, nous avons testé de façon systématique la reconnaissance et la dénomination des visages en nous attachant à étudier spécifiquement l'effet de la modalité d'encodage (visuelle ou auditive) sur la reconnaissance des visages, celle-ci étant très peu étudiée au cours de ces dernières années. Dans cette perspective, un paradigme original d'apprentissage associatif « visage-prénom-profession » parait être une approche pertinente où les performances de 60 sujets répartis en trois groupes sont analysées. Les résultats portent sur les performances des sujets (taux de bonnes réponses) et sur le temps de réponse. Les résultats obtenus mettent en avant une plus grande difficulté des personnes âgées à reconnaitre un visage, une meilleure performance pour la récupération de l'information sémantique chez les âgés sains et les jeunes adultes ainsi qu'une dégradation des connaissances sémantiques chez les patients atteints d'une démence de type Alzheimer en terme de performances. En revanche, nous n'observons aucune supériorité de l'encodage auditif par rapport à l'encodage visuel en termes de performance.
[...] Par contre, la perte de l'information non sémantique d'un message est plus rapide pour le mode auditif que le mode visuel (Lehman, 1985). Quand l'information est présentée par le canal auditif, les performances de rappel immédiat sont meilleures avec un rétrocontrôle immédiat qu'avec un rétrocontrôle différé ; ceci s'accorde avec le fonctionnement de la mémoire de travail et l'observation d'une interférence en présence d'une parole non pertinente (Miles, Madden & Jones, 1989). Sur cette base, plusieurs études évaluant le rappel libre et/ou la reconnaissance de listes de mots ont montré l'existence d'un effet de la modalité qui se traduit par une supériorité de restitution de mots ayant été présentée dans la modalité auditive. [...]
[...] James & Lori (2004) ou encore James (2006) ont travaillé auprès de personnes âgées et ont montré qu'avec l'âge on avait plus de difficulté à se remémorer le prénom d'un visage que l'information sémantique (profession ou nationalité). Dans une étude récente, à l'instar de Mc Weeny, Young, Hay & Ellis (1987) et Cohen (1990), James et al. (2004) ont observé que la récupération des noms propres (en particulier ceux des individus) posait plus de problèmes que la récupération des noms communs. Ils ont également constaté que l'âge avait un effet délétère sur la récupération de cette association: plus la personne était âgée, plus elle avait du mal à redonner l'association. [...]
[...] Tous les sujets âgés sains sont soumis au MMSE (score supérieur à 27) et au GDS, ont une vision normale ou corrigée correctement. Aucun sujet âgé ne porte d'appareil auditif et il est à noter que les personnes âgées saines proviennent de milieux socioculturels variés. II. Matériel Le paradigme utilisé est une tâche originale d'apprentissage associative prénom-visage Celle ci a été mise au point par J. Stern en 2008 et est inspirée des travaux réalisés chez l'adulte de Tsukiura et al. (2006). [...]
[...] Les modifications pathologiques précoces qui affectent la formation hippocampique et le cortex enthorinal rend particulièrement difficile la reconnaissance des visages nouveaux et même, à un stade avancé, la reconnaissance des visages familiers. Ces déficits sont retrouvés par plusieurs études, notamment celle de Moreaud et al. (1996), Dunn & Clare (2007) ou encore Werheid & Clare (2007). Ces travaux cherchaient à montrer si les troubles de la dénomination des visages chez les patients atteints d'une DTA étaient dus à une atteinte sémantique, soit par atteinte du stock, soit par un problème d'accès à ce stock. [...]
[...] Chaque code a ses propres caractéristiques, et en particulier une durée de vie qui lui est propre. La capacité de la mémoire à court terme en matière d'information auditive ou écrite présentée en série dans des conditions normales de présentation est d'environ sept items. Comparé au système visuel, le système perceptif auditif est plus sensible au temps et à la chronologie des événements qu'à l'espace. Il est donc particulièrement efficace pour l'encodage et la réminiscence d'items sériels comme des listes de mots (Watkins et al., 1992). [...]
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