La perception du monde qui entoure une personne typique se fait sans effort. Entendre, voir, sentir, toucher ou ressentir le goût de ce qui nous environne sont des expériences qui ne représentent aucune difficulté pour la plupart des individus. Cependant, il existe des populations pour qui la perception est différente. Cette dernière se révèle moins accessible à notre connaissance.
C'est le cas par exemple des individus présentant un handicap, des personnes âgées dont les sens peuvent commencer à faiblir, mais également des êtres dont la vie débute : les fœtus et les nouveau-nés.
Nos systèmes perceptifs sont essentiels pour la mise en place de systèmes de communication. Pour devenir des êtres sociaux, il nous est nécessaire d'utiliser une ou plusieurs entrées sensorielles. Ainsi, lorsque l'ouïe ne peut être le récepteur principal de la communication verbale, la vue peut s'y substituer, notamment par la pratique de la langue des signes.
Or, les canaux sensoriels deviennent fonctionnels très tôt au cours du développement de l'individu, bien avant même la naissance. En effet, le fœtus dispose de capacités sensorielles et motrices qui, pour certaines, semblent fonctionnelles plusieurs mois avant l'accouchement (Tourrette & Guidetti, 1994).
De plus, il est communément admis que des événements traumatiques survenant chez la femme enceinte « peuvent "marquer" son fœtus ». De même, certaines cultures considèrent que les besoins insatisfaits d'une femme enceinte pourraient affecter l'apparence, mais aussi la personnalité du bébé (Lecanuet, Granier-Deferre & DeCasper, 2005). Klosovski, en 1963, affirmait déjà le rôle majeur des stimulations (vestibulaires, cutanées et chimiques) sur le développement du cerveau. Aussi, en 2005, Pallas mettait en évidence « le remarquable pouvoir de l'environnement sensoriel pour le développement direct du cerveau, et pour façonner les circuits en réponse à l'éducation ou aux conditions in utero ».
Il semblerait donc qu'il y ait une influence du monde extérieur et des stimulations sur le fœtus et son développement. On peut ainsi se demander dans quelle mesure cette influence existe. A-t-elle des conséquences pour le nouveau-né ? Les capacités du fœtus lui donneraient-elles la possibilité de mettre en place de formes précoces de communication ?
Comprendre ces capacités et ces interactions ne permettrait-il pas d'envisager des applications pratiques, notamment le dépistage précoce, in utero, de certains handicaps sensoriels, moteurs ou comportementaux ?
[...] Elle a été mise en évidence par des recherches utilisant le paradigme d'habituation - déshabituation : c'est-à-dire qu'on considère qu'il y a déshabituation lorsque la réponse initiale réapparaît suite à la présentation d'une stimulation différente et que par conséquent il y a eu discrimination de la nouveauté du stimulus (Brody, Zelazo & Chaika, 1984). Ainsi, le fœtus proche du terme semble capable d'apprentissage par habituation, simplement par l'exposition répétée à une stimulation, sans association ou renforcement particulier. Ceci nécessite des capacités de mémorisation des stimulations antérieures reçues et de discrimination avec celles actuellement perçues. De plus, les apprentissages in utero qui en résultent semblent se maintenir au-delà du terme dans le milieu postnatal, ce qui renforce l'hypothèse d'une continuité perceptive et mnésique au cours du développement intra- puis extra-utérin. [...]
[...] Paris : Stock. Tourrette, C., & Guidetti, M. (1994). Vie prénatale et naissance. In C. Tourrette & M. Guidetti, Introduction à la psychologie du développement : Du bébé à l'adolescent (2ème édition), (pp. 26-42). Paris : Armand Colin. Vurpillot, E. (1981). [...]
[...] 101-138). Paris : Dunod. Hepper, P.G. (2008). Haptic perception in the human foetus. In M. Grünwald, Human haptic perception : basics and applications (pp. 149-154). Verlag : Birkhäuser. Hepper, P.G. (1991). [...]
[...] On peut tout à fait envisager que le fœtus recherche ces stimulations, c'est pourquoi il se rapprocherait de leur source. La main placée sur le ventre produit peut-être une source de chaleur appréciée du fœtus. Cette idée peut paraître contraire à celle que nous indique Carmichael et Lehner (1937) et Lecanuet, Granier-Deferre et Schaal (1993) selon laquelle le fœtus serait davantage réactif au froid qu'au chaud. Cependant, ces études ne permettent pas de différencier les réponses fœtales. Ainsi, la réponse au froid pourrait être plus intense ou plus rapide parce qu'il cherche à l'éviter. [...]
[...] Mazet & S. Stoléru, Psychopathologie du nourrisson et du jeune enfant (3ème édition), (pp. 3-133). Paris : Masson. Oppenheim, R.W., Pittman, R., Gray, M., & Maderdrut, J.L. (2004). Embryonic behavior, hatching and neuromuscular development in the following a transient reduction of spontaneous motility ans sensory input by neuromuscular blocking agents. The Journal of Comparative Neurology 619-640. Pallas, S.L. (2005). Pre- and postnatal sensory experience shapes functional architecture in the brain. [...]
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