De quelle façon peut-on amener les gens à faire ce que l'on aimerait qu'ils fassent ? Quels sont les mécanismes en jeu dans le phénomène de soumission? L'acquiescement constitue une forme d'influence sociale basée sur une demande présentée de façon plus ou moins directe. Différentes techniques peuvent être utilisées pour provoquer l'acquiescement, mais celles-ci doivent être subtiles, pour inciter les individus à agir d'eux-mêmes, sans qu'ils puissent percevoir une source d'influence sociale…
Nous allons aborder dans cet exposé les thèmes, très vastes, d'autorité, de soumission et d'obéissance, et de désobéissance, tout en nous basant sur une expérience réalisée par un psychosociologue américain dans les année 70 visant à étudier scientifiquement le conformisme en acte, au travers d'une expérience sur la mémoire. Stanley Milgram s'interroge sur les limites de la soumission. Pour lui "l'obéissance est un des éléments fondamentaux de l'édifice social". Et en effet, la notion d'obéissance, et donc de soumission, prend une place centrale dans la vie d'un individu dès le moment où celui-ci vit dans un groupe et non en autarcie, coupé du monde. Mais la notion de soumission entraîne inévitablement une autre notion, celle de l'autorité. En effet, on se soumet à un parent, à un professeur, à un pouvoir politique… qui sont autant de formes d'autorité.
Milgram se pose la question de savoir où finit la soumission à l'autorité, et où commence la responsabilité de l'individu?
De notre côté, nous nous sommes interrogées sur ce qui va déterminer la soumission, ce qui motive la désobéissance, quelle est l'influence d'une autorité sur une personne ou sur un groupe soumis, ou encore dans quelle mesure nous prenons conscience des conséquences de nos actes?
Nous nous devons donc dans un premier temps de définir les notions sur lesquelles nous nous appuierons tout au long de cet exposé.
Prenons la notion d'autorité. Selon la définition de Doron et Parot dans leur Dictionnaire de Psychologie, l'autorité est "l'influence potentielle sur un ou plusieurs autres. Cette influence s'exerce sur la cognition, les attitudes, le comportement, les émotions et leur expression."
Plusieurs approches existent sur le thème de l'autorité. Pour la psychanalyse, les relations de pouvoir ont lieu sans que les acteurs en aient conscience. Les théoriciens de l'échange social, eux, envisagent dans les relations duelles l'autorité et le pouvoir que chaque acteur a sur l'autre et la manière dont vont se dérouler les échanges.
Prenant la suite de Kurt Lewin, les théories du champ considèrent l'autorité comme la relation d'influence telle qu'elle est perçue par les personnes concernées et comme un processus dynamique issu des tensions et des besoins, et des forces crées.
Enfin, pour introduire cette notion il est important de rappeler que se soumettre à une autorité entraîne inéluctablement des rapports d'interdépendance vis à vis d'autrui, et donc d'influence.
Concernant l'obéissance (et donc la soumission) Milgram la définit comme "le mécanisme psychologique qui intègre l'action individuelle au devoir politique, le ciment naturel qui lie les hommes aux systèmes d'autorité. Qu'est-ce qui contraint le sujet à demeurer dans un état de soumission? Quels sont les facteurs, les processus qui entrent ici en jeu? Milgram va vite se rendre compte de la propension importante que vont avoir les sujets à se soumettre, et qu'ils ont obéi non pas pour assouvir des pulsions agressives (dans le cadre de son expérience), mais parce que l'idée qu'ils avaient de leurs obligations en tant que sujet les y contraignaient moralement. De plus, ils attribuent un statut particulier et supérieur au donneur d'ordre, et s'allient à la cause de l'expérience. Ce qui peut être appliqué à de nombreuses autres situations. La notion d'obéissance est donc tout à fait centrale, et c'est peut-être pour cette raison que toute la philosophie l'a étudiée depuis Platon.
Enfin, dernière notion centrale dans cet exposé, celle de la désobéissance. Pour de nombreux sujets pris dans le cadre de l'expérience de Milgram, qui demandait de vaincre un principe moral, l'idéal aurait été la désobéissance, mais rares sont ceux qui en ont été capables. Quels processus psychologiques nécessite l'action de désobéir ? Cela met en jeu tout un ensemble de forces contradictoires, avec une neutralisation de l'influence des facteurs moraux.
Nous allons donc développer successivement ces notions en tentant de comprendre les processus qu'elles font intervenir, et les conséquences de chacune en les illustrant par des expériences réalisée.
[...] Quarante adultes ont été étudiés dans chacune de ses variantes. Le taux d'obéissance diminue à chaque fois que la victime se rapproche du sujet. C. Analyse des résultats Extraits d'expériences : - M. Batta, soudeur : ce sujet n'a prêté aucune attention aux plaintes du sujet, même pour les plus hauts voltages. Il est allé jusqu'à 450 volts. Il n'a parlé qu'une fois à l'élève qui avait refusé de répondre et qui criait : Vous feriez mieux de répondre et que ça finisse. [...]
[...] - Je m'y serais opposé, compte tenu de l'accord obtenu après les événements du 9 avril, c'est-à-dire l'engagement par Féraud de démolir lui-même son établissement avant le 31 octobre. La culpabilité du préfet Bonnet n'a jamais été démontrée. Néanmoins, il a été prouvé que les accusations portées à son encontre ont été partiellement vérifiées. Il dans cette affaire, une certaine part de responsabilité. En effet, il a été l'un des instigateurs des incendies de paillotes, même si ses ordres n'avaient pas été formels, nous pouvons croire que si ces incendies ont eu lieu, c'est que des ordres ont été donnés. [...]
[...] Il faut toutefois différencier culpabilité et responsabilité. Est-on, dans une affaire de crime commis sous l'ordre d'une autorité, plus responsable que coupable ? Lorsqu'en 1991 éclate l'affaire du sang contaminé, apparaît la désormais tristement célèbre formule de Georgina Dufoix responsable mais pas coupable Est-ce à dire que le responsable pense et que le coupable agit ? En d'autres termes, la personne qui donne les ordres, celle qui se trouve en haut de la hiérarchie, est responsable des actes commis, et que le coupable est celui qui obéit aux ordres, qui commet ces actes. [...]
[...] Il continuait à administrer des décharges alors que l'élève ne répondait plus. Un seul des quatre sujets qui avait obéi jusqu'au bout aux injonctions de l'individu ordinaire a dit de lui : Je trouve qu'il s'est comporté en vrai professeur. Un professeur capable. Il ne se laissait pas détourner de son idée. Il avait imaginé un système, il voulait qu'il soit appliqué correctement et il a agit en conséquence. J'estime que cette attitude est toute à son honneur. Du moment qu'il se sentait capable, nous n'avions qu'à lui obéir. [...]
[...] La désobéissance A. La tension (Milgram) L'homme a la double capacité d'agir suivant sa propre initiative et de s'intégrer dans des systèmes complexes en assurant certains rôles. Mais l'existence de cette dualité suppose un compromis dans sa structure. Nous ne sommes parfaitement taillés ni pour l'autonomie complète ni pour la soumission totale. d'après Milgram. Il existe donc un dilemme entre une certaine conscience morale et l'Autorité. A quels moments allons nous soumettre à une autorité, à quels moments allons nous résister et donc agir de façon plus indépendante ; et surtout qu'est-ce qui nous aura poussé à agir de cette manière ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture