Naissance précoce et liens tardifs

Résumé du document

Quand je suis entrée à l'IFSI, j'avais déjà comme objectif de me spécialiser dans le secteur de la puériculture. Au cours des stages effectués en crèche, maternité, néonatalogie et pédiatrie, mon intérêt et ma volonté d'atteindre ce but ont été renforcés.
Je pars sur ce principe personnel que tout professionnel doit se sentir concerné et impliqué dans son travail. Il doit aller en profondeur dans les soins, ne pas rester à la surface des problématiques rencontrées, mais chercher, explorer tous les aspects dont il pourrait être vecteur de changement et d'amélioration. Cela lui permettra par la suite de s'adapter aux différentes situations rencontrées lors de son exercice.

Ce travail de fin d'études est une occasion de mettre à profit mon intérêt pour la pédiatrie et de me pencher sur une situation qui m'a beaucoup questionnée lors de mon stage en néonatalogie. La situation choisie parle des difficultés rencontrées dans l'instauration d'une relation entre une maman et son bébé né prématurément et hospitalisé longuement en service de réanimation néonatale puis de néonatalogie.
J'ai choisi de m'intéresser uniquement à la relation du bébé avec sa maman et de ne pas traiter la relation avec le papa ; celui-ci étant en général moins présent dans le service en raison de son travail, je n'ai pu observer la relation qu'il avait avec sa femme et son bébé. Cependant, j'ai bien conscience que l'on doit aussi le prendre en charge, notamment prévoir des temps d'écoute et d'éducation, et mettre en valeur sa place importante dans la relation mère-bébé-père.
L'intérêt professionnel de mon mémoire réside dans la prévention des troubles qui pourraient se déclarer à la suite d'un désinvestissement de la mère envers son bébé prématuré suite à cette hospitalisation : troubles sur le développement psychique et psychologique de l'enfant à long terme mais aussi atteinte du psychisme des parents.

Extraits

[...] Quelle est l'importance de la présence de la mère auprès du bébé pour le bien-être et la santé de l'enfant ? De quelle manière la mère peut-elle s'approprier son rôle dans l'univers de la néonatalogie? Quelle place doit avoir l'équipe soignante auprès de la mère d'un bébé prématuré? Quel comportement et attitude doit adopter un soignant face à une mère qui appréhende le contact avec son enfant prématuré ? En quoi le regard et l'attitude de l'équipe peuvent-ils influencer le comportement de la mère vis-à-vis d'Antoine? [...]

[...] La maman ans, est institutrice et le papa ans, est militaire .Il a un grand frère Louis, 3ans, qui est à la crèche huit heures par jour. La maman vient en général tous les jours aux alentours de 16h. Elle reste environ une à trois heures car elle doit ensuite s'occuper de Louis et ne peut donc pas rester plus longtemps. Lorsqu'elle est présente, la puéricultrice l'invite à allaiter son enfant ou au moins, si ce n'est pas l'heure de la tétée, à le mettre en peau à peau avec elle pour favoriser la relation mère-enfant. [...]

[...] On prend une photo de lui, si possible avec les deux parents. C'est la première façon de l'inscrire dans l'histoire de sa famille» La maman prend conscience de son identité et perçoit son statut de mère dans la réalité avec attribution d'une identité au bébé : bébé- étranger et proche, inconnu et familier, c'est le «mien». Elle prend le temps de se relier symboliquement à son bébé et établit un lien de filiation en passant du cordon ombilical au cordon psychique. [...]

[...] Sans sa présence vivante, la puéricultrice la plus habile est du gaspillage. C'est la même chose avec les médecins».[25] La maman doit, selon Françoise Dolto, parler à son bébé, lui expliquer ce qu'il s'est passé. travers la couveuse, dans le silence bruitant d'une couveuse, l'enfant intuitionne la présence de la mère, il sent la présence de quelqu'un qui focalise son désir pour entrer en communication avec lui ( . ) Un cœur à cœur se renoue à défaut d'un corps à corps».[26] La mère peut alors jouer un rôle de pare-excitation et contribue à la plénitude du bébé : elle enveloppe l'enfant, est attentive, l'entoure d'une coque protectrice, le protège contre les excès de stimulations et agressions et canalise les excitations externes qui pourraient le détruire du fait de leur intensité. [...]

[...] Elle arrive ensuite auprès de son bébé et reste souvent terrifiée à la vue de toutes ces machines qui apparaissent comme un cordon ombilical venant pallier la naissance prématurée : des bips, des écrans, des tuyaux partout qui relient ces bébés pesant souvent moins d'1 kg aux machines auxiliaires de leur vie, aux perfusions et aux scopes de surveillance. La maman reste fixée sur l'appareillage et les alarmes qui ont un rôle à la fois rassurant (avertir) et inquiétant (perturbation d'un paramètre vital). Il est difficile pour elle d'observer, de voir ce petit être comme son bébé, et de «lutter» ensemble avec lui pour lui donner de la force. L'incubateur représente aussi une coupure, un obstacle entre elle et bébé. [...]