Psychanalyse, psychanalyse lacanienne, mélancolie, Deuil et mélancolie, rêve, réalité, deuil, psychiatrie, dépression, psychose, Wilhelm Griesinger, Lacan, Freud
Identifier, en suivant la chanson de Ferré, la mélancolie et la condition dite humaine - celle du parlêtre - paraîtrait déplacé, un fin lettré distinguant par exemple mélancolie et nostalgie. On trouvera certainement des pages entières sur cette « affection » -proche du spleen - dans l'Irréversible et la nostalgie de Vladimir Jankélévitch. La mélancolie semble un état mieux circonscrit, lié au traumatisme, par exemple, d'un deuil ou d'une perte indéfinie - et nous verrons que c'est bien ainsi que l'aborde la psychanalyse.
Ferré aurait pu chanter la nostalgie - plutôt que la mélancolie - à l'instar de Du Bellay dans les Regrets, ou de Proust dans l'oeuvre éponyme, sous-titrée Rêveries couleur du temps. Regret et nostalgie se rapportent manifestement - comme le deuil ou la perte - au passé, rêverie - comme chez Rousseau, puis Nerval en « promenade » intemporelle - à un présent indéfini, voire à l'avenir. Mélancolie en psychiatrie -pour y venir - visent d'emblée un état « aigu », voire traumatique (ce sont déjà deux options), symptômal.
[...] Lacan souligne que les modifications des rapports du dehors et du dedans -qui feront l'objet des développements des premiers séminaires autour de la Verwerfung, ne relèvent pas du « symbolisme naturel » que suppose un Hesnard affirmant que tout affect parvient « de lui-même » à la symbolisation . « Il s'agirait [au contraire]d'expliquer pourquoi certains des troubles affectifs qu'on invoque sont éprouvés parfois comme purement subjectifs, d'autres fois sentis comme imposés du dehors, d'autres fois enfin sont entièrement objectivés ». Nous avons vu cette problématique œuvrer dans le traitement freudien de la mélancolie, et conduire jusqu'à la notion de clivage du Moi, fondement de la seconde topique. La question sera moins aisée avec Lacan, qui renvoie le Moi au miroir. [...]
[...] La cinquième édition (1896) marque un tournant radical, Kraepelin adoptant un point de vue entièrement évolutif, fidèle à Kahlbaum et Griesinger. Les psychonévroses disparaissent et sont réduites à des syndromes. La mélancolie est, soit acquise (folie d'involution) soit congénitale et plus précisément constitutionnelle (folie périodique, maniaque, mélancolique ou circulaire : le syndrome se fait alors symptôme par la répétition). Il n'y a plus de neurasthénie. Par la suite (1899) le grand psychiatre allemand condense encore le tableau, et l'entité est distinguée (titre VIII) de la seule folie maniaco-dépressive (titre et les deux de la paranoïa. [...]
[...] « hétéro-punition » -obsessionnelle ou persécutive- est donc séparée de peu de l'auto-punition mélancolique ou masochiste. Lacan le souligne, qui relève l'identification, dans le cas, du Moi et d'un objet qui « n'a qu'une valeur de pur symbole » -en effet, et contrairement au passionnel érotomane, est susceptible de déplacement, et même défini par lui. L'érotomane est, au contraire, fixé, rivé à l'Objet comme s'il était en deuil. Cependant, en déclarant qu'elle s'est « frappée elle-même », Aimée parle comme si elle concluait un suicide mélancolique manqué, et conclusif de son auto-punition, en parfaite identification à l'Objet dont elle porterait le deuil si elle était franchement paranoaïaque (et « authentiquement » homosexuelle). [...]
[...] Le texte de 1938 sur les complexes familiaux est essentiel pour notre propos, car, tirant les leçons du stade du miroir, il insiste sur la dimension « anobjectale » du sevrage -antérieur également à la formation du Moi. L'auteur y « frise » le kleinisme, évoquant des composantes pulsionnelles ainsi que des imagos opposées du sein, sans s'arrêter pour autant à une « relation d'objet » -non plus qu'à un supposé auto-érotisme. Lacan refuse également la notion d'érotisme oral à ce stade, mais parle de « cannibalisme fusionnel ». Il se démarque ainsi, tant de Freud que d'Abraham. L'oralité est pratiquement définie à partir d'une « réactivation » œdipienne, tout le kleinisme tombant probablement sous cette critique. [...]
[...] La succession des états d'exaltation et de dépression est rapportée directement au tempérament nerveux - « névropathie protéiforme » de Cerise, « état nerveux » de Sandras. Le délire émotif de Morel (regroupant phobies et obsessions anxieuses) est considéré comme une « névrose du système ganglionnaire ». L'hypocondrie figure alors, au même titre que l'hystérie, parmi les névroses générales, non lésionnelles mais non « psychologiques ». Morel propose alors, pour rendre compte des folies hystériques et hypocondriaques, le concept de « névrose transformée ». [...]
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