La routine. Un mot bien simple, commun, qui nous rappelle aisément la fameuse expression parisienne « métro, boulot, dodo ». Souvent crainte au sein du couple, elle est dans bien des cas observée chez la personne âgée qui l'utilise à des fins d'adaptation cognitive.
Paradoxalement, c'est très certainement son insignifiance qui en fait un phénomène à la fois complexe et captivant. Présente à tous les stades de la vie, elle n'est pas sans rappeler que l'être humain est « automate autant qu'esprit » (Pascal, 1670).
Malgré cette omniprésence, la routinisation n'a été que peu étudiée. Elle a été conceptualisée par Bouisson (2003), qui la définit comme étant « le fait d'organiser sa vie quotidienne autour de routines fixes dans l'environnement, le comportement ou les relations sociales » (in Bergua & Bouisson, 2008, p. 238).
Actuellement, la hausse de l'espérance de vie ainsi que la baisse de la natalité nous amènent à prendre davantage en considération l'étude des processus sous-tendant le vieillissement. Cette étude est d'autant plus intéressante que l'évolution des mentalités nous pousse à « placer nos vieux » en institution, les familles se déchargeant alors de leurs responsabilités pour les laisser à l'Etat. Par précaution, épuisement des aidants, ou égoïsme, nombre de sujets âgés sont ainsi institutionnalisés, et ce bien souvent contre leur propre volonté. Dans un EHPAD (Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes), on ne peut être qu'ému et frappé du regard vide de certains résidents, du manque d'intérêt général d'autres, attendant machinalement l'heure du repas ou celle de l'animation. Souvent qualifiés de dépressifs, il n'est pas rare que certains ne soient en réalité qu'apathiques. Mais le manque d'étude sur l'émoussement affectif des sujets institutionnalisés nous empêche d'approfondir cette idée.
Ce travail, né de ces insuffisances, a pour objectif de mettre à l'épreuve l'hypothèse générale que les conduites adaptatives et le système motivationnel sont davantage déficitaires chez la personne âgée institutionnalisée que maintenue au domicile, et que ces deux facteurs sont liés. Pour cela l'étude de la routinisation et de l'apathie rencontrées au cours du vieillissement usuel à l'aide d'échelles spécifiques nous semble être une voie privilégiée (...)
[...] Epidemiology of apathy in older adults: The Cache County study. American Journal of Psychiatry, 15: 365-375. Pascal, B. (1670). Pensées. Paris: Seuil; 1963. Reich, J.W., & Zautra, A.J. (1991). Analyzing the trait of routinisation in older adult. International Journal of Aging and Human. Development : 161-80. Robert, P.H., Darcourt, G., Benoit, M., Clairet, S., Koulibaly, P.M. [...]
[...] On calcule la sensibilité à la punition et la sensibilité à la récompense. Basic Empathy Scale D'Ambrosio & al (2008), d'après la version originale de Jolliffe & al (2006). Cet autoquestionnaire, composé de 20 items, évalue le degré d'empathie. Les réponses s'inscrivent selon une échelle de Lickert de 0 (pas du tout d'accord) à 4 (tout à fait d'accord). On calcule un score d'empathie cognitive et un score d'empathie affective. Cette échelle est corrélée avec le degré d'apathie du patient : plus le patient sera apathique, et moins il fera preuve d'empathie affective. [...]
[...] [Annexe Beaucoup d'études ont pu démontrer que les patients apathiques ont des difficultés attentionnelles, dysexécutives, des déficits en mémoire de travail et en flexibilité psychologique (capacité à être pleinement conscient du moment présent et de persister dans son comportement ou de le changer au service de valeurs choisies). Ainsi, la cognition et l'apathie pourraient avoir des influences réciproques (Van Reekum, & al, 2005). En conséquence, la réduction des comportements dirigés vers un but pourrait être également la résultante de ces déficits cognitifs. D'une façon générale, l'apathie est un symptôme d'une pathologie affectant différentes aires du cerveau. En ce sens, certains auteurs comme Onyike & al (2007) ont pu démontrer que l'apathie est un symptôme précoce au stade prédémentiel de la maladie d'Alzheimer. [...]
[...] (2007). Neuropsychological frontal impairments and negative symptoms in schizophrenia. Psychiatry Research 152 121–128. Monestes, J-L., Villatte, M., Mouras, H., & al (2009). Traduction et validation française du questionnaire d'acceptation et d'action (AAQ-II). Revue européenne de psychologie appliquée ; 4 : 301-308. Ollat, H., & Bottero, A. (2000). Apathie et motivation. Neuropsychiatrie 17-25. Onyike, C-U., Sheppard, J-M., Tschanz, J-T., & al. (2007). [...]
[...] (2001). Apathy in Alzheimer's disease. Journal of the America Geriatrics Society 49: 1700-1707. Lardi, C., Billieux, J., & al (2008). A French adaptation of a short version of the Sensitivity to Punishment and Sensitivity to Reward Questionnaire (SPSRQ). Personality and Individual Differences ; 45: 722- 725. Leon, O., & Godefroy, P. (2006). Projections régionales de population à l'horizon 2030. Insee Première Leplat, J. (2005). Les automatismes dans l'activité : pour une réhabilitation et un bon usage. [...]
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