L'inhibition de l'action, processus étudiée par le Professeur Laborit et mis notamment en évidence par des expériences sur des rats, peut être définie comme un comportement propre à l'être humain et déclenché par l'incapacité à agir qu'il ressent face à une situation particulière qui engendre chez lui des comportements d'attente en tensions, d'angoisse, et qui peut avoir des conséquences importantes sur lui-même, son intégrité physique tout comme son entourage.
C'est dans cette acceptation d'impossibilité à dominer une situation donnée que je vais analyser un processus particulier que j'ai vécu l'année dernière, durant mon stage chez C Consulting.
[...] Je recevais mes missions de Catherine, sans pouvoir réellement discuter. En même temps, je refusais de décevoir la confiance que C m'avait accordée en me confiant ces responsabilités, et je voulais donc être à la hauteur de leurs attentes. Je prenais pour moi l'avancée du lot Conduite du Changement et me sentais responsable des problèmes et des échecs éventuels. Je travaillais donc de plus en plus, prenais de plus en plus de tâches et responsabilités, et refusais l'à-peu- près. Je préférais faire moi-même les choses plutôt que de les déléguer, notamment à Nadia, et que cela soit fait de façon approximative. [...]
[...] Je voulais inconsciemment les forcer à reconnaître les qualités de mon travail et donc à combler ainsi mon manque de reconnaissance, cause majeure du processus. Je sortais alors de l'inhibition de l'action et me positionnais dans une situation de lutte. Si ce phénomène de lutte se caractérisait pour moi par un travail intense, il était plus facile de le mettre en valeur par la comparaison : mon travail pouvait être d'autant plus valorisé qu'on le comparait avec celui de Nadia, qui avait commencé au même niveau que moi, mais qui montrait bien moins d'investissement et de dévouement à ses tâches. [...]
[...] L'ambiance de travail s'est tendue au fur et à mesure. Alors qu'avant régnait une très bonne entente, plus personne ne riait sur le plateau. Sandrine s'est rapprochée de Nadia avec qui elle n'avait pourtant jamais vraiment sympathisé, et discutait avec elle quand avant elle le faisait avec moi. Pour elles, j'étais en quelque sorte passée d'une des leurs à l'ennemi. Ce climat tendu m'incitait d'autant plus à me plonger dans le travail et je prenais pour moi de plus en plus de tâches. [...]
[...] De plus, je n'avais plus de hiérarchie directe au sein du lot. Certes Patricia remplissait ce rôle, mais de par ses autres responsabilités, elle était fréquemment absente et surtout n'était pas au courant de tous les détails. En fait, elle n'était pas présente physiquement au sein de nos bureaux Conduite du Changement et ne vivait pas au quotidien avec nous. C'était plutôt un contrôle global qu'elle exerçait, sur les résultats. Elle m'était évidemment d'une aide précieuse mais elle ne palliait pas au manque laissé par Corinne. [...]
[...] La sortie de l'inhibition de l'action passe aussi par un autre processus caractéristique et mis en avant par le Professeur Laborit : l'agressivité. Je suis en effet devenue de plus en plus agressive envers Nadia, il m'était difficile de lui parler normalement. Si je ne le montrais que le moins possible, je m'énervais assez facilement avec elle. Je ne lui passais aucun de ses travers et j'étais très dure, inflexible dans la correction de ses travaux. Un cercle vicieux s'instaurait : elle-même ressentait mon agressivité ce qui renforçait son comportement de désengagement, et ce qui nourrissait d'autant plus mon ressentiment Comme c'est selon le Professeur Laborit normalement le cas dans ces situations, cette agressivité sous-jacente a débouché sur une explosion agressive. [...]
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