Nombreuses sont les petites filles qui ont un jour émis le souhait de devenir institutrice, infirmière, ou encore puéricultrice... Les petits garçons ambitionnent, quant à eux, à exercer le métier de pompier, de sportif de haut niveau, ou bien de policier... Même si tous n'exerceront pas un jour la profession qui habite leurs rêves d'enfants, les goûts de chacun semblent nettement stéréotypés depuis le plus jeune âge. Mais qu'advient-il de ces petites filles qui veulent elles aussi lutter contre les flammes ? Ou de ces petits garçons qui désirent travailler auprès d'enfants ?
Beaucoup d'études se sont centrés sur ces femmes aux professions non traditionnelles, atypiques, ou tout simplement très masculines. Ainsi, des films, des livres, des documentaires ont été consacrés à des femmes tailleuses de pierre, magistrats ou routiers. Pourtant, l'inversion du genre dans le milieu professionnel n'est pas le fait unique des femmes. Il existe des hommes qui font le choix d'entrer dans des groupes professionnels composés, parfois depuis toujours, d'une forte majorité féminine. Il s'agit là d'un sujet ayant fait l'objet d'un moins grand nombre de recherches que le processus inverse. Pourtant, quand elle est le fait des hommes, l'inversion de genre conduit à une reconsidération des questions de rapports sociaux de sexe et de la division sexuelle du travail.
Comment la présence d'un homme dans un secteur féminin peut-elle s'expliquer puisque ce n'est pas une orientation vers des activités plus prestigieuses, mieux rémunérées ou plus valorisées socialement ? Sont-ils l'exact équivalent de leurs homologues féminins, ou le sexe induit-il des différences ? Connaissent-ils eux aussi des problèmes d'intégration et de discrimination comme les femmes rentrant dans des secteurs fortement connotés masculins ?
Certaines professions féminines voient leur nombre de sujets masculins augmenter significativement au fil du temps. La profession infirmière a ainsi vu son nombre d'hommes doubler au cours de 20 dernières années. Cette recherche a pour but d'établir si le nombre grandissant d' "Hommes en blanc", comme certains aiment à les appeler, a fait s'effondrer les différences entre homme et femme au sein de la profession ou s'il subsiste encore des écarts. Pour parodier le titre d'un film de Jean-Jacques Zilbermann, nous pouvons nous demander si les infirmiers sont aujourd'hui des infirmières comme les autres.
Cette recherche se divisera en quatre parties. Nous étudierons tout d'abord les apports théoriques quant à la féminisation d'une profession et ce que cela peut engendrer. Après examen des données existantes, nous établirons une problématique et des hypothèses de recherche. Nous présenterons ensuite les diverses activités de notre étude. Nous donnerons et analyserons enfin les résultats obtenus (...)
[...] Lorsqu'ils ont besoin d'un soin, ils sont donc moins attentifs au sexe du soignant, car ils savent qu'ils ont plus de chances d'être pris en charge par une femme, du fait des statistiques. Un des participants à l'enquête évoque toutefois le cas de personnes âgées, hommes ou femmes qui préfèrent être soignées par un homme. Le masculin entraîne une idée d'un grand sérieux, de rigueur. Ils ont alors plus confiance en un homme qu'en une femme. Les hommes disent d'ailleurs être souvent pris pour le médecin. Les représentations populaires associent encore l'image du médecin à la masculinité et celle de l'infirmière à la féminité. [...]
[...] La validité externe de notre étude peut elle aussi porter à discussion. Les infirmiers sont seulement au nombre de six, et appartiennent à nos connaissances. Nous avons voulu qu'il y est des personnes d'âge différent pour voir si les résultats étaient les mêmes selon la génération. Mais nous ne pouvons généraliser notre étude sur seulement six individus. Nous n'avons, par exemple, qu'un seul cinquantenaire. Les résultats auraient- ils été identiques si notre population avait été plus grande ? Nous ne pouvons malheureusement pas répondre à cette question. [...]
[...] Voyez-vous vos collègues en dehors du cadre de travail ? Pensez- vous que la présence d'un homme dans un service soit un plus ? Pourquoi ? Patients et opinion publique Un patient vous a-t-il déjà préféré à une infirmière? Un patient a-t-il déjà préféré une infirmière à vous? Vous a-t-on déjà pris pour le médecin ? Cela arrive t-il aussi à vos collègues féminines ? Comment ont réagi vos proches quant à votre profession ? Que pensez- vous vous-même de la discrimination dans le monde du travail ? [...]
[...] Cette différence de pratique est accentuée par une différence de comportements des supérieurs envers les hommes et les femmes. Celle- ci est à l'avantage des hommes et leur permet une évolution plus rapide dans leur carrière. L'ambition des hommes est souvent plus grande que celle des femmes. Au moment de leur orientation, les hommes ne sont pas toujours poussés par une vocation profonde, mais voient une possibilité d'évolution rapide. Leur motivation pour le relationnel se rapproche d'une volonté féminine, mais les hommes ne se voient pas occuper cette fonction toute leur vie. C'est un point de départ. [...]
[...] Certains hommes choisissent ainsi des spécialités encore plus féminines dans des métiers féminins pour éviter les pressions infligées par les employeurs. Ils sont généralement les seuls hommes et sont donc amenés à évoluer très rapidement. Il y a toutefois des exceptions à cette préférence pour les hommes. Par exemple, certains districts du Texas très ruraux refusent l'embauche de jeunes hommes dans certaines disciplines jugées trop féminines, trop liées à l'intimité, telles que l'obstétrique ou la gynécologie. Les hommes sont ainsi poussés vers des filières plus masculines, parfois de façon très subtile, grâce aux interactions avec leurs supérieurs. [...]
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