Il est assez habituel de croire que la difficulté existentielle découlerait d'une espèce de répression sociale qui interdirait la réalisation du désir et donc l'émergence du sujet. Les humains seraient soumis en quelque sorte à un diktat de nos interdits moraux ou alors soumis à la barbarie de leurs pulsions à cause d'une sorte d'indigence des interdits moraux. S'il est vrai que pendant longtemps notre éducation occidentale mit l'accent sur la répression des désirs et qu'il devient tout aussi vrai qu'actuellement [l'émergence d'une culture hédoniste faisant la part belle à la médiocrité (Le plaisir d'être consommateur) laisserait croire que la répression des désirs est levée, la question de la peur d'être vivant est ailleurs car, ni dans un cas (celui d'une morale inflexible) ni dans l'autre (celui d'un système pulsionnel tyrannique), il y a une réalisation de désir, voire même une simple conscience de l'existence du désir et de sa nécessité pour vivre.]
[...] Juste une remarque : on voit très bien comment tuer le désir en comblant le manque. Devancer toutes les demandes d'un enfant, en faire un enfant-roi, est le plus sûr moyen de l'anéantir en tant que sujet désirant, sans compter que son absence de limites risque d'avoir des répercussions graves sur son entourage. Je parle de cela en détail dans mon livre Freud et la question de l'angoisse en décryptant de façon très détaillée toute la structuration psychique d'un enfant. [...]
[...] Dans ce sens si un symptôme se respecte, que dire d'un désir ? ÉPILOGUE J'aurai pu intituler ma conférence du titre de mon livre les ombres de l'angoisse car elles ne sont rien d'autres que l'expression des désirs inconscients, donc dans l'ombre, sous un camouflage qui n'est rien d'autre que le symptôme. Et le symptôme est aussi une ombre portée des désirs inconscients sur la scène extérieure du monde, sous une forme évidemment méconnaissable (QUOIQUE par rapport à la réalité du désir originel. [...]
[...] L'évaluation de l'humain est une notion à mon avis parfaitement inadéquate, voire plus, je veux dire dangereuse. Plus on veut normer classer, évaluer, plus il y aura des gens qui seront mis à l'écard. Malheureusement cette folie de l'évaluation est entrain de gagner tous les secteurs de la société, mais surtout, et je crois que c'est grave, celui du comportement des enfants à l'école, celui des patients en HP, celui des agences de recrutement dans le monde du travail, etc LA PEUR D'ETRE VIVANT La psychanalyse, après avoir établi des lois qui, ET C'EST ESSENTIEL sont le fruit d'observation, se sert de ce corpus comme d'une grille de lecture de la grammaire de la psyché et de ses avatars, je veux dire ses réalisations concrètes que nous pourrions nommer d'ailleurs par commodité sémantique PSYCHOMATERIALITE. [...]
[...] Je sais pertinemment qu'en utilisant le verbe préférer je risque de choquer. Mais il s'agit bien de cela à mon avis : je parlerai d'intentionnalité plutôt que de volonté pour souligner le caractère inconscient de cette conduite collective assez catastrophique. Mais essayons d'aller plus avant vers une pensée psychanalytique. Je vais d'abord tenter de vous faire saisir l'objet d'étude de la psychanalyse, j'entends le PSYCHISME ou autre nomination qui était d'ailleurs celle de Freud : l'âme (die Seele) LA PEUR D'ETRE VIVANT Il est vrai que c'est totalement passé de mode et pourtant le fait de parler de la psychanalyse comme science de l'âme situe tout de suite à la fois les limites, les difficultés et l'identité de cette discipline. [...]
[...] Juste une parenthèse : n'est-ce pas fondamentalement le travail d'une psychanalyse de vitaliser un appareil psychique qui était resté en panne précocement. DE LA VIE : ETRE VIVANT Prenons un exemple simple de la vie : il me semble plus intéressant d'avoir appris à tromper sa faim (pour prendre un besoin élémentaire) en devenant gourmet plutôt que de devenir boulimique. Gourmet, c'est-à-dire prendre autant de plaisir dans l'attente (voire plus) lorsqu'on envisage d'aller dans un bon restaurant, ou alors lorsqu'on consulte un livre de cuisine dans le but de se mettre au fourneau pour des amis par exemple. [...]
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