Au cours de mes précédentes expériences cliniques auprès d'enfants et d'adolescents, j'ai pu constater que l'enfant est indissociable de son environnement familial. En effet, un travail psychothérapique mené avec un enfant « en dehors » de sa famille peut être mis à mal par la persistance d'un « dysfonctionnement » familial non élaboré. Ayant évolué dans des contextes où le travail était essentiellement centré sur l'enfant, je me suis alors beaucoup questionnée sur la place et le rôle de l'enfant dans son environnement familial.
Pour cette deuxième année de Master, mon intérêt s'est alors porté sur le système familial, et plus particulièrement sur la relation parents-enfants. Mon questionnement clinique s'est orienté sur la parentalité, les « dysfonctionnements » dans les relations familiales, ainsi que les conflits dans leur double dimension intra et inter-psychiques.
Pour pouvoir appréhender les relations familiales, j'ai choisi de faire mon stage dans un Espace Rencontre parents-enfants. J'ai rapidement été saisie par la difficulté d'intervenir dans ce type de lieu, et par les paradoxes qui sous-tendent ces espaces et le travail des intervenants.
Le travail en Espace Rencontre ne peut s'appréhender que dans une pratique et par des « éprouvés ». Ces mêmes éprouvés viennent percuter toutes les représentations que l'on peut avoir de la « famille » et du lien familial. Les conflits familiaux viennent éveiller des fantasmes archaïques et œdipiens liés à nos propres représentations parentales et entrent en résonance avec nos pulsions refoulées. C'est pourquoi, dans un au-delà de ces ressentis, la violence m'est apparue en premier lieu comme sujet de questionnement. J'ai questionné dans un second temps le paradoxe dans lequel se situent ces lieux atypiques - à la croisée du social, du judiciaire et du thérapeutique – qui à la fois limitent et favorisent les relations entre parents et enfants.
Il a aussi été question de la place et l'identité de l'intervenant en Espace Rencontre entre clinique, procédure et contrôle, au cœur de ce même paradoxe.
Enfin, après avoir exploré le lien parent-enfant et discuté de l'intérêt de l'enfant, il m'est apparu que le travail en Espace Rencontre trouve toute sa place à la croisée de ces chemins afin que la séparation ne vienne pas faire rupture.
[...] Ceci en grande partie à cause de leur histoire passée et des conflits qu'elle a pu engendrer, que ce soit de la part du parent à l'égard de l'enfant ou encore entre les parents. De plus, il est l'enfant de ses deux parents et en ce sens il peut adopter des comportements différents pour maintenir un lien entre eux, que ce lien soit négatif ou positif. Ainsi, certains se donneront pour mission de maintenir coûte que coûte ce lien en élaborant des comportements complexes qui tendront vers un rapprochement de ses deux parents, que se soit sur le versant de la haine ou de l'amour, et la préoccupation qu'ils pourront avoir ensemble à son égard. [...]
[...] Leur mère, qui a leur garde, ne se montre à priori pas opposant à ces rencontres, et elle présente de façon régulière les enfants au Point Rencontre. Cette obligation n'a fait que renforcer les enfants dans leur refus et ceux- ci se cloîtrent dans une pièce à l'opposé de leur père durant les visites et refusent d'entrer en contact avec lui ou un membre de l'équipe. Au fil des semaines, Elisa a pu se rapprocher un peu de son père par le partage de moments de jeux, mais son frère porte sur elle un regard lourd de colère quand il la voit en relation avec lui. [...]
[...] Cette petite fille, hospitalisée en urgence et présentait alors le syndrome du bébé secoué Après enquête, il s'est avéré que Léa manquait de soins et était victime de violences de la part de ses deux parents, elle leur fut donc retirée. Des visites furent organisées en Espace Rencontre dès que l'état de santé de Léa put le permettre. Les premières visites furent très difficiles pour ses jeunes parents apparemment très fragiles et démunis face à leur fille qui pleurait beaucoup et qu'ils n'arrivaient pas à calmer et apaiser. [...]
[...] a pu faire entendre ses propres souffrances et angoisses infantiles. Une offre d'écoute lui a permis d'en venir à formuler une demande d'être soutenue dans la construction d'un lien stable et sécurisant pour sa fille et elle-même La violence de la non-demande ? En ce qui concerne la Demande, rares sont les fois où c'est le parent ayant la garde de l'enfant qui exprime une demande - en tout cas en ce qui concerne la rencontre de leur enfant avec l'autre parent, ils peuvent l'être pour que cela se fasse en lieu neutre Lorsque l'un des deux parents est désigné comme tel par une décision judiciaire, cela peut être entendu par celui-ci comme s'il était seul décisionnaire de ce qui est bon ou non pour son enfant Par ailleurs, lorsqu'il y'a eu un passé familial violent ou incestueux, le parent gardien devient défenseur de son enfant et refuse en général qu'il ait tout contact avec son parent agresseur Dans ces cas de figure, les parents refusent et s'indignent face à l'obligation qui est la leur de présenter leur enfant à l'autre parent. [...]
[...] Le rythme et le temps des visites sont préalablement définis par l'ordonnance judiciaire et établis par la structure d'accueil qui fait signer un contrat de rencontre» à chacune des deux parties (hébergeant et visiteur). Les individus concernés s'engagent par là à respecter les modalités de fonctionnement et le règlement intérieur de l'institution. Ce contrat participe à la construction du cadre, en posant les règles de fonctionnement de la structure, ainsi que les droits et obligations de chacun. Le règlement est également inscrit dans la pièce commune du lieu d'accueil, cet appel à la loi fait donc trace de façon immuable et sécurisante. [...]
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