Dans le cadre de mon travail de recherche, j'ai choisi de m'intéresser au thème de la distance et de la proximité dans la relation d'aide. Pour cela, j'ai souhaité m'interroger plus particulièrement, aux enjeux du tutoiement et du vouvoiement dans la pratique professionnelle des travailleurs sociaux accompagnant des personnes handicapées mentales adultes.
Tout d'abord, je présenterai la genèse de mon objet de recherche exploratoire en m'attachant à dégager progressivement des interrogations personnelles. Puis, j'énoncerai les modalités de mise en œuvre de ma recherche en présentant quelques indications méthodologiques.
J'ai effectué mon stage de deuxième année de formation d'assistante de service social dans un centre d'hébergement accueillant des personnes handicapées mentales adultes. Le stage s'est déroulé conjointement au sein du service social de l'établissement et au sein de l'équipe éducative du foyer-appartement. Celui-ci accueille huit femmes âgées de vingt à soixante ans présentant une déficience intellectuelle légère ou moyenne.
L'accompagnement des résidentes m'a conduite à m'interroger sur mon positionnement professionnel. En effet, le quotidien entraîne une certaine proximité et la question de l'usage du tutoiement ou du vouvoiement vint à se poser. En ce qui me concernait, le vouvoiement était de rigueur en début de stage et s'imposait naturellement avec les résidentes. En effet, il semblait en quelque sorte « évident » d'utiliser le vouvoiement comme lorsqu'on rencontre une personne pour la première fois, en dehors même de toute relation professionnelle. Mais, ce vouvoiement traduisait aussi, il me semble, une certaine défense qui permettait de me protéger de la personne, de son intrusion par la parole, de son handicap… Ne dit-on pas « l'inconnu fait peur » ?
Si le vouvoiement s'imposait en début de stage, je me suis surprise les derniers mois à utiliser cette marque de familiarité qu'est le tutoiement, que j'essayais souvent en vain de rectifier, car le quotidien avait pris le dessus. Pour autant, le tutoiement exprime-t-il inévitablement de la familiarité ? Apparaît-il uniquement au cours de l'accompagnement éducatif ?
[...] Une grille d'entretien serait constituée afin de recueillir ce qu'expriment les travailleurs sociaux dans ces groupes au sujet des usages du tutoiement et du vouvoiement dans la construction d'un positionnement professionnel. Je souhaiterai également interroger des personnes handicapées mentales adultes sur le principe des entretiens semi-directifs. La grille d'entretien devra tenir compte des difficultés d'expression et de représentation que peuvent posséder les personnes interrogées. Pour cela, elle pourra être construite à l'aide des professionnels qui les accompagnent afin de ne pas induire les réponses. [...]
[...] Lorsque certains professionnels hésitent entre le tutoiement et le vouvoiement, ils adoptent certaines astuces. En effet, il existe trois stratégies discursives qui permettent de dire ni tu ni vous comme l'explique Madame C : [ ] j'ai remarqué, on biaise. On dit ça va ? par exemple, au lieu de dire vous allez bien ? [ ] On peut aussi utiliser le on On se promène un peu par ce beau temps ? ou retirer le verbe encore un peu de café ? [...]
[...] Ils rentrent également en jeu dans la manière de définir la relation, deuxième visée de la communication, notamment en terme de distance. En effet, le tu et le vous sont porteurs de sens bien différent et n'ont pas toujours signifiés les mêmes rapports entre deux personnes. L'évolution historique permettra de mettre en évidence les modifications des usages des pronoms d'adresse en France. Chapitre 2 : Évolution historique des usages du tutoiement et du vouvoiement dans la langue française Le tutoiement et le vouvoiement ne sont pas seulement des façons de s'exprimer. [...]
[...] Alors, quelles sont les caractéristiques de la relation d'aide dans le cadre professionnel ici étudié ? La relation d'aide met en présence deux personnes à des places non équivalentes : l'un a la place d'aidé et l'autre d'aidant Les rôles sont donc bien distincts et non-interchangeables. La relation d'aide telle que nous la définissons est donc une relation asymétrique, ce qui signifie que les places de l'un et de l'autre sont différenciées. L'aidant a une certaine supériorité sur la personne aidée car il est dans une position de savoir et de pouvoir d'action (capacité à mobiliser des dispositifs Mais, la personne qui aide est celle qui apporte son concours, qui joint ses efforts à ceux de l'autre. [...]
[...] Madame B est conseillère en éducation sociale et familiale[5] dans une association qui accompagne des personnes déficientes intellectuelles dans des appartements autonomes. Madame C est assistante de service social dans un Établissement et Service d'Aide par le Travail (ESAT). Madame D est assistante de service social dans le même ESAT que Madame C. Madame D est plus âgée et est plus ancienne dans l'établissement. Madame E est assistante de service social dans une association qui accompagne des personnes Infirmes Moteurs Cérébrales (IMC). [...]
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