Entourer l'enfant de relations chaleureuses stables, le guider dans ses pas et l'accompagner dans son devenir semblent être une nécessité que tout parent reconnaît. Aujourd'hui, l'importance de ce portage affectif et éducatif n'est plus à démontrer. Grâce aux neurosciences et à l'utilisation de l'imagerie médicale, nous pouvons confirmer que les altérations du lien affectif entre l'enfant et sa première figure d'attachement, la mère ou son substitut, peuvent occasionner de sérieuses atrophies cérébrales, compromettant de façon significative les capacités cognitives et émotionnelles de l'enfant. John Bowlby, pédiatre et psychanalyste anglais (1907-1990), par ses recherches sur l'attachement, a révélé le processus d'attachement comme un besoin fondamental du nouveau-né, un besoin vital. De même, Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste britannique (1896-1971) présente le désir de la mère ou de son substitut, comme condition capitale pour le développement et les assises narcissiques du nouveau-né. Selon Sigmund Freud, neurologue et psychanalyste autrichien (1856-1939), le narcissisme correspond à l'investissement pulsionnel nécessaire à la vie du sujet, c'est un amour de soi en tant qu'objet d'autosatisfaction. Cependant cet « amour-propre » dépend intégralement de l'amour et du regard désirant de la mère ou de son substitut. Winnicott écrit ainsi, que « le plaisir de la mère doit être là, sinon tout est mort sans utilité et mécanique », « dans la nature, ce bon départ est assuré grâce à l'existence d'un lien entre la mère et le bébé, grâce à ce qu'on appelle l'amour. Si donc vous [la mère] aimez votre enfant, il aura un bon départ. » Enfin, Stanley I. Greenspan, professeur de pédiatrie et de psychiatrie cliniques à la faculté de médecine de l'université George Washington, confirme que « nous pouvons affirmer que c'est le dialogue précoce, alimenté des signaux émotionnels, plutôt qu'une stimulation cognitive, comme la présentation d'images, qui éveille le développement cérébral et intellectuel, les capacités à raisonner et à penser. En fait, la maturation intellectuelle et la maturation émotionnelle dépendent toutes deux de la profondeur et de la richesse des relations de maternage au début de la vie ; c'est un processus qui est actuellement confirmé par les recherches en neurobiologie ». [in « Ce dont chaque enfant a besoin, T. Berry Brazelton & Stanley I. Greenspan, Marabout, 2003, p.31).
Ainsi, dans cet ouvrage, nous allons étudier dans quelle mesure, l'environnement affectif joue un rôle fondamental dans le processus de développement de l'enfant. La structuration de la personnalité s'inscrirait dans une dépendance étroite avec les relations affectives, c'est ce que nous allons tenter de démontrer ici.
De ce fait, à travers l'étude des premières relations parent enfant, nous soulignerons l'aménagement psychique que l'accès à la parentalité induit. Puis, nous nous concentrerons sur le développement psychoaffectif et psychosexuel de l'enfant, en nous inspirant des travaux de Mélanie Klein (psychanalyste anglaise, 1882 – 1960), et de Karl Abraham (médecin et psychanalyste allemand 1877-1925). Enfin, sera mis en lumière, bien évidemment, la nécessité d'un portage affectif, et, tout autant, souligné l'indispensable besoin non pas d'un père, mais bien plus d'une fonction paternelle, pour accéder à l'ordre social, au langage, au symbolique, c'est-à-dire pour devenir Sujet. Car, c'est le Nom-du-Père qui inscrit l'enfant « au monde » : il le nomme, fait naître l'homme; et ce signifiant vient le sortir de la relation fusionnelle dévorante d'avec sa mère. Comment la circularité des échanges affectifs et émotionnels, le désir et l'amour, permettent la construction du moi de l'enfant inscrit dans la continuité, est l'objet de cet ouvrage.
En annexe, est proposée une étude sur la relation de l'enfant à l'animal domestique et de son rôle dans le développement psychoaffectif et social de l'enfant. Quel(s) rôle(s) peut jouer l'animal domestique pour l'enfant ? L'importance de cette présence pour son équilibre psychologique est développée à travers ce texte.
[...] Il cherche à rentrer en communication avec elle, usant de son regard. Cependant, lorsque les frustrations sont trop importantes, que la mère est insatisfaisante, insuffisante, insécure, alors, ses pleurs, ses coliques, sa peau servent de langage pour maintenir un lien entre lui et elle. Ainsi, pour contenir les pulsions qui l'envahissent, et qui risquent, du même coup, l'anéantir, le corps manifeste une défense via un symptôme. Le professeur Bernard Golse souligne dans son article Entre psychanalyse et attachement, le concept de pulsion d'attachement comme moyen de penser la symbolisation en absence et en présence de l'objet dans attachement et clinique collection dialogue n°175, édition érès, 1er trimestre 2007, p.19 : Autrement dit, une mère qui, à tort ou à raison, se fait une idée rétrospective sécure ou insécure de ses propres liens d'attachement précoces va, dans près de 80% des cas, induire chez son enfant des schèmes d'attachement respectivement sécures ou insécures L'histoire et le vécu de la mère ont donc, une importance cruciale dans sa manière d'être maternante, parce que son propre narcissisme en dépend. [...]
[...] I - L'animal, médiateur entre l'enfant et le monde L'animal domestique occupe une place importante dans la dynamique familiale. Il peut, dans certaines circonstances, représenter un intermédiaire essentiel entre l'enfant et le monde extérieur. l'animal comme alter ego L'animal domestique demande des soins de la part des adultes. Il faut le nourrir, le soigner, le sortir et l'éduquer. Il part avec ses maîtres en vacances, ou séjourne dans un centre de pension canine-féline. Il occupe une place à part entière dans la dynamique familiale. [...]
[...] Sans désir, le sujet ne peut advenir. ANNEXE Le rôle psychoaffectif et social de l'animal domestique L'enfant et l'animal L'animal : médiateur entre l'enfant et le monde l'animal comme alter-ego l'animal intermédiaire entre l'enfant et le monde adulte II- La communication entre l'enfant et l'animal la communication non-verbale la communication sensorielle II-Le rôle éducatif des animaux éducation par le jeu apprentissage de la relation à deux les rituels le cycle biologique IV- L'enfant et le chat Considération de l'animal par l'enfant Conclusion L'enfant et l'animal L'homme est un mammifère disposant de 99% de gènes en commun avec le chimpanzé. [...]
[...] Puisqu'à présent, l'enfant ressent un manque qu'il ne peut nommer, la fonction paternelle va donc, l'aider à s'exercer à le border de sens : cela se manifeste par l'entrée dans la langue (apprentissage de la lecture et de l'écriture : signes et symboles culturels), et dans l'ordre social (vie en collectivité : école). Aux questions sur les mystères de la vie, la fonction paternelle, la société, apportent des signifiants, des supports symboliques : contes, mythes, jeux, etc. Et la mère, elle, est interrogée par l'enfant sur ses origines (à lui) et sur sa place dans son désir. L'enfant a ressenti qu'il n'était pas tout dans le désir de sa mère. Alors, Pourquoi suis-je au monde ? est la question centrale de cette période oedipienne. [...]
[...] Aussi, il ne faut pas entendre le mot deuil comme quelque chose de négatif. Le deuil est le passage entre deux situations, c'est un moment de construction, de structuration. Le deuil permet d'apprendre à vivre sans l'autre, à faire avec l'absence. Lorsque la mort touche l'animal aimé, la tristesse envahit les maîtres. L'absence marque le quotidien. Faire l'épreuve de l'absence est très structurante pour l'enfant. De ce fait, il est souhaitable que le deuil soit marqué dans la durée, c'est-à-dire que l'enfant comprenne que l'animal domestique avait une place bien à lui dans la famille, que sa mort laisse un vide, que cette absence est bien réelle et que un être vivant aimé ne se remplace pas. [...]
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