Nous avons choisi comme objet de recherche, l'étude des rapports entre la parole et la psychose au travers de la rencontre avec des patients schizophrènes dans le cadre d'un stage en hôpital de jour.
Le syndrome schizophrénique a fait l'objet de nombreuses approches tant théoriques que thérapeutiques, d'abord dans le champ de la psychiatrie.
La psychanalyse a ensuite apporté sa propre contribution, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives. Victor Tausk ( V. Tausk, 2000), Paul Federn, Harold Searles (H. Searles, 1997), et Paul Claude Racamier (P.C. Racamier, 2001), pour ne citer que ces auteurs, ont enrichi la compréhension des patients schizophrènes avec des apports pionniers de par leur singularité.
Nous choisirons de considérer ici deux courants principaux qui se sont intéressés à cette forme de psychose qu'est le syndrome schizophrénique :
- le courant issu de Mélanie Klein (M. Klein,1995) et sa conceptualisation de l'identification projective, outil de communication avec l'environnement dans la constitution psychique normale de l'être humain, et que reprendra par la suite Wilhelm Ruprecht Bion, en élargissant ce concept à l'identification projective pathologique (W.R. Bion,1983,2007).
- le courant initié par Jacques Lacan (J. Lacan, 1966,1975,1981) et son approche des psychoses par le biais du langage et de ses signifiants, qui vient structurer le rapport de la personne à son énergie pulsionnelle. Ce que Lacan conceptualise dans une problématique de jouissance et d'accès au désir et au statut de sujet désirant, par l'opération de la métaphore paternelle.
Ces deux perspectives théorico-conceptuelles se retrouveront dans nos références sources tout au long de ce travail de recherche.
Toutefois, c'est à l'univers de pensée d'un auteur contemporain, Gaetano Benedetti (G. Benedetti, 1998,2002) qui témoigne selon nous de la richesse de tout cet héritage, que nous ferons fondamentalement appel.
La découverte de ce que Gaetano Benedetti nous redonne de sa longue expérience clinique avec des personnes schizophrènes, nous procure le moyen d'aborder nos propres expériences en leur donnant un cadre theorico-conceptuel, et ainsi nous permet de penser et communiquer quelque chose de ces expériences.
Son éclairage novateur sur les effets de subjectivation dans le travail avec les individus psychotiques sera le socle conceptuel et méthodologique de notre étude, dans une recherche qui privilégie la dimension de la parole et l'émergence de l'énonciation chez le patient schizophrène, plutôt qu'un abord centré sur les troubles du langage dans le discours schizophrénique.
Nous considérons ainsi la parole selon sa valence émotionnelle, pulsionnelle, et non uniquement comme outil ou moyen de communication s'appuyant sur des effets de significations socialement communs et codés (...)
[...] La pensée de Benedetti souligne aussi l'importance du contre transfert dans le champ psychotique. Il nous apporte les éléments nécessaires à une appréhension différente du phénomène transférentiel, qu'il écrit par ailleurs ne pas élire comme objet d'interprétation. Pour cet auteur, «l'analyse du transfert est inutile chez le psychotique;ce qui est décisif c'est le contre-transfert thérapeutique (Fontaine, A., & Al p.189). De fait, l'absence de refoulement dans les psychoses et donc dans le syndrome schizophrénique, ne nous met pas en position d'attente d'un fantasme qui se construirait autour d'un retour du refoulé. [...]
[...] Cependant, c'est au-delà ou en deçà de ce langage et de son emploi, que réside une curiosité sans doute génératrice d'une suite à notre travail. Si les manifestations de l'image inconsciente du corps de l'individu, transparaissent dans les caractéristiques verbales de son expression, alors ce sont à ces manifestations, et à ce que nous pouvons en ressentir, en percevoir, que nous nous intéressons. Bien plus encore, dans le cas d'une image inconsciente du corps morcelée, fragile, comme c'est le cas dans le syndrome schizophrénique, mais aussi dans d'autres pathologies et phénomènes qualifiés de limites ou extraordinaires, des choses s'observent, sont ressenties, mais sont difficilement objectivables et communicables. [...]
[...] Ce qui en est repérable à terme, se manifeste par des d'effets de significations langagières, portés par des fantasmes imaginaires ui nous sont adressés, d'où peut advenir ce qui fait sens pour nous, et pourrait faire l'objet d'une interprétation dans le cadre d'une cure. Dans le cadre de l'aménagement schizophrénique, le désir ne s'exprime pas dans un langage qui fait lien, mais dans un langage parfois auto référentiel, et relativement hermétique sur le plan de la signification. Nous avons pu observer que si le psychotique peut respecter la grammaire et, sans altérer les mots, s'exprimer dans un langage intelligent, ce langage n'est cependant pas toujours intelligible. [...]
[...] Pourtant nous affirmons que s'il n'y a pas eu réellement échange sur un mode de dialogue entre nous et Mr il y a eu tout de même communication de quelque chose entre nous et cette personne. Nous sommes à l'écoute de ce que nous dit Mr H. Ce faisant, notre propre appareil psychique est au travail ainsi que celui de la personne qui s'adresse à nous et que nous écoutons. Ce que nous dit Mr nous semble parfois s'apparenter à des pensées à voix haute Il nous livre quelque chose d'un travail d'essai de mise en forme de protopensées. [...]
[...] Présentation des personnes reçues en entretien 51 Mr H 51 Mr F 53 B. Le cadre de notre intervention Lieu et circonstances de nos rencontres Ethique et déontologie 56 C. Moyens mis en œuvre et outils d'intervention Choix des personnes reçues en entretien Entretien clinique et écoute 57 L'entretien clinique 57 La partition d'un inconscient instrumental Présence, accueil et capacité de rêverie 60 IV. Résultats 65 A. Mr. F Déroulement et contenu de l'entretien Interprétation Conclusions 72 B. Mr. H Déroulement et contenu de l'entretien Interprétation Conclusions 82 V. [...]
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