L'alliance thérapeutique est une relation de confiance entre un patient et son thérapeute. En pédopsychiatrie, un constat clinique s'impose : les ruptures thérapeutiques sont nombreuses et témoignent d'un échec dans la construction de l'alliance avec les parents. Ces ruptures et ces discontinuités thérapeutiques posent la question de la conscience du trouble chez les parents.
De nombreuses recherches montrent que l'alliance thérapeutique parents-soignants permet des progrès sur le plan des objectifs thérapeutiques et favorise la réussite thérapeutique chez l'enfant. Mais à l'inverse, une évolution clinique positive chez l'enfant a-t-elle une influence sur la qualité de l'alliance thérapeutique parents-soignants ? Les progrès thérapeutiques de l'enfant permettent-ils une alliance thérapeutique plus forte chez les parents ?
L'autonomie est l'un des principaux objectifs thérapeutiques chez les enfants souffrant de troubles du développement car celle-ci est entravée par des angoisses de séparation et des difficultés d'individuation. Les troubles du développement sont des troubles qui apparaissent à un certain stade du développement, entraînant souvent, un retard de ce développement.
L'évolution de l'autonomie est devenue un enjeu de taille en psychiatrie infantile puisque les institutions utilisent depuis quelques années un outil permettant d'évaluer l'évolution de l'autonomie. Sur le plan clinique, cette évolution, ne paraît possible qu'avec un partenariat entre parents et soignants.
Quelques auteurs mettent en lien alliance thérapeutique et conscience du trouble mais très peu de recherches existent sur la conscience du trouble de l'autre, et plus précisément, sur celle des parents. Pourtant, le discours des parents sur la pathologie mentale de leur enfant peut être tout à fait paradoxal ; d'une semaine à l'autre, ils peuvent décrire objectivement les symptômes de leur enfant puis, dire qu'ils ne « voient » pas les difficultés de celui-ci. Nous nous sommes donc demandée si ces parents ont réellement conscience des troubles de leur enfant. Pour Brun M. (2001) la conscience du trouble peut être considérée comme un élément permettant l'alliance thérapeutique ; pour d'autres auteurs comme Horvath et Greenberg (1992), c'est l'alliance qui favoriserait la conscience du trouble. M.-D. Amy (1995) affirme que l'alliance avec les parents n'est possible que si ceux-ci ont une perception réaliste de la maladie de leur enfant. Alliance thérapeutique et conscience du trouble seraient donc liées.
Ainsi, on peut se demander d'une part, si l'évolution de l'autonomie de l'enfant souffrant de troubles du développement est en lien avec la qualité de l'alliance thérapeutique et celle de la conscience du trouble des parents, et d'autre part, si alliance thérapeutique et conscience du trouble dépendent l'une de l'autre.
[...] II.2 Les variables non contrôlées Ces variables sont intéressantes, car elles pourraient expliquer les différences individuelles au niveau des résultats. L'échelle globale de fonctionnent (EGF) : lorsque le score est bas (compris entre 40 et que le fonctionnement est altéré, la conscience des parents est meilleure que lorsque le score est plus haut, que le fonctionnement est variable. Les pathologies associées: seules les angoisses de séparation semblent influencer le score d'alliance thérapeutique. En effet, les parents obtenant un score bas d'alliance thérapeutique sont ceux dont l'enfant souffre d'angoisse de séparation. [...]
[...] Ils obtiennent un score d'alliance thérapeutique en dessous de la moyenne, pour la plupart. On peut alors imaginer, (sans toutefois parler d'identification projective) que pour certains de ces parents, le soignant les renvoie à leur échec Ce qui expliquerait cette distance dans la relation. On peut également penser à une autre hypothèse. En effet, ce que nous apprend l'état mental perçu c'est que lorsque les parents perçoivent un bon état mental ils ont une conscience du trouble faible, voire inexistante ; l'EMPG pourrait expliquer un score si faible : les parents ne percevraient pas leur enfant comme malade mentalement. [...]
[...] En 1986 apparaît la première échelle permettant d'évaluer la qualité de l'alliance chez les parents. En 2006, S. Kermarrec, B. Kabuth, C. Bursztejn et F. Guillemin traduisent, adaptent et valident le HAQ-CP en français. Cet auto-questionnaire n'ayant pas été encore publié, nous avons pu l'obtenir en prenant directement contact avec le Docteur Guillemin. S. Kermarrec nous a ensuite fait parvenir le mode de cotation du HAQ-CP. [...]
[...] Validation La cohérence interne est élevée (α de Cronbach = 0,8). La reproductibilité est satisfaisante (coefficient de corrélation = 0,84) ainsi que l'unidimensionnalité où le premier facteur avec un engevalu de 4.10 explique 75% de la variance totale. Toutefois, la validité externe reste pour l'instant inconnue. Ce questionnaire s'étend à toute relation d'aide dans le milieu médicalisé. Notre recherche s'effectuant dans le milieu thérapeutique, nous avons donc fait le choix de remplacer le terme médecin par thérapeute au sein du questionnaire. [...]
[...] On peut alors émettre l'hypothèse, que, pour les parents, cet accès à l'autonomie, entendue au sens d'adaptation, est essentiel. Dans notre société, ne pas être autonome, signifie être dépendant, au sens péjoratif du terme, et donc inadapté face à la norme sociale, (P. Pinell, 1990). On peut penser que, pour les parents, cette évolution de l'autonomie fonctionnelle, quotidienne et sociale va avec une guérison d'où une alliance et une conscience moins forte que chez les parents dont l'enfant n'a pas gagné en autonomie. [...]
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