La définition et les représentations de l'alcoolisme ont évolué au cours des siècles. De nos jours encore, on trouve différentes définitions de l'alcoolisme, sans doute parce que la frontière entre alcoolisme et consommation d'alcool est souvent difficile à déterminer. En 1951, l'OMS proposait cette définition : "Les alcooliques sont des buveurs excessifs dont la dépendance à l'alcool est telle qu'ils présentent, soit un trouble mental décelable, soit des manifestations affectant leur santé physique ou mentale, leurs relations avec autrui et leur bon comportement social et économique, soit des prodromes de troubles de ce genre. Ils doivent être soumis à un traitement."
Les alcoologues définissent aujourd'hui l'alcool comme "un produit à larges pouvoirs pathogènes et toxicomanogènes, une substance susceptible de modifier le comportement de son utilisateur et de créer une dépendance selon les critères du DSM-IV et du CIM-10 . […] Le DSM-IV définit la dépendance par une utilisation inadaptée d'alcool conduisant à une altération du fonctionnement ou une souffrance cliniquement significative. La CIM-10 la définit comme un ensemble de phénomènes comportementaux, cognitifs et physiologiques dans lesquels l'utilisation de l'alcool entraîne un désinvestissement progressif des autres activités."
C'est pourquoi les spécialistes préfèrent désormais parler d'alcoolodépendance. En effet, les recherches récentes classent l'alcool parmi les trois drogues les plus dangereuses avec la cocaïne et l'héroïne. On peut l'associer à une drogue, car tous deux agissent sur le cerveau et en modifient le fonctionnement. Le traitement de l'alcoolodépendance comprend donc des points communs avec celui des conduites addictives en général.
On estime que deux millions de personnes sont dépendantes de l'alcool et que cinq millions sont des buveurs excessifs, c'est-à-dire que leur consommation les expose à des difficultés d'ordre psychologique ou social. Cette pathologie touche les hommes comme les femmes de tous les âges et de toutes les catégories socio-professionnelles. C'est pourquoi nous nous sommes demandé ce qui peut se jouer au niveau de l'inconscient de toutes ces personnes qui deviennent dépendantes de l'alcool et quels traitements peuvent être envisagés.
[...] L'angoisse, le délire s'imposent sur la partie pensante. Cependant chez tout malade mental, selon Michèle Monjauze, psychologue clinicienne, il subsiste une part adaptative si minime soit elle, préservée de la folie. C'est en se fixant sur cette part adaptative que le thérapeute va travailler avec le patient afin de l'utiliser pour que la partie saine prenne le pas sur la partie malade. B. Les relations internes des alcooliques La partie alcoolique d'une personnalité fait partie intégrante du registre primitif car elle agit tout de suite, sans parole, ni pensée. [...]
[...] En outre, le fait de verbaliser l'angoisse ne résout pas son problème. C'est une idée fausse qui est souvent véhiculée. Elle provient certainement d'une mauvaise extrapolation des théories de Freud sur la névrose : si le traumatisme est survenu chez un sujet après l'acquisition de la parole, et que la personnalité de ce sujet a été avant le trauma suffisamment bien structuré, une psychothérapie longue pourra vraisemblablement de cette manière permettre la cicatrisation[4]. Concernant les alcooliques, un trauma, même tardif, réactive des traumatismes précoces. [...]
[...] L'enveloppe psychique La notion d'enveloppe psychique explique les impressions délirantes de vol de la pensée ou de pénétration dans les pensées d'autrui chez certaines personnes dont l'enveloppe psychique est fragile ou mal construite. Anzieu, dans son ouvrage Le Moi-Peau émet l'hypothèse que l'enveloppe psychique serait acquise au cours du développement du sujet pour protéger le psychisme de la même manière que le fait la peau pour le corps. Cette enveloppe agirait comme un pare- excitation aux agressions extérieures. L'alcool dissout de manière plus ou moins forte cette enveloppe. [...]
[...] Il est important que ce dialogue interne existe. En psychothérapie, l'un des objectifs est de rendre plus sereines les relations intérieures afin d'être en accord avec soi-même. La partie pensante de notre personnalité fonctionne en quelque sorte comme une bonne mère face à nos angoisses. On peut l'appeler partie adaptative Chez certains la partie primitive prend le dessus sur la partie adaptative C'est le cas pour les psychoses. Il semblerait que le fonctionnement psychique des alcooliques soit proche de celui des psychotiques. [...]
[...] Alcoolisation : consommation d'alcool par un individu ou une collectivité, sans référence à une quelconque dose. Alcoolisme : Ensemble des atteintes organiques viscérales liées à une consommation excessive d'éthanol sur le long terme et situation sociale résultant de l'atteinte d'un grand nombre d'individus. Relation pathologique d'alcoolodépendance et/ou d'alcoolopathies. Alcoolodépendance : C'est le terme préféré actuellement à celui d'alcoolisme, du fait de son caractère péjoratif. Alcoolopathies : Dommages secondaires engendrés par la consommation aiguë ou chronique d'alcool, indépendamment de la notion de la dépendance mais pouvant se retrouver chez les sujets dépendants. [...]
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