Etre psychologue au sein du service médical suscite de grandes questions. En effet, nous pouvons nous demander quelle est la place réelle du psychologue au sein des différents services de médecine, et surtout quelle place la médecine accorde à la psychologie. La dimension centrale du corps et de ses manifestations légitime la présence des spécialistes de l'écoute et de la parole en ce lieu : un psychologue.
Il est important de voir d'où provient la demande de consultation. Elle est émanée du patient lui-même, (ce qui est plutôt rare ici dans la mesure où les enfants sont en bas âges), de l'équipe soignante, en effet, elle peut désirer l'avis du psychologue et l'interpeller sur un détail qui leur a semblé important ; de l'assistante sociale puis de la famille du patient.
Selon la provenance de la demande, la psychologue dirigera son entretien en fonction. Son principal outil est la parole et l'écoute, ce qui peut être un réel problème pour l'équipe médicale qui demande des tests et des échelles pouvant mesurer la douleur ou l'angoisse d'un enfant. La psychologue peut se trouver dans une position délicate, recevant des demandes auxquelles elle ne peut y accéder, selon son orientation professionnelle.
Son rôle ? Etre à l'écoute de l'enfant confronté à l'inconnu de la maladie, ainsi qu'à l'écoute des parents et proches de l'enfant. Le risque pour l'enfant est que cet inconnu envahisse son psychisme et l'aliène à la maladie à tel point qu'il s'isolera, cessera de jouer comme un enfant de son âge, et qu'il ne pensera pas à son avenir. L'enjeu est donc d'intervenir afin que cette aliénation n'envahisse pas l'enfant. Le psychologue devra alors faire un travail avec l'enfant dans le but d'aider l'enfant à se penser autrement qu'au travers de cette maladie. Les questions qui reviendront le plus souvent chez l'enfant sont « qui suis-je dans ce corps malade ? », « comment puis-je penser ce qui m'arrive ? » et « vais-je mourir ? ». On peut observer une souffrance psychologique très importante allant parfois jusqu'à en oublier la souffrance physique due aux traitements et à la maladie. En effet, l'image du corps, la peur de la maladie, la crainte de mourir, le regard des proches, la diminution de l'estime de soi, l'isolement social sont des aspects psychologiques fréquents chez l'enfant malade (...)
[...] En effet, au cœur de plus d'une trentaine de personnels soignants qui ne voient que par les soins, les médicaments et l'aspect physique la psychologie a sa place dans la mesure où la maladie constitue toujours une rupture de l'unité consciente de l'être. Le psychologue est là pour accueillir la parole de celui qui souffre. Au service d'oncologie pédiatrique, celui qui souffre est bien sûr l'enfant investi par cette maladie mais aussi la famille et les proches. Il n'est pas rare d'entendre la parole de la mère préoccupée par l'état de son enfant et de son avenir, celle d'un ami qui se pose de nombreuses questions quant à la personnalité ou au physique changeant occasionné par la maladie. [...]
[...] DOUCET , Le psychologue en service de médecine : les mots du corps , p Ed. Masson C. DOUCET , Le psychologue en service de médecine : les mots du corps , p Ed. [...]
[...] Le symptôme est adressé au psychologue dans le but d'être reçu. Nous avons pu observer que l'angoisse prédomine dans le service d'oncologie pédiatrique. L'angoisse remplit la fonction du signal du danger : danger de l'irruption de l'idée de sa propre mort, de sa propre disparition, dont Freud, nous l'avons vu, nous dit qu'elle est dans l'inconscient impensable. Le psychologue dans un service médical doit construire sa place. Il y a d'une part la logique médicale qui se veut soignante par les médicaments et d'autre part, la logique de la rencontre clinique, l'écoute singulière d'un sujet en souffrance. [...]
[...] Le psychologue part du symptôme et donc de ce qui ne va pas. Ce qui le guide c'est le sujet et c'est en s'attachant au cas par cas qu'il va pouvoir saisir le sujet dans sa singularité. Le corps est le lieu de la pulsion ainsi le spécialiste de l'écoute et de la parole en ce lieu va s'intéresser à ce corps à partir de ce qu'en dit le sujet. Il se caractérise d'avoir un corps et d'en faire un usage symptomatique pathologique. [...]
[...] Il y a un soutien nécessaire dans ce service qui met la place du psychologue en avant. Des groupes de paroles étaient organisés afin que les parents, proches, et autres personnels soignants puissent parler de ce qui leur pose problème, ou poser des questions aux dirigeants du groupe de paroles, à savoir la psychologue du service et la cadre de santé. De plus, il est plus facile pour certains parents de voir que les autres parents vivent la même chose, les mêmes douleurs, les mêmes problèmes vis-à-vis de leurs autres enfants qui restent à la maison et qui ne reçoivent pas autant d'attention que leurs frères ou sœurs malades. [...]
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