Une naissance met en jeu différents protagonistes : la mère, le père, l'enfant à naître, mais aussi la fratrie déjà existante, les grands-parents, les amis... Le vécu plus ou moins douloureux d'une naissance est donc à envisager selon ces différents points de vue.
En tout premier lieu, le premier protagoniste à considérer lorsque l'on évoque la naissance, c'est l'enfant lui-même (...)
[...] Qu'en est-il du ressenti de ce moment par les pères ? N'est-il pas difficile de voir souffrir sa femme et de se sentir impuissant à la soulager ? Les pères ont- ils la possibilité de pouvoir parler des angoisses que peut faire naître chez eux l'imminence de la naissance ? Dans le cas où la décision serait prise de ne pas accompagner la femme, n'y aurait-il pas incompréhension de la part de la mère et de l'entourage par rapport à ces réticences du père à assister à la naissance? [...]
[...] Certains pères ne se sentent pas du tout concerné par la naissance, soit parce qu'il n'y avait aucun désir de paternité, aucun désir d'enfant, soit parce que la grossesse, pour de multiples raisons a engendré un rejet de l'enfant à naître. Cette attitude de retrait du père va entraîner un désinvestissement de l'enfant, voire un désintérêt total. Une certaine répulsion à le regarder, à le prendre peut apparaître et faire naître une angoisse chez le père. La relation père/bébé sera perturbée et un trouble s'installera très certainement dans les interactions à venir. Un sentiment d'incompréhension, de non communication avec l'enfant peut apparaître chez le père. [...]
[...] Les conséquences éventuelles à envisager, à mon sens, suite à un accouchement difficile, se situent du côté de la mère. En effet, une mère, après avoir enduré de telles souffrances, peut-elle offrir facilement à son enfant, par le contact et la chaleur de son corps, le soulagement nécessaire pour calmer son angoisse ? Toutes les mères sont-elles en mesure, après coup, de recréer pour leur enfant cet état de symbiose qu'il connaissait dans leur ventre ? L'enfant n'est pas produit par magie et il peut représenter pour la mère un danger pour son propre corps. [...]
[...] Toutes ces blessures individuelles autour de la naissance interviennent à différents niveaux et à des degrés divers. Elles peuvent, pour certaines, apparaître anodines et être rapidement soignées mais le fait qu'elles s'additionnent, qu'elles interagissent peut provoquer un ressenti extrêmement douloureux de la situation au sein de la structure familiale. Le vécu de la naissance peut se transformer en épisode dramatique mettant en danger le fonctionnement même de toute la famille. Les difficultés d'accordage mère-enfant ainsi que l'absence de synchronie au sein de la triade père-mère-enfant, qui peuvent être plus ou moins profondes et durables, devraient pouvoir être prises en compte immédiatement à la naissance, dès que ces difficultés sont identifiables. [...]
[...] Dans certaines situations, pour des raisons médicales, le nouveau-né doit être hospitalisé dès sa naissance. C'est alors au père de se montrer présent auprès de son enfant et de faire sa connaissance dans la solitude, en l'absence de la mère, dans un cadre inconnu et générateur d'angoisses et ne permettant que très peu d'interactions. Le père aura un rôle de médiateur entre la mère et son bébé, il devra la rassurer afin de préparer un terrain favorable à l'établissement du futur lien mère-enfant. [...]
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