Freud (1856-1939) écrit à la fin de sa vie cet essai portant, comme l'indique le sous-titre, sur la genèse des perversions sexuelles. Il s'appuie pour cela sur les témoignages de ses divers patients en cure psychanalytique, et retrouve chez chacun d'entre eux un fantasme récurrent : celui de l'enfant battu. Pouvant au premier abord choquer, il souligne cependant que ce fantasme est très fréquent chez les personnes en cure mais également chez celles non névrosées (...)
[...] D'après Freud, le fantasme serait stimulé particulièrement par deux sources : le milieu social et le milieu scolaire. A l'école, l'enfant de cinq ou six ans serait influencé par la vision du maître d'école châtiant d'autres élèves sous ses yeux. Puis dans les grandes classes, il serait alors stimulé par les livres de la bibliothèque rose ou par des livres comme la case de l'oncle Tom D'un autre côté, l'éducation familiale participe aussi au développement du fantasme : tout enfant a en effet fait l'expérience un jour ou l'autre de la force physique de ses parents. [...]
[...] Freud voit effectivement que le fait d'être battu signifie une révocation de l'amour et une humiliation. En se représentant agréablement le père battant cet enfant haï, l'auteur se dit Le n'aime pas cet enfant, il n'aime que moi Ainsi, le fantasme satisfait la jalousie de l'enfant mais n'est pas au service d'une excitation sexuelle. Lors de l'arrivée d'un frère ou d'une sœur, les amours incestueux succombent au refoulement, car cette nouvelle arrivée est considérée comme une infidélité. La deuxième phase du fantasme n'est qu'une transition vers la phase définitive, elle n'est généralement jamais remémorée par le patient, à cause d'un refoulement trop intense. [...]
[...] Il n'est cependant pas nécessaire que toute disposition se développe en une affection : le fantasme reste à l'écart de la névrose. Lorsque le fantasme est refoulé, son aveu est très difficile car il développe chez son auteur un sentiment de honte et une conscience de culpabilité. Le refoulement engendre de nombreuses questions, comme nous l'avons vu précédemment dans les différentes phases du fantasme : Qui est l'enfant battu ? Est-ce un autre enfant ou lui-même ? Une fille ou un garçon ? [...]
[...] En ce qui concerne la personne qui bat, il semblerait que ce soit un adulte reconnu comme le père : il ne s'agit toujours pas de l'auteur, ce n'est donc pas non plus un fantasme sadique. Ce fantasme de fustigation s'explique facilement, il se rapporte au fait de partager l'amour des parents avec d'autres enfants. L'enfant est empêtré dans les excitations de son complexe parental et l'amour de son père fait germer la haine et la concurrence. Il va donc mépriser l'enfant plus jeune afin de tuer la tendresse réservée au plus jeune par les parents. [...]
[...] Un adulte, un autre enfant, ses parents ? Les patients ne donnent jamais de réponse et disent simplement Je n'en sais pas plus, un enfant est battu Nous sommes alors en mesure de nous interroger sur la relation entre le refoulement et le caractère sexuel très intime. Pour conclure, au sujet du refoulement, Freud nous expose une théorie anonyme sur la constitution bisexuelle des individus : le combat des caractères sexuels serait le motif du refoulement. Par exemple, le garçon aurait refoulé la féminité, le noyau de son inconscient serait donc féminin. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture