Le cas de Anna O. est indissociable de l'histoire de la psychanalyse car il est le premier cas jamais publié d'une jeune femme hystérique, soignée grâce à cette science naissante et encore très empirique. On peut considérer qu'il est le cas fondateur de la psychanalyse et il me semble donc indispensable de rappeler les conditions de son élaboration avant de l'étudier en détail. Comme l'écrira Breuer un quart de siècle plus tard, le traitement de Anna O. portait en germe la psychanalyse toute entière
[...] est qualifiée de fantaisiste. Elle est, d'après Roudinesco, une construction de Jones, à partir de plusieurs souvenirs de Freud et d'un résumé du journal de Marie Bonaparte. Elle est une reconstruction à postériori de Freud, que Jones valide médicalement en qualifiant cette grossesse de pseudocyesis Roudinesco cite les travaux de l'historien Henri Ellenberger, effectué en 1970, pour comprendre l'histoire de Bertha Pappenheim, qui s'appuie sur un rapport inédit de Breuer, et montrent que d'une part Dora était née en fait le 11 mars 1882 ne pouvait avoir été conçue en juin, d'autre part que la fameuse grossesse nerveuse n'avait jamais eu lieu. [...]
[...] Roudinesco, qui semble lui aussi réécrire le cas, des années plus tard. La maladie d'Anna O Elle se déroule de juillet 1880 à juin 1882, et Breuer divise son cours en quatre phases : celle de l'incubation latente, jusqu'en décembre, celle de la maladie manifeste, qui voit, après l'irruption de symptômes nombreux et paralysant, une certaine amélioration, interrompue par un traumatisme psychique, une troisième phase, où des périodes de somnambulisme alternent avec des périodes normales, une dernière phase, qui voit la disparition progressive des symptômes et troubles, jusqu'à la guérison. [...]
[...] en décembre 1880 et le traitement se poursuit pendant un an et demi. Il en raconte l'histoire à Freud, lors d'une séance de travail de l'été 18837. Freud est très impressionné par cette histoire et pendant son séjour à Paris, il la raconte à Charcot, qui ne s'y intéresse pas les pensées du maître son ailleurs, sur la scène d'un théâtre public de l'hystérie, non au cœur d'un récit intime écrit E. Roudinesco. Anna O. est en réalité Bertha Pappenheim, amie de Martha, fiancée de Freud. [...]
[...] Breuer rapporte, dans les études sur l'hystérie, une heureuse issue du traitement, une guérison définitive, certes réelle, comme en atteste les écrits ultérieurs de Bertha Pappenheim, (d'après P. Gay), même si E. Roudinesco indique qu'elle est devenue morphinomane après le traitement. Mais Breuer occulte les rechutes et la lente et difficile amélioration. Il en supprime beaucoup de détails très intéressants comme il l'écrit. Ce sont ces détails, mettant en valeur l'origine sexuelle de la maladie, que Breuer raconte à Freud, cette soirée d'été mémorable, et que Freud ne doit raconter à sa fiancée qu'après son mariage. [...]
[...] C'est Jones, qui, le premier, divulgue son nom. Elle est une femme intelligente, pleine de charme, élégante, exceptionnellement douée et cultivée d'après Freud. D'après Jones, elle n'était pas seulement fort intelligente, mais aussi extrêmement attirante, tant par son physique que par sa personnalité ; pendant son séjour à la maison de santé, elle enflamma le cœur du psychiatre de l'établissement Elevée à Vienne par une mère redoutable, un dragon écrit Jones, elle mène une existence morose au sein d'une famille juive très puritaine. [...]
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