Fiche de lecture portant sur l'ouvrage Jeu et réalité de D. W. Winnicott et plus précisément sur le chapitre III intitulé "Jouer : Propositions théoriques".
[...] Dans cette aire du jeu intermédiaire entre le dedans et le dehors, l'enfant va alors manipuler les objets extérieurs pour les mettre au service du rêve. D'autre part, le jeu implique le corps en même temps qu'il se trouve constamment menacé par l'excitation pulsionnelle. En effet, bien que le jeu soit essentiellement satisfaisant, une angoisse ou un éveil pulsionnel trop important peut conduire à la destruction du jeu et à une atteinte du Moi. Ceci est fonction de la capacité de contenance du sujet. [...]
[...] La pratique psychomotrice comprend donc un type de jeu intermédiaire entre le game et le play décrit par l'auteur. En effet, c'est au profit du développement de la créativité du sujet que le psychomotricien propose des matériaux neutres laissant un maximum de place à l'invention et à la construction tout en assurant un cadre rassurant à l'enfant qui s'adonne à des activités impliquant la totalité de son être. Par ailleurs, comme toute médiation, le jeu est un appel à symboliser : il invite à se représenter les choses et se représenter soi- même. [...]
[...] De ce fait, le professionnel emploie le jeu comme une médiation servant de support à la relation. Aussi, tandis que la psychologie clinique utilise la parole comme médiateur, la psychomotricité s'appuie le plus souvent sur l'activité ludique pour accompagner la dynamique mentale d'un patient. De ce fait, par le biais du jeu, le professionnel pourra aborder l'individu dans sa singularité tout en lui permettant de contourner une réalité interne et externe pouvant être trop douloureuse à formaliser d'emblée. Notons qu'en psychomotricité, le jeu est un moyen permettant à l'enfant de faire ou de refaire des expériences qui peuvent le rassurer, d'expérimenter son corps dans tous ses segments, dans l'espace et dans le temps ainsi que d'affiner ses différentes perceptions (tactiles, visuelles, auditives et kinesthésiques). [...]
[...] Par exemple, les jeux de manipulation vont permettre les jeux de mémorisation et la trace mnésique laissée entraînera la symbolisation. De plus, ce processus de symbolisation mis à l'œuvre dans le jeu permet l'assimilation psychique des événements vécus dans le réel et ainsi la maîtrise des angoisses. Dans ses jeux, l'enfant pourra par exemple exprimer son agressivité ou rejouer des scènes de violences dont il a été témoin sans risquer de perdre l'amour ou de porter atteinte à l'intégrité de l'objet relationnel. [...]
[...] Ainsi, il va y avoir une réciprocité dans les échanges qui sera source d'enrichissements mutuels. Ce jeu partagé conduira plus tard aux expériences culturelles. Selon Winnicott, l'espace potentiel entre la mère et le bébé est comparable à celui qui se trouve entre le thérapeute et son patient à la différence que, dans son approche soignante, le professionnel qui joue avec l'enfant cherche spécifiquement à éradiquer les troubles entravant le développement de ce dernier. Notons que le jeu à lui seul est auto-curatif et qu'il s'agit d'une expérience créative qui s'inscrit dans le continuum spatio-temporel ainsi que dans la réalité du patient. [...]
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