Cet extrait de La pensée précatégorielle chez l'enfant par Henri Wallon, introduit avant tout la notion de syncrétisme à l'âge où l'enfant ne pense pas encore avec des catégories issues de qualité partagées par certains objets.
Par la suite Wallon cite les travaux de Goldstein sur les incapacités des aphasiques à transcender les qualités d'un objet pour pouvoir instituer une similarité entre eux (...)
[...] La pensée catégorielle est ce qui sait rassembler les objets sous des traits caractéristiques. Cette capacité n'est pas innée, et peut même être perdue lors de lésions cérébrales. Le syncrétisme chez l'enfant est précisément cette impuissance à distinguer entre elles dans un même objet ou dans une situation les qualités ou circonstances par où ils peuvent être perçus ou connus, et par suite à isoler ces qualités ou circonstances de manière à savoir les retrouver ailleurs Goldstein a remarqué que certains aphasiques (patients souffrant de troubles du langage) peuvent nommer un trait dans chaque objet particulier, sans pour autant étant ce trait à une catégorie regroupant ce qui le possède. [...]
[...] En ce qui concerne l'identification intellectuelle, chaque objet semble en lui-même indécomposable. Cependant il peut y avoir certaines analogies, plus recherchées que des tautologies comme de dire que A est avec des liens de causalité, de réciprocité, de parenté ou simplement des raisons verbales. Pourtant, l'association de deux termes pour un enfant n'est pas une simple union sur un trait, mais elle peut former comme une entité indifférenciée et totale. Ainsi l'enfant peut concevoir que le poussin sort de l'œuf et qu'une poule pond un œuf, mais ces deux couples œuf-poussin et œuf pondu forment deux espèces si distinctes que l'enfant, même en sachant que la poule a été poussin, ne peut transformer la même chaine poule-œuf- poussin en œuf-poussin-poule ou en poussin-poule-œuf Ce genre de dissociation n'est pas la seule éventualité possible, il peut aussi y avoir contamination : deux éléments ayant un trait commun sont rapprochés, comme dans la lune est noire où le mot nuit est syncopé dans les deux couples lune-nuit et nuit-noire qu'il formait ou dans une forme plus complexe dans ce vers d'Eluard où rond est syncopé dans les couples : orange-rond, rond- terre, terre-bleue ; alors la terre est bleue comme une orange Les couples syncopés sont, d'une certaine façon, comparables au syllogisme ce qui montre leur caractère structural dans la pensée et ses tentatives logiques. [...]
[...] La pensée précatégorielle chez l'enfant, p.97-101. Ce texte est extrait de La pensée précatégorielle chez l'enfant publié en 1951 et écrit par Henri Wallon (1879-1962), médecin, philosophe, psychologue et homme politique français à qui l'on doit notamment la création de la psychologie scolaire. Mots clés : enfant, pensée précatégorielle, catégorielle, syncrétisme, qualité, aphasique, couples syncopés, syllogisme, sériation. Résumé Cet extrait de la pensée précatégorielle chez l'enfant par Henri Wallon, introduit avant tout la notion de syncrétisme à l'âge où l'enfant ne pense pas encore avec des catégories issues de qualité partagées par certains objets. [...]
[...] Dès l'âge de l'école maternelle ans), l'enfant peut superposer deux objets qui se ressemblent. Mais s'il s'agit par exemple de recopier un dessin ; l'enfant (ou l'arriéré) le recopiera sur les mêmes traits, comme s'il n'existait pas d'espace à côté du modèle. De 5 à 13 ans peut se présenter le phénomène de transparence dans le dessin de l'enfant, c'est-à-dire une représentation superposée d'objets qui devraient normalement se faire écran proche de certains tableaux de Picabia où les traits dessinant les personnages se mélangent. [...]
[...] Dans un dernier temps, Wallon distingue et rapproche le couple syncopé du syllogisme, comme deux exercices de la pensée mais ayant des rigueurs scientifiques bien distinctes ; et le couple de la sériation : le couple ne présuppose par d'ordre quand une série d'au moins trois termes est nécessairement orientée. Wallon conclut sur un autre travail de Goldstein avec les aphasiques : ceux-ci sont incapables de catégoriser des éléments en formant des groupes de plus de deux termes. Ils peuvent éventuellement saisir une ressemblance une à une, mais non l'étendre dans une perspective ordonnée. [...]
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