Dans son livre, Vivre en maison de retraite, Isabelle
L'auteur tente tout au long de cette deuxième partie, de nous faire découvrir les mondes privés que les résidents construisent et qui varient selon les personnes, leurs conditions d'admission dans l'institution, leur vie passée…
Mallon aborde cette notion de « mondes privés » à travers l'observation de trois types de résidents de maison de retraite. Ceux qui s'investissent énormément dans l'institution, ceux qui investissent peu mais qui donnent priorité à leur autonomie et enfin, ceux pour qui l'instabilité et le déséquilibre ont pris le dessus.
En observant ces trois univers, on remarque que des points communs existent mais également et surtout, d'importantes différences. Quand pour les uns, l'entrée en institution a été un choc car précipitée et inévitable, pour d'autres elle est au contraire un acte réfléchi, choisi et organisé, pour d'autres encore, elle est absolument contrainte. Dans les trois cas, il faudra gérer la réorganisation de sa nouvelle vie, les relations avec la famille quand elle existe, l'aménagement de son espace privé (la chambre) et parfois la liquidation des anciens biens. Chacune de ces étapes marque le degré de qualité de la vie à venir, relativement élevé pour certains, tout bonnement catastrophique pour d'autres. Isabelle Mallon a choisi de traiter chaque catégorie de personne dans trois parties distinctes mais liées. La première porte un regard sur les résidents qui trouvent leur équilibre grâce à l'institution, la deuxième sur les résidents qui mènent une vie personnelle au sein de cette institution et la troisième sur ceux qui ne parviennent définitivement pas à se sentir chez eux.
[...] Seules les familles peuvent rompre la discipline instaurée, le parent échappe alors aux activités, et même, pourquoi pas au repas. La famille permet également de rappeler à l'institution les habitudes personnelles de leur parent, ce qui permet parfois d'expliquer certaines difficultés d'adaptation, mais surtout au personnel de réagir de manière adéquate. Conclusion Pour terminer son livre, Isabelle Masson nous signale que les différents mondes décrits ne sont pas étanches les uns vis-à-vis des autres. Une même personne peut circuler de l'un à l'autre au fil de sa vie dans l'institution. [...]
[...] Ils reprennent ainsi progressivement confiance en eux au sein de cette nouvelle demeure, se font leur place, sont reconnus. L'institution peut ainsi véritablement pallier à différents manques, apporter un réel soutien (démarches administratives se substituer à la famille quand celle-ci est inexistante en proposant des occasions de sortie. Le résident s'y sent en sécurité en comparaison à son ancienne vie parfois précaire et inquiétante. Ceux qui ont encore une famille la voient environ tous les quinze jours à l'intérieur de l'établissement ou au domicile des enfants, mais quels que soient les rapports avec cette famille, elle sera de toute façon moins sollicitée que l'institution afin de ne pas déranger. [...]
[...] Il y a à la fois le choc de cette vie qui change brutalement, mais aussi la contrainte de cette nouvelle vie. Ces personnes ne parviennent pas à construire un nouveau monde privé équilibré. On observe alors des conduites de fuite, de résistance et de retrait. Pourtant, ces personnes peuvent donner l'impression d'être bien adaptées, c'est seulement la prise en compte de leur vision qui mettra en évidence une adaptation en réalité fragile malgré leurs efforts. L'institution est ressentie comme un poids trop lourd et en effet ces personnes souvent démunies, à bout de force, n'ont pas les moyens de se prendre en charge et de préserver leur autonomie, c'est l'institution qui prend tout en charge. [...]
[...] Peu à peu ces personnes ont rempli leur chambre de meubles, de bibelots, récupérés dans l'institution. Les murs eux sont le support de la vie actuelle (beaucoup plus rarement de la vie passée avec laquelle ces résidents sont en rupture volontaire, ne l'oublions pas). Des meubles personnels sont remplacés par ceux de la maison, jugés plus pratiques, ceux qui sont conservés le sont souvent selon des critères fonctionnels plus qu'affectifs. L'affectif se retrouve cependant dans quelques photographies accrochées au mur et/ou quelques meubles qui en plus d'être fonctionnel(s) ont un sens dans la vie de la personne. [...]
[...] Le choix de la maison de retraite s'impose donc sagement à eux, considéré comme la meilleure des solutions. Ces personnes estiment d'ailleurs qu'il est préférable d'entrer en maison de retraite en bonne forme afin de mieux s'y adapter. Elles sont issues généralement de milieux aisés ou de la tranche intellectuelle de la classe moyenne, les personnes issues du milieu ouvrier, elles, ne conçoivent pas d'entrer volontairement en maison de retraite, l'usage veut que l'on reste à son domicile et qu'on ne le quitte que de force. [...]
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