Totem et Tabou - Sigmund Freud (1913) - publié le 06/05/2019

Thèmes abordés

Totem et Tabou, Sigmund Freud 1913, école de psychanalyse de Zurich, Wundt, psychologie collective, névrose obsessionnelle, populations primitives d'Australie, peur de l'inceste, exogamie, désir refoulé, souffrance, conscience morale, animisme, Darwin, complexe d'Oedipe

Résumé du document

"Totem et Tabou" a été publié en 1913 et rassemble quatre essais. Freud s'appuie sur de nombreux travaux ethnologiques qu'il cite abondamment. Il compare les données ethnologiques aux données cliniques et psychanalytiques et construit ainsi les fondations de l'ethnologie psychanalytique. L'ouvrage permet la redécouverte de la névrose obsessionnelle et de l'ambivalence et la réaffirmation du complexe d'Oedipe. La comparaison entre la vie de l'homme primitif et celle du névrosé, la construction du mythe du meurtre du père permettent l'affirmation de l'existence d'une psychologie collective et son explication psychanalytique. Freud présente son ouvrage en indiquant qu'il s'agit d'expliquer ce qu'apporte la psychanalyse aux phénomènes de la psychologie collective tout en s'opposant à W. Wundt qui utilise la psychologie analytique et à ceux de l'école de psychanalyse de Zurich.

Extraits

[...] Donc, par analogie, si le totem est en réalité le substitut du père on comprend mieux les deux tabous principaux du totémisme : l'interdiction de tuer le totem et l'interdiction d'épouser une femme appartenant au totem. C'est exactement les deux crimes qu'a commis Œdipe. Ainsi donc, le système totémique trouverait son origine dans le complexe d'Œdipe. Le sacrifice est un rituel commun aux religions anciennes. Il s'agissait dans un premier temps de nourrir la divinité avec les aliments qu'utilisait l'homme, la chair et le sang de l'animal, au cours d'une fête qui réunissait tous les membres de la communauté. L'animal sacrifié est considéré comme un membre de la tribu. [...]

[...] C'est pourquoi progressivement est apparu un dédoublement de l'autorité, les charges administratives étant confiées à des personnes moins importantes, le roi conservant l'autorité spirituelle. L'approche psychanalytique de toutes ces contradictions dans les rapports entre le souverain et son peuple montre une abondance de craintes liées au tabou, comme dans la névrose obsessionnelle où l'origine se trouve dans un conflit tendresse hostilité refoulé. Cette ambivalence est également présente dans les tabous. Le roi dispose d'une puissance illimitée et est responsable de ce qui arrive aux autres. [...]

[...] Tous les membres du clan respectent et honorent le totem. Le totem se transmet de façon héréditaire tant par la mère que par le père. Il est tout à fait remarquable que, dans ces systèmes totémiques, la loi de l'exogamie s'applique toujours, selon laquelle « les membres d'un seul et même totem ne doivent pas avoir entre eux de relations sexuelles, par conséquent ne doivent pas se marier entre eux ». Plusieurs éléments sont à noter : Le non-respect de cette règle est vengé par l'ensemble du clan comme pour détourner le danger que lui fait courir cette transgression. [...]

[...] Pour Freud, les explications de Wundt ne sont pas satisfaisantes. Du point de vue psychologique, la crainte des démons ne peut être la cause du tabou. De même, il n'y a pas de séparation franche entre le sacré et l'impur qui n'interviendra que plus tard pour aboutir aux notions de vénération et exécration. L'examen de personnes atteintes de névroses obsessionnelles par le psychanalyste montre chez ces patients des interdits qu'ils observent avec la même rigueur que les peuples respectent les tabous. [...]

[...] Les tabous semblent obéir aux mêmes règles. Leur origine est « inconsciente », provenant d'ancêtres, et ils sont transmis de génération en génération. Le désir primitif à l'origine du tabou persiste justement par la manifestation du tabou d'où, là aussi, une attitude ambivalente. Les prohibitions taboues les plus anciennes sont présentes dans le totémisme : ne pas tuer l'animal totem et l'interdit de rapports sexuels avec des individus du même totem. Ces tabous correspondent à ce que la psychanalyse considère comme « le centre du désir » de la vie infantile et « le noyau de la névrose ». [...]