On pourrait dire que l'esprit constitue la face subjective, et le cerveau la face objective d'une même entité : l'esprit cerveau. La face subjective faisant référence à l'expérience consciente de l'être et la face objective étant ouverte à l'explication scientifique pour la première raison que le cerveau est observable. Cependant, il existe certaines positions qui voudraient expliquer à partir de théories réductrices le phénomène de la relation corps-esprit et donc l'expérience consciente. C'est en montrant que le physicalisme n'est pas forcément le plus approprié pour expliquer ce genre d'expérience que Nagel nous expose ses propres théories concernant ce qui confère au problème corps-esprit son caractère insoluble : le caractère subjectif de l'expérience consciente de l'être.
[...] Cependant, si cela explique le processus de création, cela exclut aussi tout produit du hasard, de l'incompréhensible, du néant si l'on peut dire : qu'est-ce qui fait que l'idée qui ait germé dans l'esprit est A et non B ou C ? On peut analyser l'éclair, car il est physique, donc observable ou visible, si l'on peut dire. Le voir n'est pas une garantie absolue qui rend l'explication du phénomène possible, mais il semble que ce soit le début à tout type d'analyse : de l'infiniment grand à l'infiniment petit, tout ce qui a pu être prouvé avec une certitude scientifique absolue a d'abord été étudié, observé, manipulé. [...]
[...] Mais d'où viennent les bonnes raisons qu'invoquent Nagel et Donald Davidson (qu'il cite vers la fin de son article), quelles sont-elles ? Dire qu'on a de bonnes raisons de vouloir comprendre et expliquer un phénomène même si on en est incapable semble un peu vague, voire facile. Cependant, ce sont bien souvent ces bonnes raisons de vouloir expliquer et comprendre un phénomène qui nous ont conduits à l'analyser de près pour en saisir le pourquoi. Ainsi, l'idée que le mental soit lié physiquement au corps est de ce type : intuitive, si l'on peut dire (dans l'idée de la bonne raison qu'on aurait de s'y intéresser) et inexplicable dans les termes scientifiques actuels. [...]
[...] La conscience est immatérielle, et cela semble être le tout premier problème. Cet immatériel incompréhensible comme l'écrit Nagel, est un phénomène de la relation corps-esprit dont nous ignorons parfaitement la nature physique exacte. La présence en nous de la conscience rend pour l'auteur le problème à la fois insoluble et intéressant. Dans la définition de la conscience qu'il propose par la suite, Nagel admet tout d'abord qu'il est des cas d'êtres vivants où nous ne sommes même pas certains de la présence du phénomène de l'expérience consciente. [...]
[...] Il n'est donc même pas question de mauvaise volonté ou d'une mauvaise approche du problème qui nous éloigne de sa solution, mais d'une incapacité à le résoudre. La compréhension de l'état physique naturel du phénomène de l'expérience consciente nous échappe, car même si nous tentons de le décrire de manière objective, soit en omettant le point de vue subjectif de l'être, nous ne constatons qu'une certaine activité neuronale dans telle partie du cerveau : en rien cette explication ne peut satisfaire un quelconque chercheur. [...]
[...] La chauve-souris est donc idéalement lointaine et proche de nous. Ce que Nagel va par la suite essayer de déterminer, c'est s'il est possible d'accéder à la première personne à la vie intérieure de la chauve- souris autrement dit s'il est possible de trouver une méthode qui permette de savoir effectivement quel effet cela fait d'être une chauve- souris, pas vue de l'extérieur, à la troisième personne, mais depuis l'intérieur, depuis le point de vue subjonctif propre à la chauve-souris elle-même. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture