L'ouvrage étudié Souffrance En France, la banalisation de l'injustice sociale est écrit par Christophe Dejours, psychiatre et psychanalyste; il y développe une analyse des processus psychiques par la psychodynamique.
Il est spécialisé dans les pathologies liées au travail et aux relations dans le travail. Il nous expose la relation entre la souffrance et le travail et ses différentes formes (physiques et psychiques), ainsi que les violences qui en découlent.
Cet ouvrage mobilise les apports de la psychopathologie et de la psychodynamique pour rendre intelligible la mise en œuvre du « mal », ainsi que les travaux d'Hannah Arendt pour mettre en lumière sa « banalisation ». Actuellement pour Dejours, cette souffrance est générée par les nouvelles formes d'organisation du travail « Les nouvelles formes d'organisation du travail dont se nourrissent les systèmes de gouvernement néolibéral ont des effets dévastateurs sur notre sociétés entières ».
Cette souffrance est le fruit de divers mal-être ressentis au travail tels que : le sentiment d'incompétence, la non-reconnaissance, la peur, l'angoisse, etc. Le travail occupe une place importante dans notre société et est indispensable. Dans cette perspective, comprendre comment la mécanique du mal est acceptable est l'enjeu central dans l'analyse de C. Dejours.
[...] Dejours. L'expansion du mal Par le cynisme viril et la rationalité économiciste : Dans une perspective psychologique, l'expansion du mal peut être mise en lumière par le phénomène de virilité. Afin de conserver son statut et éviter une castration symbolique, un certain nombre d'hommes accepte d'endosser le sale boulot ».Cette volonté n'est pas de conquérir une fierté ou d'accroitre sa virilité, mais davantage un combat pour la conserver et protéger son identité sexuelle. Cette conduite n'abolit pas le sens morale, mais entretient un sentiment de souffrance, celle exercée sur autrui conjuguée au sentiment conscient de pratiqué le mal au nom d'une conservation identitaire. [...]
[...] En réalité ce système mesure le résultat du travail. Selon C.Dejours, il n'y pas de fatalité contrairement au discours dominant où le développement du néolibéralisme est naturel et irrémédiable. Bien au contraire, il évoque le travail comme étant aliénant dans un contexte particulier, mais également émancipateur[13]. Il propose par exemple de mettre un terme à l'évaluation individualisée des performances et à la qualité totale foncièrement scandaleuse. Redonner les lettres de noblesse au monde social dans l'entreprise De plus, ce système entraine une forte pression avec une création de pathologie, tout en détruisant la solidarité dans l'entreprise. [...]
[...] Savoir se dire ce qui rend la vie impossible, faire remonter les suggestions. De plus, il faudrait selon être plus attentif au psychologique, aux réactions pathologiques, aux réflexes de sauvegarde dans la vie de tous les jours dans les entreprises. Sans porter de jugement, mais juste à les aider à s'en sortir, afin qu'ils puissent y voir clair en eux-mêmes et dans leur situation. Conclusion L'organisation du travail produit une souffrance spécifique, qui pousse l'individu vers des pathologies mentales, mais aussi à subir cette souffrance sans protester, mais plutôt à l'accepter, tout en lui donnant un sens. [...]
[...] Ainsi, la mécanique de la violence insidieusement colportée par l'idéologie néolibérale est plausible dès lors que le mensonge est institué et la rationalisation du mal banalisée. Une organisation du travail rationnelle se préoccupe certes d'efficacité économique, mais elle ne peut nier le rôle central du monde social du travail C'est là tout l'enjeu de la question à savoir mettre sciemment au point un mensonge qui consisterait à nier le réel du travail[5] et de la souffrance entre ses rapports - c'est ce que l'auteur appelle la stratégie de la distorsion communicationnelle[6] Paradoxalement, les travailleurs contribuent également à alimenter ce mensonge par leur silence et l'acquiescement de pratique discursive jusqu'à l'imposition à tous d'une discipline qui consiste à défendre et soutenir les messages de propagande[7] Et par conséquent, on voit naître une rationalisation défense psychologique inhérente à la souffrance dont nous serions les bourreaux, mais également les victimes au point de perdre sa propre dignité De nos jours, il existe des contraintes à mal travaillé (sous effectifs, bureaucratie), renforcées par les conduites issues de la peur (rétention d'information, concurrence entre salariés, chacun-pour-soi ) qui poussent à bâcler, à tricher dans son travail. [...]
[...] Enrôler les braves gens n'est pas chose aisée, il faut du courage[10] Nous dit l'auteur, faire le mal cela peut-il être le signe d'une attitude courageuse ? C'est par l'intermédiaire de la peur, introduit manu militari au travail et l'intronisation du cynisme comme force de caractère[11], que les injustices sociales sont devenues monnaie courante. On doit prendre ces décisions abjectes, mais néanmoins rationnelles pour sauver la nation de la crise, pour éviter la concurrence De même pour justifier ce sale boulot il faut procéder à une sélection[12] Rigoureuse pour ne pas dire quasi scientifique : bilan de compétence, révision des qualifications, entretien annuel et notation sont au menu du dégraissage. [...]
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